La crise à l'IBGE

Image : Tomaz Silva/Agence Brésil
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Par JORGE LUIZ SOUTO MAIOR*

La position de la direction de l’IBGE dépasse toutes les limites de la légalité

1.

L'histoire du capitalisme est marquée par diverses formes de violence contre la classe ouvrière. Ce n’est pas quelque chose d’actuel, ni une caractéristique de partis politiques spécifiques. Les différences qui apparaissent occasionnellement ne sont que d'intensité. Je n’approfondirai pas ce sujet, car les faits historiques parlent d’eux-mêmes.

Face à la force de mobilisation de la classe ouvrière et surtout face à la nécessité de rétablir une certaine stabilité du système économique basé sur la production capitaliste, il y a eu cependant un moment où la classe dirigeante s'est vue contrainte de céder un peu. dans ses intérêts.

Pourtant, comme le prévient Bernard Edelman, on a assisté à l'émergence d'un « droit bourgeois du travailleur », car, bien que conquis par la classe ouvrière et servant à sa protection effective, les droits du travail ne brisent pas l'étape de l'exploitation capitaliste. , qui dépend de nombreuses formes de violence pour que soient maintenues les relations sur lesquelles elle repose.

Dans les conditions d’un fonctionnement idéalisé du capitalisme, l’objectif de la classe dirigeante capitaliste ne serait pas simplement d’anéantir la classe ouvrière, puisque, pour atteindre ses objectifs de profit, elle dépend de l’existence de la force de travail à exploiter. Il s’avère que, dans son fonctionnement réel, le capitalisme n’est pas vertueux mais plutôt autodestructeur de la vie sur Terre.

Ainsi, face à la baisse insistante des taux de profit et aux effets individualisés déterminés par une concurrence effrénée, la limite de la valeur de la force de travail, déterminée par les conditions de sa reproduction, est dépassée à plusieurs reprises, notamment à la périphérie du capital.

Le fait est que, pour suivre le chemin de la reproduction du capital et sans révéler la lutte des classes, la classe dominante, même en faisant certaines concessions, a utilisé des formes juridiques, pour que, sous l'apparence de la liberté contractuelle, la violence historique ne puisse pas se produire. On peut entrevoir les relations sociales dans lesquelles les relations sociales se sont concrètement constituées et, ainsi, abstraitement, elles se sont transformées en de simples relations juridiques.

Et, actuellement, le mouvement du capital international, pour contenir une énième de ses crises, implique de commettre la violence d'une exploitation accrue du travail, notamment dans les pays périphériques, avec l'ordre juridique étant, une fois de plus, à son service.

C’est ce qui explique, dans l’histoire récente du Brésil, la « réforme » du travail de 2017, la « réforme » de la sécurité sociale de 2019 et, plus actuellement, la réforme fiscale.

Même avec cette histoire de violence, du moins dans les pays dits « démocratiques », le droit de la classe ouvrière de s’organiser en syndicats est resté, dans une plus ou moins grande mesure, établi.

Dans la Constitution fédérale brésilienne, ce droit, dont le fondement est la non-intervention de l'État, est expressément garanti :

"Art. 8 Les associations professionnelles ou syndicales sont libres sous réserve :

I – la loi ne peut exiger l’autorisation de l’État pour la création d’un syndicat, sauf pour l’enregistrement auprès de l’organisme compétent, et il est interdit au Pouvoir Public d’intervenir et d’intervenir dans l’organisation syndicale ».

2.

Ainsi, il est vraiment effrayant, car dépassant toutes les limites de l'ordre bourgeois lui-même, que le travailleur, flirtant avec la menace fasciste toujours présente, lise la nouvelle selon laquelle la direction d'une entité publique, liée au gouvernement d'un groupe ouvrier 'Parti, a ordonné au syndicat des salariés de ce même organisme de changer de nom, en lui donnant un délai de 15 (quinze) jours pour ce faire.

L’« ordonnance » serait « fondée » sur un « avis juridique », dans lequel son prolateur « a découvert » que le « nom commercial » du syndicat ne correspond pas aux objectifs contenus dans les statuts du syndicat. Bref, les activités du syndicat ne se limitent pas aux intérêts des salariés de l'IBGE et, par conséquent, il ne pourrait pas avoir l'acronyme IBGE dans sa nomenclature.

C'est comme si l'auteur de l'avis avait découvert que « Casas Bahia » n'exerce pas ses activités uniquement à Bahia et que l'entreprise n'est pas un représentant de l'État de Bahia.

La découverte faite, dans le cas de l'ASSIBGE, est en fait assez tardive, puisque les associations de salariés des entités qui travaillent dans le même domaine que l'IBGE utilisent le sigle IBGE depuis 1947.

Et il convient de souligner qu’il s’agit d’une limite que le pouvoir économique n’a à aucun moment entendu dépasser, notamment parce qu’il s’agit d’une forme minimale de reconnaissance de l’interrelation entre capital et travail.

La position de la direction de l'IBGE dépasse toutes les limites de la légalité qui, comme nous l'avons dit, seraient déjà des éléments d'affirmation du pouvoir de soumission des travailleurs.

Il s'agit donc d'un mouvement qui cherche à nier l'existence même historique de l'organisation syndicale et même la relation même de l'Institut avec les salariés.

Et ce mouvement, tragiquement, s'explique par le contenu du même avis, dont l'origine est une réponse aux actions de la députée Sâmia Bonfim, qui, lors d'un événement promu par le syndicat des fonctionnaires, a remis en question l'utilisation du sigle IBGE+, comme le nom de la fondation privée créée pour fournir des services dans le même domaine que l'IBGE, mais dans le cadre du droit privé.

Dans l'avis, le prolateur nie toute irrégularité dans l'utilisation du nom IBGE+ et, de nulle part, sans aucune interpellation, il profite de l'occasion pour « découvrir » que le mauvais nom serait le nom commercial du syndicat, même s'il a existe depuis des décennies. Et, pire encore, sur cette base, la direction de l'Institut envoie une « notification » au syndicat, lui ordonnant de changer de nom dans un délai maximum de 15 (quinze) jours.

Il s’agit donc d’un acte administratif motivé par le petit sentiment de vengeance, en désaccord total, y compris avec l’art. 37 de la Constitution fédérale et qui, en outre, envahit le domaine judiciaire.

Si c’était dans un autre contexte politique, on dirait certainement que nous aurions atteint le stade explicite de l’autoritarisme fasciste.

Quoi qu’il en soit, il s’agit toujours d’un grave affront à l’ordre démocratique qui ne peut être simplement négligé, surtout à notre époque.
Il est donc nécessaire pour moi tous d'exprimer le rejet le plus véhément de cette violence explicite contre l'ASSIBGE, qui affecte directement la classe ouvrière dans son ensemble.

*Jorge Luiz Souto Maior est professeur de droit du travail à la faculté de droit de l'USP. Auteur, entre autres livres, de Dommage moral dans les relations de travail (Éditeurs de studio) [https://amzn.to/3LLdUnz]

Note


[1] Bernard Edelman La légalisation de la classe ouvrière. Coordonner. traduit par Marcus Orione. São Paulo : Boitempo, 2016, p. 14.


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