Par BRUNO VELO, RICARDO ABRAMOVAY & MARCELO DE MEDEIROS*
Le Brésil et le monde veulent des politiques qui conduisent à une réduction drastique et rapide de la déforestation
Les premières indications selon lesquelles la politique environnementale serait l'une des priorités du nouveau gouvernement fédéral sont apparues avant même que Lula n'entre en fonction. En 2023, les déclarations et actions gouvernementales ont fait de la lutte contre la déforestation le fleuron de cette orientation. Changements institutionnels dans les ministères, objectifs de réduction de la déforestation et face à la crise Yanomami renforcent ces signes.
Mais les forces de destruction sont toujours vivantes, comme le montrent les récents votes à la Chambre, qui étendent les concessions à la dévastation dans le Code forestier et dans la Loi forestière atlantique. L'engagement du nouveau gouvernement à reprendre une politique environnementale efficace contraste avec le tableau sombre qui a paralysé l'action publique de lutte contre la déforestation.
Mais le renforcement du commandement et du contrôle, bien que fondamental, ne pourra garantir, à lui seul, la fin des ravages. Pour tenir ses promesses, le gouvernement doit également adopter des initiatives visant à rendre viable une performance économique plus durable, tant dans les propriétés agricoles que dans les forêts brésiliennes.
En agriculture, il est nécessaire de vulgariser le choix des producteurs pour des techniques réduisant les émissions de gaz à effet de serre au champ. Ces techniques existent déjà, mais il faut les rendre accessibles et attractives. Le postulat de base est que le Plan Culture fait l'objet d'une révision sérieuse, basée sur le principe que les financements et les subventions publiques ne devraient être accordés qu'aux pratiques socio-environnementales régénératrices. La promotion de solutions de traçabilité permettant de prouver l'origine durable des matières premières agricoles fait également partie de ce front.
Sur le front forestier, des politiques sont nécessaires pour assurer des alternatives économiques pour le maintien de la forêt. Et cela signifie agir dans deux domaines. D'abord dans la chaîne de production du bois. La totalité de la demande nationale en bois peut être satisfaite par la gestion durable des forêts, mais il est nécessaire d'élargir l'échelle de cette pratique en s'appuyant sur des renforcements dans la politique des concessions forestières.
Le deuxième domaine concerne la production extractive (non ligneuse). Ici, il s'agit de mettre en œuvre des politiques visant à tirer parti de l'économie de la socio-biodiversité, de promouvoir un modèle de développement en Amazonie qui reconnaît et valorise les peuples forestiers en tant que gardiens de la méga-biodiversité brésilienne.
Les politiques existantes, telles que celles qui garantissent aux producteurs l'accès aux marchés institutionnels, ont un grand potentiel de progrès. Cependant, ici, la plus grande impulsion créative du gouvernement sera nécessaire, avec la formulation et l'articulation de nouvelles politiques et de nouveaux domaines gouvernementaux qui favorisent tout, de l'accès Internet de bonne qualité dans la forêt elle-même aux solutions d'infrastructure respectueuses de l'environnement.
En bref, le Brésil et le monde veulent des politiques qui conduisent à une réduction drastique et rapide de la déforestation. Mais cet objectif suppose aussi un agenda post-déforestation qui fasse de la lutte contre la crise climatique et l'érosion de la biodiversité la base de la puissance agricole, d'élevage et forestière du Brésil.
* Bruno Vello est politologue et analyste des politiques publiques à Imaflora (Institut de Gestion et de Certification Forestières et Agricoles).
* Ricardo Abramovay est professeur à la Chaire Josué de Castro de la Faculté de Santé Publique de l'USP. Auteur, entre autres livres, de Infrastructures pour le développement durable (Elephant).
* Marcelo Medeiros est titulaire d'une licence en administration et coordinatrice des politiques publiques à Imaflora.
Initialement publié dans le journal Folha de S. Paul.
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