Par FERNÃO PESSOA RAMOS*
La mort banalisée dans les mécanismes bureaucratiques de mise en œuvre des politiques publiques.
1.
La question de la pertinence des régimes totalitaires du XXe siècle se pose dans le Brésil contemporain. Le mélange d'un chef d'État à la personnalité autoritaire et d'une pandémie meurtrière a créé un bouillon dans lequel la question de la mort à grande échelle, celle du génocide, vient au premier plan.
Les régimes totalitaires ont cette caractéristique de marcher main dans la main avec la mort, comme le rappelle Hannah Arendt. Ils rapprochent la mort et l'élèvent à la banalité comme mode opératoire, à travers les mécanismes de mise en œuvre bureaucratique dans les actions sociales. C'est le type qui incarne, de manière étonnamment cristalline, notre général Eduardo Pazuello dans sa façon de travailler avec efficacité à tuer en distribuant du poison à la population.
Le totalitarisme, dans sa conformation typique des régimes autoritaires des années 1930 et 1940, transpose à grande échelle ce rapport à la mort sur la voie de la quotidienneté effrayante du mal. Elle imprègne divers instruments bureaucratiques pour sa pratique (la pratique de la mort), à travers les agents chargés du bon fonctionnement de l'appareil d'État. Le secrétaire exécutif du ministère de la Santé, par exemple, Elcio Franco, employé d'une organisation étatique censée se consacrer à la préservation de la santé et à la prévention de la mort des citoyens, estime qu'il est courant de porter une broche à son revers, au quotidien banalité de ses activités institutionnelles, qui met en scène un crâne traversé par un couteau, symbole de mort issu de l'imaginaire SS nazi.
Le concept de totalitarisme, que certains craignent dans ses connotations les plus directes, peut avoir une validité structurelle qui va au-delà de la demande d'illustrations historiques singulières. Le rapport à la mort à grande échelle, utilisant les nouvelles technologies qui multiplient et optimisent les dispositifs génocidaires, atteint la racine de ce type de structure sociale telle qu'elle émerge dans la première moitié du XXe siècle. La gestion des affaires publiques dans l'administration de l'État et ses résultats pratiques est remplacée par l'omniprésence (pas épique, mais banale) de la mort extensive et les exigences logistiques de son efficacité.
Les dilemmes éthiques de la proximité de l'action sociale vers la mort exaltent la gravité idéologique. Pour que le traitement de l'éthique de la mort soit positivement absorbé, il faut accélérer le virage de la centrifugation idéologique pour masquer l'ignominie, sans cesse renouvelée dans le mobilier et focalisée sur l'empire de la volonté. Le régime se met à tourner autour de l'axe caché, pressenti (comme affirmation par la banalité, ou négation dans le martyre) ou partagé (par la cruauté).
La collectivité doit alors être unie et sans failles. D'où la pertinence d'une critique qui dépasse l'exigence de comprendre le totalitarisme dans sa restriction par des conditions historiquement particulières. À la base, la formation totalitaire est agressive et revient avec intensité dans les sociétés de masse contemporaines, qui ont un degré actif de sociabilité médiatisé par les dispositifs de communication numériques.
Aujourd'hui au Brésil, nous assistons orgueil d'une personnalité de type tyran affirmant, sans remords, dans des propos quotidiens, la revendication génocidaire comme banalité, doublée d'un discours aux accents totalitaires. Ce sont des tentations qui se configurent dans un modèle politique de parti pris autoritaire de droite, cherchant un atterrissage institutionnel. Ce débarquement se structure en un duo de déterminations en interaction : d'un côté, une structure népotiste/corporatiste qui tourne la politique de faveur. D'autre part, un contreface fondamentaliste/religieux et milicien/militaire, qui permet l'exercice effectif du pouvoir.
Les deux s'articulent autour d'un fort support médiatique dans les réseaux numériques, qui représentent peut-être la principale innovation de leur constellation. À la base, ils prévoient la domination progressive de l'État brésilien par le bolsonarisme, soutenu par une couche administrative bureaucratique qui encourage l'absorption de l'establishment militaire à différents niveaux administratifs.
La première structure du duo, la jambe « népotiste/corporatiste », concerne aussi l'imbrication de la dimension privée avec les instances publiques, du niveau familial élargi du clan. Un clan, au sens le plus large du terme, qui apporte un modèle que nous connaissons déjà dans l'utilisation des ressources publiques à des fins privées. Le discours religieux fondamentaliste, en revanche, sert d'axe idéologique aux orphelins de la modernité qui résistent, désormais tout à fait à l'aise, à l'affirmation progressiste du cadre qui s'est établi autour de la contre-culture (droits des femmes ; droits des ethnies (noires) et minorités sexuelles (LGBT) ; questions de coutumes et de liberté artistique, écologie, etc.).
Le bolsonarisme fondamentaliste s'oppose radicalement à cet horizon moderniste en établissant des désignations abstraites qui, par la répétition, rassemblent un contenu pour des oppositions vides qui se heurtent en produisant de l'énergie. Ils fixent des appellations synthétiques dilatant un fil de sens originel, comme le nom « communiste », le « kit gay », la « bouteille érotique », la vente de l'Amazonie, les accusations de pédophilie, etc. Ainsi se consument des discours initialement hétérogènes et sujets à opposition (le fil du sens), mais qui commencent à tout absorber dans une négation unie par l'affaiblissement autour d'elle, donnant une sorte d'explication totale du monde.
C'est un « sur-sens » qui universalise des propositions auparavant fermées à leur propre gravité et qui mêlent, avec une grande agilité, fantaisie et compréhension. Dans ce souffle, ils incorporent des préjugés de genre (famille patriarcale) et raciaux (négationnisme historique), des pratiques pédagogiques obsolètes (école sans parti), la défense de la violence dans ses représentations les plus immédiates, comme le culte des armes à feu, les groupes paramilitaires d'extermination, torture, lynchages (virtuels ou réels) et autres représentations de la mort (comme le symbole du couteau susmentionné).
Le visage milicien du bolsonarisme assume des modes d'action fondés sur l'usage de la violence et l'élégie des armements. La branche militariste du bolsonarisme a la caractéristique d'être une milice, avec des groupes armés à structure autonome et des chefs locaux interagissant entre eux. L'insertion dans les corps d'armée sert l'institutionnalité, mais, au premier abord, elle ne semble pas organique. La vision d'une articulation directe avec les masses, appuyée par l'action des milices, de la police ou des paramilitaires (typiques des régimes totalitaires) fait peur. Son expansion passe également par l'infiltration de milices indépendantes dans la police militaire de l'État, incorporées plus tard dans le cadre bureaucratique de l'État.
Le côté corporatiste, le côté népotiste de la médaille, a une dimension douteuse. Bolsonaro opère avec peu de conviction dans le livre libéral de peur d'atteindre sa base de soutien dans les entreprises de droite, en particulier la police et l'armée, ainsi que les camionneurs. Elle transfère le fardeau de la déréglementation à des entités abstraites qui sont désormais dotées de compétence, ou de manque de valeur, en alternance.
C'est le cas des expressions « Posto Ipiranga » dans les actions économiques, ou « vieille politique » au Congrès. Il devient nécessaire de maintenir les fondements corporatistes et de transférer les revendications les plus grossières, les "sauvages" pour ainsi dire, nécessaires pour faire tourner les capitaux en accélération, vers les forces politiques partisanes, mais sans s'identifier comme une marque dans ce registre (Bolsonaro, donc, n'a pas de fête). Se déplacer de cette manière semble planer au-dessus de l'articulation pour un soutien politique et utilise librement l'agression verbale. Il peut alors briller léger et libre, tel un gamin irresponsable, exerçant la présidence pour attirer, à un moment donné, l'exigence la plus masochiste de la conscience nationale.
2.
Le bolsonarisme hérite de la tradition totalitaire l'exercice de la persuasion idéologique à travers les nouvelles technologies de communication. Le spectacle audiovisuel est quotidien, dans une sorte de société du spectacle nouvelle et enrichie (ainsi exposée par Guy Debord, dans une autre étape). Il sait dominer les cycles de l'actualité, leur imprimant une rapidité sans précédent, encore inconnue dans les sociétés totalitaires du siècle dernier.
Au stade actuel, la vitesse extrême coexiste avec le rythme plus lent des médias traditionnels. Ceux-ci commencent à reproduire, à bout de souffle, les factoïdes créés par le bolsonarisme à un rythme qui n'est pas typique de ses médias. Le cycle hebdomadaire a longtemps été délaissé, provoquant la faillite du média magazine qui lui était lié. Le cycle quotidien a également été contourné, entraînant des formes mixtes. Ils permettent des gros titres du matin et la construction de la première page, une sorte de résumé de la veille, avec des accompagnements progressifs, plus ou moins agiles, qui suivent l'immédiateté. En arrière-plan, et souvent la scène principale, les médias sociaux eux-mêmes (Tweet, Facebook, Instagram, WhatsApp, etc.) résonnent par répétition ou démarrent le cycle. Ils constituent l'espace privilégié de l'action idéologique du bolsonarisme, qui dispose des instruments et de la technologie nécessaires (robots tireurs, groupes Internet gonflés ou fantômes, annulations, etc.) à la manipulation.
L'immédiateté du cycle de l'information porte en elle un format essentiel pour les nouveaux médias, qui est la répétition. C'est par les mécanismes de la répétition que la dilution de l'objectivité se matérialise dans des discours fantaisistes ou exotiques. La répétition accélérée s'interrompt en un point aléatoire, qui prend alors de l'objectivité et se cristallise – en même temps qu'il ouvre le format d'un nouveau cycle, dans lequel une autre fausse unité se constitue à nouveau, et ainsi de suite. Une densité autonome est donnée aux propos vides qui se chevauchent, composant l'actualité par le simple fait qu'ils surgissent et provoquent le déni, conquérant ainsi leur place au soleil dans la forêt dense des réseaux sociaux. Il n'y a pas d'échappatoire à ce faux piège. Les cycles brefs créés de l'extérieur vers l'intérieur du système, mais émergeant comme natifs de l'objectivité, à des intervalles de plus en plus courts, sont appelés "fausses nouvelles".
Le nouvel autoritarisme de droite respire de manière intégrée dans ce milieu. Le suivi des données d'identité biologique et des marqueurs d'opinion clés sont structurés dans des algorithmes de contrôle classant les groupes d'utilisateurs d'appareils numériques en genres et catégories. Dans la nouvelle société de contrôle, les attentes en matière de réalisation de la valeur du capital sont également méticuleusement cartographiées grâce à l'utilisation gratuite des principaux moteurs de recherche (Google pour les demandes d'action pratiques) et des médias sociaux (Facebook, Instagram, pour des habitudes et des sensations plus personnelles).
En général, ils identifient l'individualité dans de multiples séries, synthétisées dans de vastes systèmes informatiques qui définissent la subjectivité comme un espace catégoriel de consommation. Le grand algorithme numérique qui se profile au cœur de la société capitaliste contemporaine est orienté vers ce noyau, dans sa base réelle. Des sites alternatifs, y compris de gauche, sont incorporés sans faute servant de canal à l'algorithme de consommation et d'identification et aux grandes entreprises qui le manipulent. Les perspectives que le système numérique ouvre pour le contrôle dans un État autoritaire (politiquement centralisé ou non) sont aujourd'hui évidentes et présentes.
Dans l'opérabilité defausses nouvelles', l'appareil numérique omniprésent fait tourner un intervalle fantasmatique exogène qui se déplace à volonté dans l'objectivité, créant une couche de croyance qui attire et effondre la compréhension. Le champ de la volonté comme foi traverse et incorpore la totalité, s'assumant comme l'explication totale du monde. Les nouvelles formes de discours produites dans ces instances médiatiques étonnent par leur capacité à générer la croyance comme base de compréhension, défiant le bon sens.
Ils atteignent même des paradigmes scientifiques absorbés il y a des siècles, comme le terrien plat, les vaccins, l'évolutionnisme biologique, les ères géologiques, etc. Dès la première négation fantasmatique, l'objectivité est mise à mal dans une série qui tombe comme des dominos. Fondamentalement rhétorique, le hasard advient à partir de la « force irrésistible de la logique même » (Arendt) des régimes totalitaires, refermés sur eux-mêmes et renvoyant l'idée qui succombe déplacée des sens et le phénomène lui-même, corrodé de l'intérieur.
Les médias sociaux numériques sont donc le support technologique parfait pour la succession hyper-accélérée nécessaire pour ébranler l'individualité sur le mode totalitaire. Dans celui-ci, la rotation des arguments acquiert de la force en raison de la vitesse de rotation dans une actualité élargie et omniprésente (seulement des cadeaux) qui se répète vide, mais contraignante en raison de sa vitesse.
La foi comme cristallisation propositionnelle incarne la raison enchâssée dans la volonté superposée, servant à remplacer ce premier niveau commun d'objectivité consensuelle qui, depuis le régime des Lumières, s'était érigé en référence, même dans le déni. La vigueur du nouveau régime d'objectivité exogène, détachée de l'expérience et du bon sens, se cristallise à partir du milieu des années 2010, avec la généralisation des dispositifs technologiques mobiles individualisés à fort attrait populaire et à capacité de communication intense à l'oral, à l'écrit mais aussi en audiovisuel.
On peut dire que l'expansion horizontale des nouveaux appareils technologiques portables s'accompagne de la montée en puissance de nouvelles formations sociales de droite aux aspirations totalitaires. Notre point est qu'en composant le bolsonarisme avec la couche fondamentaliste intégrée dans les médias numériques, des groupes bureaucratiques corporatistes/militaires et un népotisme flagrant sont ajoutés. Ainsi, les adeptes fidèles (crachadinhas) s'amusent dans l'espace public, qui sont également armés pour un éventuel soutien par la force, sous la forme de milices. Dans le même temps, la rotation du capital est maintenue à son rythme de croisière (d'autant plus lâche du lien social lié aux droits historiques du travail), complétant le dispositif d'accompagnement. Un cadre géré par un agenda de coutumes extrêmement conservateur, intégré dans le discours hallucinatoire d'une objectivité fantasque kidnappée de l'expérience.
3.
Dans ce contexte, se dessine la division de deux pôles idéologiques, tous deux issus de la classe moyenne, déterminant des domaines divergents sans perspective hégémonique et en conflit l'un avec l'autre. Dès lors, elles s'étendent aux couches les plus misérables ou exclues de la société, reflétant une première division sur une autre : la première, résultant d'une répartition inégale des revenus, a un impact non uniforme sur la rupture entre intégristes et modernes.
Du côté moderne, on retrouve la partie de la société en phase, dans sa pratique la vie de tous les jours, avec des valeurs issues de la « contre-culture » telles qu'elles ont émergé dans les années 1960. Ce côté est pressenti par la critique conservatrice qui s'oppose à l'hédonisme libertaire. Dans la critique conservatrice, qui traverse aussi le clivage entre couches aisées et couches misérables, il y a le pôle traditionaliste qui est constitué par des références culturelles rétrogrades et autoritaires en termes de coutumes.
Sous la culture du bolsononarisme, il a convergé vers le mélange d'intégration entre le fondamentalisme religieux (populaire petit-bourgeois) et le militarisme de milice. Dans le domaine des milices, le bolsonarisme s'impose par l'exercice de la violence directe ; chez l'intégriste en détachant la pensée de l'expérience, en cooptant, telle qu'elle est exposée, la volonté dans la gravité de la foi. En tant qu'action sociale, la politique fondamentaliste-milicaire est instituée, se passant d'une structure de parti organique. Il forme un « mouvement » para-institutionnel qui acquiert un poids gravitationnel en réponse à des conjonctures particulières.
Dans ce panorama, le pôle progressiste avec des revendications sociales d'une nouvelle individualité émerge à la fin, plus clairement affirmé dans son mode d'évolution post-1968. Ces exigences se constellent sur une planète exogène à celle qui engendre la dilution du moi et de sa subjectivité dans la roue niveleuse de la croyance fondamentaliste. Le champ progressiste a toujours eu du mal à s'affirmer comme une unité, mais, progressivement, au cours des cinquante dernières années, il s'est enraciné, dans des synthèses variées, dans la société brésilienne.
Elle s'est récemment affirmée en atteignant des couches sociales populaires dans lesquelles elle n'opérait pas auparavant. Elle a également des répercussions dans les médias grand public non fondamentalistes et largement dans les nouveaux médias sur les plateformes sociales. Il a son origine dans les ruptures d'un caractère libertaire avec un contexte marginal, qui, dans son expression initiale, étaient concentrées dans des extraits de revenu moyen de la société brésilienne.
Nous l'esquissons, dans le cas de l'individualisme libertaire, dans une exigence de valorisation de l'autonomie et de la spontanéité subjective, exprimée dans l'affirmation des droits de l'homme comme espace inaliénable entre les sujets. La particularité de l'identité de chaque individualité est valorisée dans son autonomie par rapport aux revendications sociales, plus ou moins coercitives. Autonomie et marginalité parviennent ainsi à acquérir de la positivité.
Il s'agit d'une revendication des droits des femmes, portant non seulement sur leur voix autonome au travail, mais sur leur propre corps et la préservation de leur droit de disposer de tout leur être (droit à l'avortement, criminalisation des violences conjugales, etc.). Les enjeux ethniques liés aux revendications historiques des mouvements noirs sont revendiqués, réclamant des réparations historiques qui renvoient à la ségrégation et aux pratiques récurrentes du racisme.
Pour cela, l'égalité des chances est revendiquée, également au sein de la classe moyenne éclairée elle-même, telle qu'elle émerge dans sa spécificité à la racine de l'exclusion raciale, traversant souvent les oppositions de classe traditionnelles. Dans le même ordre d'idées, les questions de genre sont incluses, impliquant la préservation des droits civils des minorités sexuelles et l'affirmation de leurs options de conduite, comme le mouvement LGBT et ses dérivés.
La question des peuples autochtones dans leur droit à la terre et à l'expression culturelle différenciée est également posée. La rationalité dans le traitement de la drogue et la libération de la consommation apparaissent comme un moyen de lutter contre l'incarcération de masse. Le droit à l'expression culturelle des différents groupes sociaux minoritaires intègre la libre création artistique et la prévention de toute forme de censure. L'appréciation de la problématique environnementale et socio-environnementale apparaît dans ce contexte au premier plan. Elle affecte directement la survie de l'humanité et le droit à la vie, empêchant le déni du sujet et s'attaquant même à des visions plus linéaires du développement des forces productives.
Le déni écologique remplit, dans le nouveau cadre émergeant de la racine totalitaire, une fonction similaire à celle des formations antérieures par des cadres idéologiques qui exaltent des races ou des classes choisies, destinées à diriger l'histoire. Si au centre du trou noir, dans son œuf de serpent, se trouve la foi de type fondamentaliste mystique, son objet privilégié n'est pas la catéchèse elle-même, mais l'affirmation du pouvoir et la soumission dans la transe qui en résulte. C'est lui qui soutient la « loi du mouvement constant » des formations totalitaires, telle que la conçoit Ruy Fausto. Le grand souffle ininterrompu est un retour récurrent, orienté vers la découverte d'un mobile dans l'action collective.
Les grandes formations totalitaires exigent que le carburant renouvelé dans l'exaltation des masses soit transféré sur des cibles vides, des congrégateurs de la volonté, qui acquièrent de la gravité par le spectre de la mort à proximité (le juif, le communiste, la chloroquine). Le pouvoir qui vient de l'illusion sur l'objectivité devient maintenant une force qui lui est propre, exigeant l'abnégation du « soi » partagé. Lorsqu'elle est dirigée vers la destruction de la nature et de l'espèce elle-même, la glorification de la mort parvient, par exemple, à s'affirmer à travers la glorification de la destruction par le feu, érigée en symbole positif (ici clairement sur le mode de l'exaltation totalitaire) de la l'extermination des écosystèmes, à proximité de l'extinction de la race humaine elle-même.
Les fantasmes de conspirations mondialistes pour voler l'Amazonie et ses forêts sont la nouvelle cible privilégiée, la nouvelle 'Protocoles des Sages de Sion' de la droite brésilienne qui s'est installée dans cette combustion totalitaire. Cela constitue le "mépris totalitaire de la réalité" (un bon concept) qui présentera à l'avenir sa fabrication dans le monde réel comme une tragédie (sur la nature et sur l'histoire) exigeant, à son tour, un nouveau recyclage de meubles exogènes pour maintenir le social la force se rassembla à la nouvelle volonté exaltée, perpétuant ainsi le mouvement constant de l'exigence et de la nécessité.
Jusqu'à ce que le cycle dialectique s'affirme avec l'explosion du cataclysme, qui signifie aujourd'hui la destruction totale de la nature et de l'humanité telle que nous la connaissons. Les structures de la négativité dans la reproduction des marchandises avec une demande génocidaire pour la réalisation de sa valeur – production nucléaire, armes, pesticides, tabac, stéroïdes anabolisants animaux, grands producteurs de protéines, produits pharmaceutiques nocifs, pollution chimique – sont décrites comme une menace, principalement parce qu'ils sont liés à des méthodes de production à grande échelle et à des installations industrielles dotées d'une technologie de pointe qui impliquent une destruction mondiale à grande échelle.
Les formations totalitaires tendent à leur être liées et à leur défense, car elles sont bien adaptées à l'irrationalité du non-sens où l'idée vide a l'attrait de pouvoir se reproduire d'elle-même (précisément parce que c'est la validité du non-sens) , dans la mesure de sa puissance qu'elle est relative, en circuit fermé, à l'acceptation déraisonnable de sa prévalence. L'exaltation sert ce but en réduisant la volonté à l'acceptation convaincue et agréable de la soumission correspondante. La validation du génocide par le déni environnemental s'inscrit dans ce mécanisme de réalisation idéologique.
Sinon, comment ne pas se replier sur la critique en générant la suppression même de l'espèce, dans laquelle, paradoxalement, s'opère la négation de ceux qui la concrétisent en agissant ? Il n'y a pas de contradiction dans le paradoxe, car il est congruent, dans son essence, avec l'action politique suicidaire que la dialectique totalitaire exige pour sa réalisation.
Nous vivons, en ce sens, un nouveau cycle au potentiel totalitaire. Si jusqu'à présent il ne s'est pas pleinement épanoui dans l'horreur, il s'enracine clairement dans ce terreau, changeant les modalités structurelles qui le sous-tendaient pour les nouveaux formats du fondamentalisme numérique. Ce sont des mécanismes qui permettent à l'affirmation irrationnelle de l'autodestruction sociale et naturelle d'être actuelle. C'est elle, cette négation, qui rassemble la pensée magique absurde. C'est ce qui est venu remplacer les anciennes cibles à exterminer, comme l'ennemi racial ou national.
Il y a, dans cette composition, la même formation d'un « sursens » fou qui traverse la totalité de son propre souffle et qui, une fois là, nourrit, comme par le passé, la « folie des sociétés totalitaires » dans son plus grand épanouissement. .
Les « pulsions d'égoïsme et d'agressivité » (Faust), ou le « mal radical » de « l'individualité morte » (Arendt), propres à l'exercice de la terreur dans l'horizontalité totalitaire, fond violent de l'être en société, peut être contrôlé par une normativité qui préserve les droits, au-delà de l'exigence de résultats sociaux immédiats. La gestion des mécanismes de renouvellement effectif du pouvoir central au sein de l'État doit être constante, étant des instruments de défense indispensables pour bloquer les déformations résultant de l'expansion bureaucratique autoritaire, de type militaire ou corporatiste.
Des mécanismes qui protègent l'individualité comme espace d'altérité réelle et qui empêchent sa destruction. La diversité de l'espace de « l'autre », point de convergence de l'affirmation de l'existence de l'être, serait ainsi absolue dans son mode d'opposition à la violence totalitaire. Elle ne peut s'inscrire dans une démarche finaliste plus large, un projet d'humanité à mener dans la voie de l'ajournement et de l'avenir. Au contraire, elle doit être une valeur éthique, objet de transformation dans l'exercice présent, gardant intactes les oppositions structurelles d'une manière que l'on peut certes appeler, au sens large (mais très lisible), « démocratique ».
Les « pulsions égoïstes » d'agressivité humaine libérées par la subjectivité valorisée gèrent également la reproduction de la marchandise et ne peuvent donc pas être laissées sans entraves. Il importe cependant que ses freins ne finissent pas par atteindre d'autres modalités de réalisation du sujet dans l'espace public. Les contrôles pour étouffer, ou réprimer, « l'homme primat » du capitalisme « sauvage », adjectif concret modalité d'un mode de production, doivent permettre à l'individualité d'insuffler la volonté de sa puissance.
La subjectivité comme espace absolu d'altérité doit s'affirmer dans ses propres modalités de liberté, même impénétrables dans son noyau de pouvoir, mais qui passent par les sens triomphants et homogénéisants de la nature et de l'histoire. Les structures sociales qui assument la négation des formations sociales aux racines autoritaires doivent apporter, par conséquent, comme horizon inhérent, la négation de la violence inhumaine dans chacune de ses exigences restrictives.
Ce sont des normes éthiques qui doivent être affirmées sans qu'il soit nécessaire de réduire ou de nier la diversité et la tension politique du contradictoire, en préservant l'espace de la spontanéité comme liberté « existentielle ». L'affirmation passe par le dénouement de nouvelles configurations totalitaires, qui, au départ, peuvent sembler anodines, mais qui portent, dans la construction de leur identité, le joug de l'histoire avec leurs édifices ratés couverts de mort et de tragédie.
*Fernão Pessoa Ramos, sociologue, est professeur à l'Institut des Arts de l'UNICAMP. Auteur, entre autres livres, de Mais après tout… qu'est-ce qu'un documentaire exactement ? (Senac-SP).