Par AIRTON PASCHOA*
Commentaire sur le livre de Clarice Lispector et le film de Suzana Amaral
A l'époque de la littérature brutaliste et hypermimétique, Ecrit et/ou interprété par toutes sortes de personnes défavorisées, il vaut la peine de revisiter une expérience esthétique hors du commun. Le dernier livre de Clarice, publié en 1977, L'heure de l'étoile doit ravir les sémioticiens, ceux qui n'en voient qu'à moitié... que de métalangage ! Il convient cependant de méditer, qu'ils soient conscients ou non, les choix les plus décisifs de l'écrivain, qui donnent à l'exhibition des ressources littéraires, à la conscience aiguë du faire poétique, etc., etc., son sens politique le plus profond.
On imagine ce que certaines exigences, parfois plus ou moins voilées, ont pu coûter à Clarice, sa littérature élitiste, aliénée, psychologique, intime, métaphysique ou autre, gorgée de « sensations sans nom », par rapport à la littérature la plus militante des années 30, 40, 50, 60, 70, de toute sa vie littéraire, en tout cas. Sa réponse, au dire de tous, n'aurait pas pu être plus exemplaire.
Par elle on semble toucher aux limites de la littérature (Littérature ? avec une majuscule ?), de cette activité, pour beaucoup de braves gens, définitivement dépassée (hélas pour nous !), du moins dans les cadres classiques (conservateurs ?), non seulement au Brésil mais aussi dans le monde (au sens : le monde qui importe et exporte culturellement vers le pays).
Faisons maintenant, faisons un effort, un exercice de remontée dans le temps, d'imagination historique. Nous sommes en 1977, la dictature militaire se meurt, ce qui a sans doute étranglé notre plus grande possibilité de retournement, mais nous restons optimistes, c'est toujours avec espoir qu'une dictature émerge, le mouvement étudiant ressuscite, les mouvements populaires grandissent, bientôt ils entrent la scène les travailleurs; l'industrie culturelle du pays n'est pas tout à fait naissante, mais elle n'a pas non plus encore donné la mesure de sa puissance dévastatrice ; Clarice vivante, Drummond et Cabral toujours vivants, Bandeira et Rosa morts il y a à peine une décennie, le bastion de la « haute littérature » survit indemne pour le moment.
La pauvreté, eh bien, la pauvreté n'a pas encore donné la mesure de sa nouveauté, articulée qu'elle est à l'horizon qui s'ouvre (?!), qui déchire le petit écran national, mais elle est aussi loin d'être nouvelle, on le sait. Nous le connaissons tous dans une certaine mesure, étant donné qu'il façonne notre sensibilité historique la plus profonde ; vécue ou imaginée, redoutée ou vaincue, méprisée ou appréciée, louée ou haïe, la plupart vivent avec elle au quotidien, que ce soit en passant, dans les phares de la vie, que ce soit sous forme de servitude domestique, enterrée dans nos foyers comme une éternelle rappel de notre part de l'iniquité sociale généralisée.
C'est à cette pauvreté, pour ainsi dire anodine, que Clarice va s'occuper. Le thème, lorsqu'il est traité avec honnêteté, n'a jamais été facile, et l'écrivain est pleinement conscient de ses difficultés ; authentique champ de mines, ce n'est pas pour rien qu'elle fait surgir partout, dans son enquête téméraire du terrain, les innombrables éclairs de (explosion). Témoin de la guerre sans trêve, au point d'entendre même le roulement de tambour martial, il est le narrateur, le théâtre d'une véritable lutte de classe littéraire dans son aventure tourmentée pour comprendre la vie macabéenne.
Y avait-il une autre pauvreté ? Bien sûr il y avait, actifs, revendicatifs, « collectifs », et bien sûr Clarice connaissait la violence et ses charmes littéraires. Mais l'écrivain, méfiant peut-être de la séduction du sang, opta pour Macabéa, pauvre, pauvre, incapable de tuer une mouche, pauvre. Si impuissant et touchant (irritant ?), soit dit en passant, il est émouvant de voir, près de dix ans plus tard, le beau film de Suzana Amaral, de 1985, traitant de la racheter de sa condition inhumaine, en accentuant — en éliminant le narrateur problématique du livre — le processus de formation de l'identité d'une Macabéa qui n'a pas eu le temps de s'accomplir, sauf dans la dernière scène, façon Hollywood, comme dans l'imaginaire souffrant du spectateur, au diapason de notre désir le plus intime , tant le destin du personnage du roman (feuilleton ?) est insupportable.
Pour se rattraper un peu peut-être, peut-être par solidarité de genre, le film a perpétré une enviable (féministe ?), ainsi que son projet politique, représenter dans son pays d'origine. Il l'a laissé seul sur le banc public, dans une scène mémorable, assis et désolé à côté du chien en peluche inutile... pour qu'il arrête d'être un canaille, une canaille, un sexiste, un fils de pute !
Cela ne veut pas dire, bien sûr, qu'il n'y a pas de violence dans le livre. Pourrait-il y avoir une mort plus violente que celle de Maca ? C'est l'heure de la mort, son moment de célébrité, quand il débute son seul et dernier moment d'attention publique, piétiné qu'il était, ironie suprême, par l'étoile de Mercedes. Y avait-il donc une vie plus violente, plus violée que celle de Macabéa ?
Ce que l'écrivain a fait, c'est échapper au rapport immédiat entre marginalité et violence, qu'après tout on peut finir par déplorer et regretter, mais que faire ? Il peut s'agir de la sécurité publique, à droite, ou de la répartition des revenus, à gauche (ou vice versa, Dieu sait, que nous professons désormais tous être sous le même Ordre, champions que nous sommes de la rationalité de l'irrationalité économique ). Le choix de Clarice lui a non seulement permis d'échapper à la violence, mais l'a aussi amenée à la situer dans l'ordre même du quotidien, de la normalité nationale. En un mot, la violence censée provoquer l'indignation, la révolte publique (populaire ?), n'est autre que la vie macabéenne elle-même. Et la figure de Marcélia Cartaxo, interprétant le personnage, est tout simplement impérissable.
Mais les raffinés objecteront avec raison qu'on ne peut pas dire oh dans la vie ! que Macabéa n'existe pas, c'est un personnage de fiction… En effet, l'écrivaine tient à révéler le processus de formation du livre, les va-et-vient, les décisions et indécisions dans l'élaboration d'une œuvre littéraire, et elle le fait ouvertement que… L'exhibitionnisme ? Virtuose sclérosé ?
Tout y est inventé, de la fin au début, à commencer par le titre. Connu pourtant par un, qui n'est même pas le premier, l'écrivain en énumère douze autres, au goût du client : « c'est ma faute ou l'heure de la star ou elle se fixe ou le droit de pleurer ou sur l'avenir ou le regret d'un bleu ou elle ne sait pas comment crier ou un sentiment de perte ou de sifflement dans le vent noir ou je ne peux rien faire ou enregistrer des faits de fond ou une histoire larmoyante de cordel ou une sortie discrète par la porte arrière ». Quant à l'avenir, la même indécision, qui est longuement réfléchie, soupçonnée, mais l'issue n'est pas définitivement tirée, même s'il reste à planer, une étoile noire, au-dessus de la tête de Maca.
Dans un livre si effrontément inventé, certaines choses pouvaient évidemment passer inaperçues… Pourquoi inventer, par exemple, une occupation aussi improbable (en termes de durée, du moins) avec la caractérisation du personnage lui-même ? Une dactylographe, avouons-le, si l'on sait tous que Macabéa, comme on dit, était au mieux une femme de ménage ! Pourquoi inventer un narrateur masculin si peu différencié de ses homologues féminins ? Rodrigo SM (Votre Majesté ?) est si clair comme narrateur qu'on pourrait en rester là sans se rendre compte de la raison précise d'un tel choix. ex machina. Comment alors comprendre certains « défauts » du grand écrivain ?
Au grand dam des formalistes, le dépouillement des procédés littéraires, de bout en bout, à commencer par les noms alternatifs du livre, sans oublier ceux des personnages, si allégoriques, symboliques et apostoliques ! passant par la création d'un narrateur masculin (éloigné de l'auteur, en théorie, de son personne littéraire, mais dont l'artificialité contribue à exposer le sens politique de l'ouverture littéraire), en passant par la création d'un personnage qui se devine, tâtonnant dans le noir, comme se modelant à partir de la boue que l'on pétrit, en passant par la création précaire de une intrigue minimale, ou mieux peut-être, par la création minimale d'une intrigue précaire, jusqu'à atteindre une fin dont l'ironie suprême donne la mesure de son succès, — l'exhibition éhontée du faire littéraire, en somme, a un nom, oui, et elle n'est pas métalangage, non, ni congénères.
Son nom est simple : honnêteté. Gars? récit? littéraire? politique? idéologique? Absolu. Une honnêteté si exemplaire qu'elle fait trembler les écrivains de gauche les plus bien intentionnés et les plus doués à leurs fondations ou dans leurs tombes. Et pas seulement en thématisant la pauvreté du peuple brésilien, mais en abordant, en tant que narrateur d'une classe privilégiée, les apories de ceux qui se proposent honnêtement à l'entreprise, car comment le faire honnêtement, étant d'une autre classe, d'une autre culture , une autre vie , autre tout ? Ainsi, le retard du narrateur, le retard à commencer, le retard à continuer, le retard à finir n'ont rien à voir avec la technique du suspense littéraire, mais avec l'incorporation de toutes les contraintes liées à la création d'un monde à son étranger.
Montrer ici qu'un livre est un livre, qu'il peut avoir un titre, plusieurs, une douzaine, qu'il a un narrateur visiblement construit, qu'il a un protagoniste visiblement construit, qui a des décisions et des indécisions de bout en bout, — montrer un livre en élaboration, le montrer peu à peu se faisant sous nos yeux, apporte une leçon des plus fructueuses. Si le but de l'écrivain, voilé ou non, était de répondre aux demandes de ses pairs plus progressistes, sa réponse n'aurait pas pu être plus complète - un livre est un livre.
La conclusion donne évidemment matière à réflexion. Car le révéler avec tant d'honnêteté — au sens le plus élevé du terme, touche aux limites de l'activité littéraire elle-même, dont la force et la faiblesse sont ici à la fracture exposée. C'est-à-dire que Macabéa n'existe pas, mais depuis il y a eu beaucoup de Macabéa, comme il y a eu et il y a tant de Severinos. Le pouvoir de la littérature est indéniable. Sa force ne cache cependant pas sa faiblesse. Aussi chef-d'œuvre qu'il soit, un livre ne peut pas changer notre réalité historique. Le mot vient de quelqu'un qui a passé sa vie avec une machine à écrire sur les genoux, tapant, salissant le papier avec ses impressions… comme Maca.
"Dactylographes" tous les deux ? et les deux marginaux ? La démagogie de Clarice l'approche ? Non. Mal à l'aise pourtant, l'écrivain savait que, selon le degré de privation, le confort varie à la périphérie de la périphérie, qu'il existe à la fois des marges plus agréables et des marges absurdement étroites, sans préjudice toutefois d'être facilement disponible dans un ordre mondial de tout étranger à la volonté humaine.
Mais la « haute littérature » aurait bien quelque chose à enseigner – aujourd'hui ! avec cette vie de Macabéa, si inodore, si insipide, si terne, malgré tout ce qu'on rit de Maca et de ses béatices ?
Certains, plus raffinés encore, m'objecteront peut-être à juste titre que ce n'est pas la littérature qui a changé, c'est la pauvreté, et c'était le pays, et c'était le capitalisme, conscients que la littérature et la société se combattent jusqu'à la mort. Que c'est la littérature qui a finalement été changée... Ah, le bon temps quand il y avait des Macabéas ! les bons moments où les pauvres mangeaient plus ou moins ce que mangeaient les riches, où les pauvres portaient plus ou moins ce que portaient les riches ! Bon temps où les pauvres assimilaient plus ou moins les riches !
Avec le pays désintégré aujourd'hui avec l'internationalisation accélérée du capital, le lent processus de construction et d'intégration nationale a interrompu, comme dirait Celso Furtado, les pauvres, si éloignés des riches, et les riches, si expatriés aujourd'hui, cosmopolitisés qu'ils sont au aux dépens de la haute consommation — les nouveaux pauvres et les nouveaux riches ne peuvent plus se reconnaître, complètement inconnus l'un de l'autre. Dans de tels cas, d'ignorance mutuelle, comme trouver étrange que la bonne tranche la tête de la maîtresse, comme cela arrive presque après la Chroniquement irréalisable, le film réalisé par Sérgio Bianchi ? En raison de la quasi-impossibilité d'une reconnaissance humaine minimale, la violence en cours dans le pays est pleinement justifiée.
Tout se passe comme si les nouveaux pauvres, contrairement à l'ancêtre (disparu ?) de nos romantiques, de nos modernistes, de nos communistes, de nos populistes, n'avaient plus que l'expropriation violente des biens de consommation, inaccessible malgré le bombardement médiatique, dont la société contemporaine nous invite hypocritement, sadiquement.
Cela dit, la littérature conséquente n'aurait aussi qu'à suivre le changement, — un changement d'une telle ampleur qu'il amène le critique José Antônio Pasta à parler, au lieu de forme, de « formatativité », pour tenter de rendre compte des expériences littéraires les plus représentatives en cours dans le pays, sous l'empire de l'industrie culturelle. Le concept (plastique ?), remarquable à plusieurs égards, cherche à élucider, par exemple, comment La Cité de Dieu, de Paulo Lins, peut être reformatée ou jouée, sans aucune déconsidération, dans une nouvelle version revue et réduite… au grand dam des jeunes conservateurs.
La vérité mise à part, et la narcommédia éclaire avec une clarté aveuglante l'image et le mirage des nouveaux pauvres, réfractaires à tout romantisme ou folklorisme résistant, je crois que l'heure des étoiles il nous enseigne encore une nouvelle leçon. Le véritable thème du livre n'est pas la pauvreté, ni les pauvres. Le thème, on le sait, est dans le rapport, très compliqué, comme en témoigne le narrateur, que nous entretenons avec notre misère séculaire, plus précisément — dans la réaction de la littérature, et de toute sa tradition humanisante (d'enseigner comme la vie enseigne, avec sa lumière et ses ténèbres, selon les mots du Critique), dans la réaction même de la « haute littérature » face à la condition la plus basse à laquelle l'homme puisse être soumis.
La relation est extrêmement compliquée, car, après tout, Dieu nous en préserve et nous garde, nous aurions pu naître Macabéa... Ainsi, il faut concéder qu'elle est loin, dans sa condition humaine, inhumaine, sous-humaine, quelle qu'elle soit, des lettrés, et en même temps proche, si proche, comme l'indique exemplairement le livre, qu'on peut l'étudier ... en nous, en tant que bonne création littéraire qu'elle est, crédible jusqu'au dernier poil pubien, n'est-ce pas ?
Il va sans dire que c'est nous autres, que c'est la littérature qui l'humanise (dans une certaine mesure, bien sûr, que nous ne sommes pas fous de la concevoir entièrement à notre image et ressemblance), en lui reconnaissant un signe humain indubitable , "la seule marque véhémente de son existence", "le sexe petit mais inopinément couvert d'épais et abondants poils noirs". L'autre étoile, dont l'heure n'a pas encore sonné, il en restait là, à ceux qui savaient le voir et l'entendre, ne demandant pas, de son noyau affamé, mais « exigeant »… Complément, besoin ? Dans un seul rayon, nous passons d'une reconnaissance faible à élevée. Soi? Macabées comme nous tous ? Nouvelle démagogie ? Non. Peut-être l'écrivain avertissait-il simplement que, la privation humaine étant une question de degré, non seulement le soleil ne brille pas pour tout le monde, mais il est encore loin de briller dans toute sa splendeur même pour l'heureuse minorité.
C'est en quelque sorte, au mépris de notre probable idéalisme, ce qui conduit Roberto Schwarz à défendre inconditionnellement, sans entrer dans les mérites de la qualité littéraire, la présence du lyrisme dans La Cité de Dieu. Dans ce « lyrisme improbable », capable de déplacer le lourd discours de classe de l'enquête sociale qui est à l'origine du roman, brille en quelque sorte l'irréductible humanité qui nous unit tous dans ce courant collectif dont parle le philosophe.
Même le film — quelle que soit l'éventuelle efficacité esthétique de l'expédient, qui cherche à traduire à sa manière l'insolence poétique du livre — même s'il aspire, par l'introduction d'un narrateur bon enfant, à un lien de communion avec l'humanité des « bêtes en liberté ». Rien de tel que quelqu'un qui a les pieds dans deux mondes pour servir de pont, le plus pénien, le plus humain, comme le prouve le sympathique et remuant Busca-Pé.
Le thème — littéraire, il faut le répéter — n'obscurcit pas la barbarie. Il l'accentue plutôt, en montrant la littérature telle qu'elle est, sans fard : un document de culture et de culpabilité originelle. Sans une telle profession de foi esthétique, semble insinuer le livre, pariant sur des vases communicants, aussi intouchables soient-ils, nous serions condamnés — si je puis actualiser la discussion — à patauger dans des mondes de plus en plus disparates, à nous heurter des tas et encore des tas d'îles, et finissent par admettre le multiculturalisme comme l'expression maximale du temps, chacun parlant de son îlot, ou se taisant, et c'est tout.
Il se peut, en effet, que le temps de la « haute littérature » soit révolu et beaucoup plus long qu'on ne le pense, et que ces mots soient ironiquement forgés. en mémoire meam. Ecrasé par l'histoire, la littérature m'est légère, je frissonne sur la place publique... Mais, comme un bon mourant, je n'ai pu éviter les derniers mots.
un grand livre, l'heure des étoiles, plein de leçons, et la plus grande leçon, qui est un livre, un grand livre, le plus simple, un livre, le plus élevé, un grand livre, un livre.
Je veux dire alors, les grossiers peuvent-ils objecter que tout ceci n'est que littérature ? qui n'est rien d'autre que des livres, de simples livres, et des livres en marge, le filon le plus précieux du patrimoine culturel de l'Humanité ?
Eh bien, tant qu'on aura une gauche affligée de bêtise parlementaire, ou d'omnipotence exécutive (le stade suprême du parlementarisme), qui finalement est memamé (c'est-à-dire la même merde) ; tant que la gauche (la gauche ?!) est incapable d'articuler sérieusement culture et politique, pas seulement de la réduire aux xous de MPB, forró, ou quelque chose comme ça ; tout en n'utilisant pas de manière flagrante la production culturelle de l'homme, comme le fait la droite avec sa canonisation structurelle ; tant qu'on ne l'instrumentalise pas contre la barbarie (chose bien différente de l'art instrumental, qui, si c'est le rôle de l'artiste authentique de faire librement de l'art, le rôle de la gauche authentique est nécessairement de le politiser) ; tandis que la gauche ne socialise pas toute la littérature universelle, d'Homère au poète contemporain le plus fou ; tant que la gauche ne comprendra pas que la politique révolutionnaire se fait avec une culture vécue au jour le jour, arrosée et enracinée au jour le jour, seule manière de produire une véritable culture révolutionnaire, pour tenter de surmonter la catastrophe mondialisée ; tant que prévaudra la social-médocratie brésilienne, plume ou salopette, — le grand écrivain aura le dernier mot.
Aussi puissant soit-il, un livre est un livre (explosion), comme l'est un magazine, un article… enfin des articles de consommation ostentatoire.
*Airton Paschoa est écrivain, auteur, entre autres livres, de la vie des pingouins (Nankin, 2014)
Publié dans la revue pied de page — revue de la littérature brésilienne contemporaine, en 2004, sous le titre "L'Heure (et les astuces) de la Star".
notes
Voir, par Alfredo Bosi, « Literary Studies in the Age of Extremes », bas de page N° 1, nov./2001. A l'autre « extrême » émergerait la littérature maniériste, maniérée, post-moderne, hypermédiée, la littérature littéraire, en un mot, fidèle dépositaire des intertextes.
L'heure de l'étoile, RJ, Rocco, 1998, p. 47.
Il y en a environ 19, si je ne manque pas d'arithmétique, les « innombrables » explosions disséminées dans le minuscule livre : p. 24, 28, 42, 43, 58, 60, 61, 62 (petit), 66 (deux, dont un petit), 71, 75, 76, 77 (trois), 78 (deux) et 79, — dans un crescendo, à mesure qu'on entend, à mesure qu'on s'approche… de la mort ? de la vie? de la vérité ? de votre temps.
La nouvelle de Rubem Fonseca que nous prenons comme contre-paradigme, « Ô collectionneur », fait partie du recueil homonyme paru à peu près à la même époque, en 1979.
Je traduis, j'espère sans trop trahir, l'argument de Paulo Arantes à la Cinemateca Brasileira au milieu de l'année dernière, à l'occasion de la « Semana Paulo Emílio ». Tel est le désastre du pays, principal objet d'étude de notre plus grand critique de cinéma, qui, ressuscité, — provoque Paulo Arantes, — le maître abandonnerait certainement le cinéma et se consacrerait à la critique télévisuelle, véhicule aujourd'hui capable de donner la mesure entière, la très disproportionnée (hypermimésis ?) de l'état de décomposition nationale.
Concernant le film, voir notre essai, "La classe moyenne va en enfer", Magazine de l'USP n.º 49, mars/avril/mai 2001 [réédité dans Études cinématographiques 2000 - Socine (Société brésilienne d'études cinématographiques), organisé par Fernão Pessoa Ramos et. al., Porto Alegre, Editora Sulina, 2001].
Le débat, « Critique d'intervention », a été promu par trois revues littéraires, pied de page, Sébastien e Cactus, et a eu lieu à São Paulo à la fin de l'année dernière. Médié par Iumna Maria Simon, il a également eu la présence d'Iná Camargo Costa, Paulo Arantes et Roberto Schwarz.
D'Antonio Candido, la leçon, explicite et implicite, se retrouve partout.
« (…) (Quand je pense que j'aurais pu naître d'elle — et pourquoi pas ? — je frissonne. Et ça ressemble à une fuite lâche de ne pas être moi, je me sens coupable comme je l'ai dit dans l'un des titres.) » (L'heure de l'étoile, sur. cit., p. 38).
"... ...)" (id., sur. cit., p. 70).
Ou il a retenti au moment de la mort, comme une préfiguration : « (…) Et de la tête un filet de sang d'une couleur et d'une richesse inattendues. Ce qui signifiait qu'après tout, elle appartenait à une race naine robuste et têtue qui revendiquera peut-être un jour le droit de crier » (id., p. 80).
"La Cité de Dieu", séquences Brésiliens, SP, Co. des Lettres, 1999.
Theodor Adorno, « Lírica e Sociedade » (traduction de Rubens Rodrigues Torres Filho, assisté de Roberto Schwarz), Benjamin, Adorno, Horkheimer, Habermas (Les Penseurs), SP, Avril Culturel, 1980.