Par BENICIO VIÉRO SCHMIDT*
Commentaires sur les événements récents
Le premier temps fort de cette semaine au Brésil vient de l'étranger, paradoxalement. C'est le plébiscite chilien qui a approuvé lors d'une consultation électorale l'élaboration d'une nouvelle Constitution, par le biais d'une Assemblée constituante exclusive et paritaire, qui sera installée l'année prochaine. Les droits sociaux et humains – absents de la Constitution chilienne de l'ère Pinochet – tendent à être rétablis, en particulier les droits à l'éducation et à la santé universelle et gratuite. Un pas en avant pour le Chili, une alerte pour le Brésil.
La Fundação Getúlio Vargas réalise l'enquête la plus vaste et la plus complète sur les niveaux de confiance des hommes d'affaires dans tous les secteurs. Le bilan général du dernier tour est assez pessimiste. Bien que les hommes d'affaires agissent encore - surtout dans l'industrie - avec une capacité d'inactivité d'un peu moins de 50%, même en admettant la possibilité d'une croissance économique l'année prochaine, ils mettent en garde contre les difficultés découlant de l'instabilité du pays dans lequel la présidence de la République et l'exécutif ne se prononce pas sur les variables les plus structurantes de l'économie brésilienne. C'est, sans aucun doute, une nouveauté, car la majorité de la communauté des affaires a soutenu la montée en puissance de l'actuel président et ce n'est que maintenant, visiblement, qu'elle manifeste son mécontentement enrobé de désespoir.
Sur l'environnement, les affrontements entre le ministre Ricardo Salles et Luiz Eduardo Ramos, le secrétaire général du gouvernement, se poursuivent. L'incident a prouvé la force de Salles, car sa position n'a pas été ébranlée par les offenses contre le général, un ami de longue date du président Bolsonaro. Salles appartient à l'un des groupes issus du soutien idéologique à la montée au pouvoir de Bolsonaro. Il lui sera difficile de quitter le gouvernement, et le général devra obéir aux ordres et accepter les excuses en lambeaux du ministre qui l'appelait "Maria Gossip".
Sur la question de l'environnement, il devient de plus en plus évident que les incendies résultent d'opérations d'accaparement des terres, avec la formation d'associations d'agriculteurs de droite, qui, pour le compte des grands propriétaires terriens, pratiquent l'accaparement des terres et étendent ainsi la frontières agricoles du pays par des méthodes illégales. Cela a conduit à une violence croissante, comme en témoigne le meurtre la semaine dernière d'un des dirigeants du MST au Paraná. C'est de mauvais augure pour les relations dans la campagne brésilienne.
Les élections municipales se nationalisent, notamment à Rio et São Paulo. La question est : Bolsonaro est-il un bon parrain ? Apparemment non, puisque leurs candidats ne sont en tête des sondages ni à Rio ni à São Paulo. Sans oublier d'autres villes, comme Belo Horizonte et Porto Alegre, où les dirigeants locaux sont plus indépendants de l'exécutif national.
Enfin, il convient de noter que le revenu du citoyen qui remplacerait ou remplacera la Bolsa Família est dans une très grave impasse. Une indécision quant à la modification ou non du plafond de dépenses créé dans le gouvernement Temer, comme point principal du programme Ponte Para o Futuro. Comme alternative, des propositions de légalisation des jeux de hasard circulent au Sénat, un ancien drapeau du sénateur Ciro Nogueira, du PP de Piauí, refait par d'autres sénateurs, et qui devrait voir le jour sous peu. On estime que la légalisation des jeux d'argent illégaux apporterait au gouvernement des revenus compris entre 50 et 80 milliards de reais, ce qui résoudrait le problème du manque de ressources pour le revenu du citoyen.
*Benicio Viero Schmidt est professeur de sociologie à la retraite à l'UnB. Auteur, entre autres livres, de L'État et la politique urbaine au Brésil (LP&M).