Par RICARDO MANOEL DE OLIVEIRA MORAIS*
Alors que les hautes autorités défendent l'inexistence du racisme, revoir notre histoire s'impose
Chaque année, nous nous souvenons d'une étape importante dans laquelle la supposée abolition de l'esclavage par la loi 3.353 du 13 mai 1888, connu sous le nom de Lei Áurea. Je précise que je ne parlerai pas des mouvements qui l'ont précédé ni de tous ceux qui se sont sacrifiés pour que l'esclavage ait une « fin ». Ce que je voudrais faire, c'est réfléchir sur la « légalité » de l'esclavage entre 1822 et 1888. Face à de tels revers, avec de hautes autorités défendant l'inexistence du racisme au Brésil, jouant avec des questions comme le « blanchiment racial » et la naturalisation du travail l'enfance, revoir notre histoire est un impératif qui se pose.
Mais d'abord, je trouve intéressant de regarder notre vice-prince. Il y a quelques mois, il a prononcé un discours à la Chambre des députés soulignant, grâce à une immunité parlementaire ironiquement républicaine (immunité liée à la liberté d'expression), que l'esclavage fait partie de la nature humaine. Je n'ai pas l'intention de discuter de la nature humaine. Je crois que c'est l'affaire des Princes. Je voudrais juste souligner le cynisme de quelqu'un qui a été membre du parti NOVO (bien sûr, rien de plus nouveau que le monarchisme) entre 2015 et 2018 et qui est prêt à être un membre du Congrès monarchiste dans une République (du moins c'est ce qu'ils dire). Hasard? Je ne pense pas.
Dans le contexte de l'indépendance du Brésil, les Britanniques ont imposé l'abolition de l'esclavage comme condition à la reconnaissance de la colonie portugaise en tant que pays indépendant. Bientôt, le Projeto de Brasil (il n'était toujours pas écrit avec un Z - il contient de l'ironie) a pris l'engagement qu'il ne deviendrait le Brésil que s'il n'y avait pas d'esclavage. En d'autres termes, le Projeto de Brasil a signé un traité plus de 60 ans avant les Lei Áurea avec la puissance économique et militaire du XIXe siècle disant qu'il n'y aurait pas d'esclavage au Brésil.
D'ailleurs, dans la Constitution de 1824, il n'y a aucune mention de l'esclavage. Au contraire, il précise que tout le monde est égal et ne fait aucune distinction de couleur ou de race (je suggère de lire son article 179). On comprend alors non seulement d'où vient le cynisme de notre Vice-Prince Prince dans la république et défenseur d'une « nouvelle politique », mais aussi pourquoi le Brésil n'a pas laissé réussir le Projet du Brésil. Et la question qui se pose est le doute que j'ai toujours eu : si l'esclavage au Brésil n'a jamais été autorisé, comment une loi pourrait-elle l'interdire ?
Je ne pouvais pas répondre à cette question. Non sans le cynisme de notre Vice-Prince (ou serait-il Prince Député ?) ou de notre vice-bolsonariste « sensé ». Je pense que c'est comme un projet anti-crime. Si le crime est interdit, pourquoi un projet anti-crime ? Alors je demande encore une fois : si l'esclavage n'a jamais été autorisé, comment pourrait-il être interdit ? Questions de la plus haute enquête.
On pourrait, ici, dire que le crime n'était pas interdit aux agents de l'Etat pendant le Régime d'Exception Militaire. On pourrait aussi rappeler les crimes commis par un ancien juge brésilien, protagoniste du projet qui interdit les crimes (voir article 10 de la loi sur l'interception téléphonique. Mais, comme on dit, le principe de non-rétroactivité). On pourrait aussi retenir les louanges que M. Sensato a fait à un tortionnaire reconnu. Tout cela en dit long sur une loi qui interdit ce qui n'a jamais été permis.
Cela dit, c'est avec un certain cynisme que je dis que, dans notre pays, l'esclavage n'a jamais été légalisé. Au contraire, nous avons vécu des décennies de trafic délibéré de personnes qui attendaient un minimum de reconnaissance de droits (juste préciser que je ne parle pas d'aujourd'hui). Cela montre à quel point brutal et denier C'est l'État brésilien. Pour les Anglais (d'où l'expression « for the English to see »), il n'y a jamais eu d'esclavage au Brésil, tout comme pour le Gouvernement, il n'y a jamais eu de pandémie ni de racisme.
* Ricardo Manoel de Oliveira Morais Il est titulaire d'un doctorat en droit politique de l'UFMG.