L'Europe se prépare à la guerre

Image : Projet RDNE Stock
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Par FLAVIO AGUIAR*

Chaque fois que les pays d’Europe se préparaient à la guerre, la guerre éclatait. Et ce continent a donné lieu à deux guerres qui, tout au long de l’histoire de l’humanité, ont mérité le triste titre de « guerres mondiales ».

Des signaux de fumée pointent à l’horizon indiquant que les pays européens se préparent à la guerre. Quelle guerre ? Contre la Russie.

Prenons l’exemple de l’Allemagne.

Premier exemple : Volkswagen, une entreprise liée à l'identité nationale allemande depuis près d'un siècle, va fermer trois de ses usines, en raison de la crise économique qui ravage le pays et le continent. Mais il y a une entreprise intéressée à acheter les trois. Lequel? Rheinmetall, l'un des principaux producteurs d'armes en Allemagne. Pourquoi? Car ses dirigeants prévoient une marge bénéficiaire considérable, grâce à l'annonce de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, que l'Union investira 800 milliards d'euros dans l'armement pour accroître la défense du continent.

Exemple 2 : paradoxalement, le directeur d'une des agences de renseignement allemandes, Bruno Kahl, du Bundesnachrichtendienst, a déclaré, dans une interview à Deutsche Welle, le 03/03/2025, inquiétude quant à la possibilité que la guerre en Ukraine connaisse une « fin rapide ». Pourquoi? Selon lui, cela permettrait à la Russie de menacer le reste de l’Europe avant 2029 ou 2030, c’est-à-dire avant que les autres pays du continent ne soient prêts à affronter « l’ennemi ». La déclaration, qui a provoqué l'indignation à Kiev, montre qu'il existe une stratégie réfléchie concernant la possibilité et la prédiction d'une guerre.

Et l’industrie de guerre apparaît comme l’un des vecteurs les plus importants de la reprise économique de l’Allemagne et du continent.

L’Allemagne se classe au cinquième rang des plus grands exportateurs d’armes au monde. Il s'agit, par ordre croissant, selon l'Institut international de recherche sur la paix, basé à Stockholm : d'Israël, de la Corée du Sud, de l'Espagne, du Royaume-Uni, de l'Allemagne, de la Chine, de la France et de la Russie, pratiquement à égalité, ainsi que des États-Unis.

Il existe deux énormes différences entre ces pays. Premièrement : d’Israël à la Chine, la part en pourcentage des exportations mondiales d’armes est à un chiffre, de 1 à 5 %. Avec la Russie et la France, l'indice bondit, à 10,5 et 10,9% respectivement, la France dépassant la Russie car ses exportations ont chuté, grâce à la guerre avec l'Ukraine et les alliés qui la soutiennent.

Avec les États-Unis, le bond est encore plus grand : leur part du marché mondial est de 40 %.

Deuxième divergence : au cours des dix dernières années, la valeur de ces exportations a diminué dans huit des dix pays. Les deux principales exceptions sont la France et les États-Unis. Dans ces cas, l’augmentation a été de 24 %.

Parmi les 100 plus grandes entreprises d'armement privées, 41 sont américaines et 27 européennes, hors Russie, qui ne compte que 2 entreprises parmi elles.

En inversant la perspective, on constate que le pays qui importe le plus d’armes au monde est l’Ukraine, avec près de 9% du secteur. Et ses principaux fournisseurs sont les États-Unis, l’Allemagne et la Pologne.

Il convient de noter un fait intéressant : aucun pays d’Amérique latine ne figure parmi les principaux exportateurs ou importateurs d’armes.

Ces chiffres montrent que, comme par le passé, la guerre ou la perspective d’une guerre reste malheureusement une bonne affaire pour conjurer le spectre des récessions économiques pour ceux qui produisent des armes, et non pour ceux qui en subissent les effets.

Comme je l’ai dit au début, des signaux de fumée pointent à l’horizon vers la guerre. Il est connu que là où il y a de la fumée, il y a du feu. Chaque fois que les pays d’Europe se préparaient à la guerre, la guerre éclatait. Et ce continent a donné lieu aux deux guerres qui, tout au long de l’histoire de l’humanité, ont mérité le triste titre de « guerres mondiales ».

* Flavio Aguiar, journaliste et écrivain, est professeur à la retraite de littérature brésilienne à l'USP. Auteur, entre autres livres, de Chroniques du monde à l'envers (Boitetemps) [https://amzn.to/48UDikx]

Initialement publié le Radio France Internationale (Brésil)


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