Par LUIZ WERNECK VIANNE*
Le fascisme et sa prédication néolibérale par des hôtes bolsonaristes n'admettaient que l'individu isolé, une monade d'intérêts privés
Sans doctrine, sans parti et avec une aversion pour la politique, c'est le fascisme à la brésilienne qui fait son apparition en ce malheureux 08 janvier avec ses personnages déchus, venus des camps proches des casernes militaires confiants qu'ils compteraient sur leur adhésion à leur mouvement. Convaincus de leurs croyances magiques, ils croyaient que la promotion du chaos avec la prise de force de la Praça dos Três Poderes et les installations physiques du pouvoir républicain suffiraient, même sans plan, à leurs fins d'installer un gouvernement d'exception, qui tomberait entre leurs mains du fait des effets du jeu de dominos dans lequel le chaos se répandrait irrésistiblement jusqu'à la montée au pouvoir du personnage auquel on attribuait des qualités mythiques, qui, soit dit en passant, ne s'est pas manifesté dans ce soulèvement des cour des miracles.
De tels événements, sans précédent ici et dans toutes les parties du monde connu, n'ont pas duré plus de quelques heures, contenant les fous de tous âges, venant de tous les coins du territoire national, conduits en prison sans résistance majeure, mais laissant dans son sillage une action destructrice qui continue de blesser l'estime de soi des Brésiliens avec la profanation des œuvres de leur culture et de leur civilisation.
Ce qui reste de ce désastre humain est un héritage à reconstituer minutieusement, et bien plus que cela, à identifier les racines immédiates et profondes auxquelles ils sont attachés afin d'enlever la folie et les marques du mal qui recèlent dans notre société qui conserve encore les marques quasi à la mode de notre éducation de la grande propriété rurale esclavagiste.
Les événements extraordinaires qui nous ont secoués, et nous secouent encore, doivent être étudiés par les sciences sociales, brésiliennes et étrangères, pour lesquelles il existe non seulement une matière abondante, mais aussi par une enquête approfondie sur les motivations des auteurs, la plupart d'entre eux dans les prisons , qui se sont empêtrés dans leurs pratiques.
Comme on dit, vous ne devriez pas essuyer cet épisode lamentable avec un chiffon et passer à autre chose. Désormais, l'histoire du pays, pour suivre son cours, ou déchiffre correctement ce qui vient de lui arriver, ou bien il succombera aux fleurs du mal qui germent en son sein. La détermination implacable de ses causes, la responsabilisation de ceux qui en paroles et en actes encouragent la prédication fasciste et le refus de la démocratie comme projet de pays, doivent être l'engagement non négociable de tous ceux qui s'opposent à la barbarie qui entoure notre vie commune.
Les hautes cours du pouvoir judiciaire ont donné des réponses adéquates aux crimes qui ont été commis, mais cela ne suffit pas, seule la politique peut procéder à des actions qui visent l'œuf de serpent qui se cache dans une société de masse fragmentée, désorganisée avec ses membres isolés chacun. autre. L'accent mis sur la question sociale qui a caractérisé les débuts du gouvernement Lula-Alkmin est certes positif, mais il ne peut, comme nous l'avons remarqué jusqu'ici, se limiter aux intentions réparatrices de l'État face à une société absente, espérant d'en haut que ses droits sont accordés.
Sans partis qui la représentent, sans syndicats et mouvements sociaux actifs, sans lieu et sans moyens par lesquels elle puisse expérimenter ses actes de parole, nous risquons de réitérer l'itinéraire pervers qui a été le point de départ de la tragédie politique qu'il nous faut maintenant surmonter.
Pendant quatre ans, jour après jour, nous avons été témoins d'actions libertaires qui visaient à rompre tout lien organique dans notre vie commune, niant la réalité factuelle à l'existence de cette chose qu'on appelle la société. Le fascisme et sa prédication néolibérale par les bolsonaristes n'admettaient que l'individu isolé, une monade d'intérêts privés seulement mis en ordre par l'intervention mythique du chef de la nation. En ce sens, il y avait quelque chose de mystique dans le chienlit du 8 janvier, dans lequel une masse d'ignorants, par la faute physique de leur chef, tenta d'abaisser son esprit comme dans un culte religieux afin d'accomplir l'œuvre qui lui revenait dans les sentiments de tous. Bolsonaro incarnait ainsi dans une onction mystique la déprédation dans laquelle chaque manifestant extatique détruisait une icône nationale.
Les Allemands, après 1945, ont solennellement promis que leur tragédie nationale ne se reproduirait jamais, et ils l'ont fait. Serons-nous capables de faire la même chose ?
*Luiz Werneck Vianna est professeur au Département des sciences sociales de la PUC-Rio. Auteur, entre autres livres, de La révolution passive : ibérisme et américanisme au Brésil (Révan).
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