La grève néolibérale de la fourrure à l’USP

Image : Tom Fisk
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Par RUBENS RUSOMANNO RICCIARDI*

Nous ne pouvons ignorer la force des groupes qui cherchent à privatiser l'USP, ainsi que l'action clandestine de leurs représentants.

Nous savons, à la lecture des classiques, que les intentions des puissants, à chaque époque, sont aussi les pensées dominantes de la société tout entière : la classe, qui détient le pouvoir matériel des moyens de production – ou est aujourd'hui au sommet de la société. la pyramide de la financiarisation rentière (et improductive) – domine également la sphère intellectuelle, déterminant la conscience des gens.

Depuis le dernier quart du XXe siècle, avec la triade Augusto Pinochet, Margaret Thatcher et Ronald Reagan, le privatisme néolibéral est la pensée dominante. On ne pense plus à la lutte des classes, à l’égalité ou au bien commun, mais plutôt à la diversité de l’entrepreneuriat individuel – aboutissant à une pseudo-citoyenneté réductrice du travail précaire. Ainsi, nous devons nous rappeler qu’un concept essentiel en tant que problème dans la lutte politique des décennies précédant le néolibéralisme, comme c’est le cas de la peau, est également solennellement oublié. N'y a-t-il plus de silex à notre époque ? Ou bien la compréhension de sa signification n’a-t-elle aucun rapport avec la doctrine néolibérale ?

A l'origine, une peau était un morceau de laine placé sur la selle entre le cavalier et le cheval, qui assurait une balade plus confortable. Au milieu du XXe siècle, la métaphore fait son apparition : le terme pelego commence à désigner un dirigeant syndical au service des puissants voire considéré comme un traître envers les travailleurs. Plusieurs collègues de l'USP ont déjà démontré, dans leurs récents articles, que cette grève est un coup dans le pied.

Je me permets d’aller plus loin : il faut insérer dans l’épisode la condition de l’écorcheur – il s’agit en fait d’une nouvelle apparition : celle du skinman néolibéral. Nous savons qu’il existe des partis clandestins au Congrès et au Sénat, qui rassemblent des députés et des sénateurs issus des groupes partis les plus divers, mais qui servent les intérêts de groupes spécifiques dans le contexte néolibéral. On ne peut donc ignorer la force des groupes qui cherchent à privatiser l'USP, ainsi que l'action clandestine de leurs représentants – ne seraient-ils pas eux aussi déjà infiltrés au sein du personnel de l'USP ?

Il est clair que l'USP doit résoudre le manque d'enseignants dans les anciens cours, ainsi que revoir le processus d'installation interrompu dans certains nouveaux cours. Néanmoins, à l’USP, il existe des mécanismes de représentation et de large participation, qui peuvent et doivent être utilisés pour formuler des revendications. A vrai dire, le dialogue n'a jamais été entravé par le Presbytère actuel. L’attitude sectaire de la grève – qui ne devrait être adoptée que dans des cas extrêmes, par exemple lorsque le dialogue a cessé – n’est en aucun cas justifiée : il s’agit plutôt d’une réaction disproportionnée et violente.

Sans surprise, cette abstraction trompeuse de l’histoire appartient à la position du poilu : il prétend être de gauche, mais en fait il est de droite. La fureur néolibérale, en revanche, apparaît comme une sorte de rempart moral de bonnes coutumes identitaires, même si elle sert aussi à la destruction de l’État social. Cependant, son degré de civisme est une tromperie : sa truculence le rapproche du fascisme – on sait que néolibéralisme et fascisme vont de pair comme des poules dans la basse-cour (n’en déplaise à toutes les poules).

La stratégie évidente consiste à nuire à l'image de l'USP – cela équivaut même à du sabotage. Cette peau néolibérale prétend se battre pour l’USP, mais en coulisses, elle favorise le mouvement pour sa privatisation – ils sont au service des grands seigneurs du marché de l’éducation. Enfin, on sait que le marché néolibéral privilégie l’enseignement à distance, sans enseignants ni recherche, sans esprit critique ni potentiel de transformation. Ce n’est pas ce que nous souhaitons pour l’USP, surtout dans cette situation néolibérale hostile aux arts, aux sciences et à la philosophie.

Le moment n’est pas celui de la discorde, mais plutôt celui d’une union essentielle d’uspiens pour la défense d’une université publique, gratuite, pour tous et opérant dans tous les domaines du savoir.

*Rubens Russomanno Ricciardi Il est professeur au Département de Musique de la FFCLRP-USP.


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