Par MANUEL DOMINGOS NETO*
En observant attentivement les déclarations du ministre, la dissonance de la Défense avec les orientations du gouvernement est devenue claire, révélant le manque de préparation de l'État à défendre la société brésilienne.
Lula considérait José Múcio Monteiro comme le plus habile des ministres de la Défense. Il faisait allusion à l'accomplissement du rôle qu'il lui avait assigné, celui de calmer l'agitation de la caserne.
Homme politique de droite, partisan de la dictature, défenseur des putschistes campés autour des casernes, jeûnant sur les affaires départementales, José Múcio Monteiro s'est engagé à démontrer aux commandants la bonne volonté du président envers les rangs. Il n’a pas réellement assumé le poste auquel il avait droit, celui de formulateur et de moteur des politiques publiques : il a agi comme porte-parole des entreprises.
Cette semaine, José Múcio Monteiro a désapprouvé la politique étrangère de Lula car elle porterait préjudice à la Défense. Il a réagi à la décision présidentielle de suspendre provisoirement l'achat de matériel d'artillerie à la société Elbit Systems, basée en Israël. Il a insinué, de manière attrayante, que cette position serait discriminatoire à l'égard du « peuple juif ».
Depuis quand la Défense peut-elle prévaloir sur la politique étrangère ? La force militaire existe pour soutenir les décisions prises par le chef de l’État.
Pour être efficace, la défense nationale devrait être combinée à diverses fonctions publiques. En termes d'ampleur et de complexité, la défense n'a peut-être d'égale que la politique culturelle, qui répond en grande partie à l'amour-propre d'une communauté vaste et diversifiée. La défense ne doit pas être dirigée par des commandants guidés par les préjugés des entreprises.
José Múcio Monteiro estime que la diplomatie doit être subordonnée à la caserne. Cela constitue ainsi un affront pour le chef de l'État, qui définit la politique étrangère.
Le ministre a exprimé le mécontentement des officiers consacrés, depuis des années, à la préparation de l'appel d'offres qui a abouti au choix de l'obusier Atmos 155/52, monté sur un véhicule tchèque et capable d'utiliser des munitions produites par les pays de l'OTAN.
La société brésilienne Ares Aeroespacial e Defesa a été définie comme assembleur des pièces et responsable de la maintenance technique.
Lors de la préparation de l'achat de l'obusier, l'armée n'a pas pris en compte la possibilité que le Brésil se désengage du projet militaire commandé par Washington. Depuis la Seconde Guerre mondiale, la défense brésilienne n’a jamais été objectivement conçue pour opérer en dehors du cadre de l’OTAN.
Les commandos ont toujours défendu une exemption idéologique fantaisiste. Ils s’imaginent porteurs d’une rationalité technique réfractaire aux passions, jugées abominables. Ils ont incorporé un discours conservateur, utilisant le terme « idéologie » pour marquer les propositions établies dans la Constitution et dans la législation internationale approuvée par l’État brésilien.
Négocier des armes avec des belligérants est toujours une décision stratégique idéologiquement fondée. Une position inappropriée serait de renforcer l'industrie de guerre israélienne et d'envoyer une aide humanitaire à ses victimes.
L'État israélien est accusé d'un crime odieux. Craignant des poursuites devant la Cour internationale, l’Allemagne a récemment suspendu les ventes de matériel de guerre à Israël. Le commerce des armes avec Tel-Aviv contribue à accroître la mare de sang.
En fait, les obusiers proposés reçoivent des composants de différents pays. Ce ne sont pas des armes purement israéliennes. En Occident, l’industrie de l’armement est fortement internationalisée. L'avion cargo Embraer C-390 Millennium, fierté nationale, utilise des composants provenant de plusieurs pays, dont Israël.
La décision concernant les achats de matériel de guerre est essentiellement politique. Il ne peut jamais être résumé à un examen dit technique. Cela implique de définir des alliés stratégiques. Personne ne négocie des armes avec des ennemis potentiels. L'achat supprime la capacité de décision du client et pourrait s'avérer inutile en raison de problèmes de maintenance.
Je répète ce que j'ai écrit à plusieurs reprises : l'acheteur d'armes étrangères vend son âme au diable. C'est Machiavel qui fut le premier à montrer la fragilité du Prince équipé d'armes étrangères.
La manifestation de José Múcio Monteiro s'est heurtée aux orientations de Lula, qui condamne le massacre des Palestiniens à Gaza et la bestialité du gouvernement israélien au Liban. Tel Aviv a classé Lula comme «persona non grata». Si Lula soutenait l’achat des obusiers, ce serait pour le moins un manque de respect pour la dignité brésilienne. La déclaration de José Múcio Monteiro est donc absurde.
Compte tenu du désalignement explicite du ministre, certains pensent que le président devrait le licencier. Ce serait un message fort adressé aux entreprises et, pour être cohérents, une révision de la défense nationale serait nécessaire, ce qui est loin de leurs intentions.
À juste titre, beaucoup ont été indignés par les propos de José Múcio Monteiro, qui a également critiqué les prescriptions constitutionnelles concernant la protection des peuples autochtones.
En observant attentivement les déclarations du ministre, la dissonance de la Défense avec les directives du gouvernement est devenue évidente. La gravité de ce désaccord s’accroît en raison du climat de guerre qui prévaut sur la scène internationale. Cela révèle le manque de préparation de l'État pour défendre la société brésilienne.
* Manuel Domingos Neto Il est professeur à la retraite de l'UFC et ancien président de l'Association brésilienne d'études de défense (ABED). Auteur, entre autres livres Que faire des militaires — Notes pour une nouvelle Défense nationale (Meuble de lecture) [https://amzn.to/3URM7ai]
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