Par HÉRICK ARGOLO*
L'acte du 29 mai était important, mais nous avons encore beaucoup à construire avant de commencer à sortir de la défensive
Non, le rapport de force reste très défavorable à la gauche. La loi du 29 mai ne signifie pas que nous avons commencé à sortir de la défensive.
On pourrait se demander, mais nos actes n'étaient-ils pas bien plus importants que ceux de Bolsonaro ? Oui ils étaient. Il est naturel que lorsque l'ennemi avance sur nous, nous parvenions à avoir assez de force, à un moment donné, pour réagir, sans nous faire sortir de la défensive.
Pour donner quelques exemples, dans les 21 ans de dictature, il y a eu des moments de forte mobilisation populaire avant la véritable contre-offensive populaire de 1978, comme les manifestations étudiantes et les grèves à Contagem et Osasco. Aujourd'hui, après le coup d'État que nous avons subi en 2016, il y a eu des moments de plus grande mobilisation populaire, comme la grève d'avril 2017 et les manifestations étudiantes contre les coupes dans l'éducation début 2019.
Nous vivons maintenant un autre moment de ce genre, celui d'un affrontement avec l'ennemi qui avance. Il est important que nous profitions de ces moments. Ce sont des actions de résistance, qui rendent difficile à l'ennemi d'avancer plus loin qu'il ne le peut dans son offensive, et peuvent servir à abréger le temps nécessaire de notre défense.
Les actes du 19 juin ont tendance à être plus importants que ceux du 29 mai, attirant de nombreux hésitants au premier appel. Cependant, la tendance est que cette énergie des rues ne sera pas maintenue pendant longtemps. Pourquoi? Parce que la lutte prolétarienne et paysanne continue de décliner.
Le nombre de grèves, qui est une indication de la capacité du mouvement ouvrier à se battre et à s'organiser, diminue d'année en année. Les données du DIEESE montrent que le grand bond du nombre de grèves depuis 2011 diminue depuis 2017, l'année qui a suivi le coup d'État. En 2020, il y a eu 649 grèves dans le pays, soit près de la moitié des 1.118 2019 grèves qui ont eu lieu en 2013. Ce qui, à son tour, est loin du pic de grèves entre 2016 et 2.000, qui était en moyenne de plus de XNUMX XNUMX grèves par année. Il y a une perte évidente de la capacité de combat du prolétariat.
La mobilisation paysanne continue également de décliner, sans la force de mener des occupations, que ce soit foncière, bancaire, lutte pour le crédit, etc. Selon les données de DATALUTA, le nombre d'occupations des sols est en baisse depuis 2012. L'année 2019 a enregistré le taux le plus bas des 34 dernières années, depuis lors de la collecte des données.
Les mobilisations de la gauche sont très concentrées dans la classe moyenne. La classe moyenne, lorsqu'elle se mobilise, court beaucoup moins le risque de perdre son gagne-pain voire sa vie que le prolétariat et le paysan pauvre, d'où sa plus grande capacité objective de lutte en ce moment. A elle seule, la classe moyenne aide beaucoup, mais elle ne définit pas le début d'une contre-offensive.
Un autre facteur qui nous met sur la défensive, celui-ci de nature plus subjective, est que la gauche continue d'être fragmentée et assez divisée. Dans un texte récent, Valério Arcary a bien esquissé les trois grandes lignes tactiques selon lesquelles les partis se sont divisés en interne et entre eux. Il a qualifié la première de tactique du « silence » ou du « front large ». La seconde comme tactique « offensive permanente ». Et la troisième tactique du « front de gauche ».
Ce que les deux premiers ont en commun, c'est la sous-estimation du fascisme. La tactique du « front large » juge que les contradictions entre la bourgeoisie et le fascisme, et par conséquent les possibilités d'une alliance favorable de la gauche avec le grand capital, sont bien plus grandes qu'elles ne le sont en réalité. Avec cela, ils préfèrent être subordonnés à la ligne d'opposition imposée par la bourgeoisie, sans une lutte ferme contre les mesures anti-populaires des classes dominantes. La tactique de «l'offensive permanente» croit qu'il n'est possible de renverser Bolsonaro «par la gauche» qu'avec la mobilisation de la classe moyenne. "Bolsonaro out" semble suffisant pour gagner toutes les classes populaires dans les rues, entraînant l'avant-garde. C'est la troisième, la tactique du « front de gauche », qui nous permet d'accumuler progressivement des forces.
Nous avons encore beaucoup à construire pour commencer à sortir de la défensive. Cela implique que nous ayons la sagesse de réaliser des actes de rue de manière espacée, sans les gaspiller. En, aussi, prendre toutes les précautions sanitaires et ne pas convoquer les groupes à risque pour une bataille qui ne sera pas encore décisive.
Cela implique de lever des mots d'ordre défensifs, de construire une orientation non seulement antifasciste, mais aussi anti-néolibérale, qui ne laisse pas les actes vulnérables à la spontanéité, et qui soit capable de contester les classes populaires. Même les drapeaux contre les privatisations et contre la réforme administrative n'apparaissent pas dans les convocations du 29 mai. Cette dernière affecte même directement les secteurs populaires qui soutiennent activement Bolsonaro, comme la police militaire, et peut créer des contradictions dans leur base.
Ne pas inclure les slogans anti-néolibéraux peut sembler logique dans la vision erronée du « front large » ou de « l'offensive permanente ». Mais, en aucun cas, pour ceux qui perçoivent la nécessité de conquérir les classes populaires. Dans l'acte du 19 juin, aux protestations pour le vaccin et l'aide d'urgence, il faut ajouter les mots d'ordre contre les privatisations et la réforme administrative.
Enfin, en particulier, nous devons avoir comme objectif central de cette étape de la lutte de se connecter et de fusionner avec le prolétariat, dont la gauche reste éloignée. Ce qui n'est pas seulement fait avec les numéros de rue de la classe moyenne. Mais avec un patient travail d'éducation politique à partir et de l'intérieur des luttes économiques du prolétariat.
La défensive sera sans doute encore longue. Mais les actes récents ont le mérite de montrer qu'on peut être victorieux à la fin.
*Herick Argolo Il est membre de la Consultation populaire.