Par FERNANDO NOGUEIRA DA COSTA*
Atteindre l'autonomie technologique au Brésil nécessite une approche multidisciplinaire et intégrée, impliquant l'éducation, les infrastructures, les politiques publiques, les incitations financières et la collaboration internationale.
L'économie brésilienne, bien qu'elle soit l'une des plus grandes au monde (8ème) et qu'elle ait des avancées supérieures dans des secteurs tels que l'agriculture, les mines, l'extraction pétrolière et l'aviation, présente encore des lacunes technologiques dans plusieurs industries stratégiques. Dans ces domaines, le Brésil dépend des multinationales pour attirer les investissements, transférer des technologies ou doit importer des produits et des technologies de pointe pour répondre aux demandes du marché intérieur.
Par exemple, dans le domaine des technologies de l’information et des communications (TIC), bien que le pays dispose d’une industrie du logiciel en pleine croissance et d’un secteur de startups en plein essor, il dépend toujours des multinationales pour fournir du matériel, des semi-conducteurs et des technologies de communication avancées telles que des équipements pour les réseaux 5G. Une grande partie des équipements de télécommunications, des composants électroniques et des systèmes informatiques avancés sont importés, l'accent étant mis sur des pays comme les États-Unis, la Chine et Taiwan, qui dominent le marché mondial des semi-conducteurs.
Le Brésil possède une industrie pharmaceutique spécialisée dans la production de médicaments génériques, mais reste toujours dépendant des multinationales pour le développement de médicaments innovants, de vaccins et de biotechnologies avancées. Le pays importe une grande partie des principes pharmaceutiques actifs (IFA) et des technologies pour la production de biomédicaments. La pandémie de COVID-19 a mis en évidence cette dépendance, lorsque le Brésil a dû importer des vaccins et du matériel pour leur production.
La production de semi-conducteurs est cruciale pour plusieurs secteurs, notamment l'électronique, l'automobile et les télécommunications. Le Brésil ne dispose pas d’une industrie de semi-conducteurs pertinente et dépend des importations pour répondre à la demande.
Les semi-conducteurs sont principalement importés des pays asiatiques qui dominent la production mondiale. Le Brésil doit attirer les multinationales ou développer des capacités locales pour réduire cette dépendance.
Quant aux technologies avancées d'énergies renouvelables, bien que le Brésil soit un leader mondial en matière d'énergie hydroélectrique et dispose d'une base croissante d'énergie éolienne et solaire, la production d'équipements de haute technologie pour ces secteurs, tels que les éoliennes et l'énergie solaire de pointe, panneaux, dépend des sociétés multinationales. Les équipements et technologies avancés, tels que les onduleurs solaires, les turbines à haut rendement et les technologies de stockage d’énergie, sont importés de pays comme l’Allemagne, la Chine et les États-Unis.
Embraer se démarque dans l'aviation régionale, mais le Brésil dépend des multinationales pour les technologies de pointe dans l'industrie de la défense aérospatiale, telles que les systèmes radar, les missiles, les satellites et les avions de combat avancés. Pour développer des capacités plus avancées, le Brésil doit importer ou établir des partenariats avec des entreprises de pays comme les États-Unis, Israël et la Russie. Ils disposent de technologies plus avancées dans ces secteurs.
L'industrie automobile brésilienne est vaste, mais la production de véhicules électriques, hybrides et autonomes nécessite des technologies avancées. Le voici à ses débuts. La plupart des technologies liées aux batteries au lithium, aux moteurs électriques et aux systèmes d’intelligence artificielle pour véhicules autonomes sont importées de pays comme la Chine, l’Allemagne et le Japon.
La nanotechnologie est un domaine émergent avec des applications dans des secteurs tels que la médecine, l'électronique et les matériaux avancés. Cependant, le Brésil n’a pas pleinement développé cette industrie et dépend des importations et des partenariats pour progresser. Les équipements, matériaux et savoir-faire en nanotechnologie sont importés, l'accent étant mis sur les partenariats avec des entreprises et des instituts de recherche de pays comme les États-Unis, le Japon et l'Allemagne.
Le Brésil a fait des progrès en matière d'intelligence artificielle, principalement dans les secteurs des services et des technologies financières, mais dépend des technologies étrangères pour des applications plus avancées en robotique, en automatisation industrielle et en intelligence artificielle appliquée. La majorité des systèmes robotiques avancés et des plateformes d’IA utilisés dans les industries brésiliennes sont développés par des entreprises étrangères, généralement originaires des mêmes pays mentionnés ci-dessus.
L'économie brésilienne, malgré ses avancées dans plusieurs secteurs, dépend des technologies étrangères et de la présence de multinationales dans des secteurs stratégiques. L’importation de produits et l’attraction d’entreprises mondiales sont essentielles pour combler ces lacunes, alors que le pays s’efforce de développer ses capacités technologiques et de réduire sa dépendance extérieure à long terme. Les initiatives de politique publique axées sur l'innovation, la recherche et le développement, ainsi que les partenariats internationaux, seront cruciales pour renforcer la base technologique brésilienne dans ces domaines.
Pour que le Brésil parvienne à une certaine autonomie technologique, il est nécessaire de mettre en œuvre une série d'actions coordonnées et de politiques stratégiques, depuis la formation du capital humain jusqu'au développement des infrastructures et à la promotion de l'innovation.
La base de tout développement technologique est l’éducation et la formation du capital humain en quantité et en qualité. Il est crucial d’investir dans la qualité de l’éducation de base, en particulier dans des domaines tels que les mathématiques et les sciences exactes, en plus de la culture numérique. L'enseignement supérieur doit également être renforcé, en mettant l'accent sur l'ingénierie, l'informatique, la biotechnologie et d'autres domaines techniques critiques.
Il est essentiel d'élargir la formation des chercheurs, des ingénieurs et des techniciens spécialisés. Les programmes de troisième cycle doivent être élargis et alignés sur les demandes technologiques stratégiques du pays.
Avec les progrès rapides de la technologie, il est nécessaire de promouvoir des programmes de formation continue et de recyclage professionnel pour garantir que la main-d'œuvre reste à jour et capable de gérer les nouvelles technologies.
Le gouvernement doit offrir des incitations fiscales et des subventions aux entreprises pour qu'elles investissent dans la recherche, le développement et l'innovation (RD&I), créant ainsi un environnement favorable à l'innovation. Les politiques publiques (telles que la Lei do Bem : loi 11.196 2005/XNUMX) offrent des avantages fiscaux aux entreprises qui investissent dans la recherche.
Il est important de promouvoir les collaborations entre les universités, les centres de recherche et le secteur privé pour développer des technologies et des solutions innovantes. Les partenariats public-privé (PPP) contribuent à transformer les découvertes scientifiques en produits et services commercialisables. Il doit développer et étendre les parcs technologiques, les incubateurs et les accélérateurs de startups pour soutenir la création et la croissance d’entreprises technologiques.
L’un des objectifs clés est d’étendre et de moderniser les infrastructures de télécommunications, en garantissant un accès universel à l’Internet haut débit et en élargissant les réseaux de fibre optique, la 5G et d’autres technologies de communication essentielles. Investir dans la création et la modernisation de centres de recherche et de laboratoires dotés d’infrastructures avancées soutient la recherche dans des domaines stratégiques tels que la biotechnologie, la nanotechnologie, l’intelligence artificielle et les énergies renouvelables.
La nouvelle industrie brésilienne, c'est-à-dire la politique de réindustrialisation), est guidé par des objectifs ambitieux liés à chacune de ses six missions.
1 - Assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des Brésiliens passe par le renforcement des chaînes agro-industrielles (mission 1).
2 - Dans le domaine de la santé (mission 2), l’objectif est d’augmenter la part de la production du pays de 42% à 70% des besoins nationaux en médicaments, vaccins, équipements et dispositifs médicaux.
3 - Pour améliorer le bien-être des citadins (mission 3), il investira dans les infrastructures durables, l’assainissement, le logement et la mobilité.
4 - Pour rendre l'industrie plus moderne et disruptive, l'objectif est de transformer numériquement (mission 4) 90 % de toutes les entreprises industrielles brésiliennes (actuellement 23,5 %) numérisées et de tripler la part de la production nationale dans les nouveaux segments technologiques.
5 - Parmi les objectifs fixés en mettant l’accent sur la biéconomie, la décarbonisation et la transition et la sécurité énergétiques (mission 5), il y a l’augmentation de 50 % de la part des biocarburants dans la matrice énergétique des transports – actuellement les carburants verts représentent 21,4 % de cette matrice.
6 - Enfin, dans le domaine de la défense (mission 6), l’objectif est d’atteindre l’autonomie dans la production de 50 % des technologies critiques afin de renforcer la souveraineté nationale.
En résumé, parvenir à l’autonomie technologique au Brésil nécessite une approche multidisciplinaire et intégrée, impliquant l’éducation, les infrastructures, les politiques publiques, les incitations financières et la collaboration internationale. La création d'un environnement favorable à l'innovation, combinée au développement des capacités internes dans des domaines stratégiques, permettra au pays non seulement de réduire sa dépendance à l'égard des technologies étrangères, mais également de se positionner comme un leader mondial dans des secteurs clés.
*Fernando Nogueira da Costa Il est professeur titulaire à l'Institute of Economics d'Unicamp. Auteur, entre autres livres, de Brésil des banques (EDUSP) [https://amzn.to/4dvKtBb
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