Par FLAVIO AGUIAR*
"Un beau jour, la police a découvert un authentique gang d'hommes et de femmes âgés qui augmentaient leurs revenus en vendant de la marijuana, et uniquement de la marijuana, pas de cocaïne ni de trucs plus lourds."
Les avis sont partagés. Les partisans de la mesure affirment que la dépénalisation de la consommation de drogue peut aider à lutter contre le trafic et aussi la corruption policière. Ils rappellent l'inefficacité historique de la Prohibition aux États-Unis, dans les années 1920, qui interdisait la fabrication et la vente de boissons alcoolisées, et a fini par accroître le crime organisé, comme celui dirigé par le célèbre gangster Al Capone.
Ceux qui s'y opposent allèguent que la dépénalisation d'une drogue, comme la marijuana, ouvrira la voie à l'usage et au trafic de drogues plus dures, comme la cocaïne, l'héroïne et autres, ce qui renforcerait le trafic.
Il y a aussi ceux qui disent que la question devrait être débattue au Congrès national, et non au STF.
En Europe, la considération de l'usage et de la culture de la marijuana varie considérablement d'un pays à l'autre. Mais il existe des tendances communes et des regroupements de pays par régions. En général, la tendance dominante, même dans les pays où l'usage récréatif de la marijuana est interdit, est de criminaliser le trafic et d'être plus tolérant envers l'usager. L'action de la police contre l'usager a tendance à se limiter aux cas de conduite dangereuse, comme la conduite sous l'effet de la drogue, ou considérée comme turbulente en public.
Avec des variantes légales et de tolérance ou strictes, c'est la tendance dominante dans des pays comme le Portugal, l'Espagne, l'Italie, le Luxembourg, la Belgique, le Danemark, l'Autriche, l'Irlande, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la France et l'Irlande. Dans certains de ces pays, comme les Pays-Bas, l'achat et la vente de petites quantités de marijuana sont autorisés dans des lieux spécialisés et surveillés.
Dans des pays comme la Grèce, la Norvège, la Suède et la Finlande, la rigueur dans l'application de la loi interdisant l'usage de la marijuana est plus grande. Dans l'ancienne Europe de l'Est, les pays sont divisés : il y a les plus libéraux, comme la République tchèque, la Croatie, la Pologne et l'Estonie, et les moins tolérants, comme la Hongrie, la Roumanie, la Slovaquie et la Serbie.
Les situations décrites ci-dessus peuvent changer, avec la montée générale des forces politiques d'extrême droite, généralement plus conservatrices.
Utilisation récréative
En Allemagne, le gouvernement actuel prépare une législation pour, d'ici 2023, dépénaliser l'usage récréatif de la marijuana, sa commercialisation et sa culture individuelle en petites quantités.
Un événement curieux, enregistré il y a plus de dix ans à Berlin, illustre bien les contradictions et les tendances de ce XXIe siècle. Il est courant de trouver des retraités dans la rue ramassant des sodas et des canettes de bière pour augmenter leurs revenus, car la pension est très faible par rapport au salaire qu'ils ont gagné en service actif.
Un beau jour, la police a découvert un authentique gang d'hommes et de femmes âgés qui augmentaient leurs revenus en vendant de la marijuana, et uniquement de la marijuana, pas de cocaïne ni de trucs plus lourds. Chacun était dans la soixantaine ou un peu moins. On a découvert qu'il s'agissait de vestiges de la « génération 1968 » révolutionnaire. Consommateurs invétérés de marijuana, ont décidé d'augmenter leurs revenus en vendant le surplus de ce qu'ils ont cultivé.
Le plus : la "capo" du groupe, qui contrôlait fermement les comptes, était la mère de l'un d'eux, qui avait déjà la fin des années 90. Perplexes, la police et la justice ont adopté une attitude originale. Ils n'ont pas poursuivi ni arrêté les vieilles dames et les vieillards, tant qu'ils s'engageaient à arrêter leur commerce en plein essor et à aller chercher des canettes comme tout le monde. Ainsi fut-il dit, ainsi fut-il fait, et tout le monde vécut heureux pour toujours avec ce "dénouement heureux» digne d'une comédie cinématographique.
* Flavio Aguiar, journaliste et écrivain, est professeur à la retraite de littérature brésilienne à l'USP. Auteur, entre autres livres, de Chroniques du monde à l'envers (Boitetemps).
Commentaire fait à l'origine sur Radio France.
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