Par AMAURY CÉSAR MORAES*

Commentaire sur le livre de John Dewey

Personne dans les temps modernes n'a eu une influence aussi grande et durable sur l'éducation que John Dewey (1859-1952). Parmi nous, Fernando de Azevedo, Anísio Teixeira, Lourenço Filho et Paulo Freire, entre autres, en action ou en réflexion, ont été marqués par sa pensée. New School ou Progressive School – ici appelée « progressiste » ou nouvelle école –, a commencé à appeler plus qu'une mode, une conception et des pratiques éducatives en fait.

Fonctionnant comme des lignes directrices générales pour la pratique et la correction de trajectoire, cette expérience et éducation il est stratégique pour qui veut connaître les origines de cette proposition de renouveau pédagogique. Il s'agit d'une conférence présentée en 1938 par Dewey, publiée immédiatement, et rééditée en 1998, en commémoration du 60e. anniversaire de la conférence.

La présente traduction reproduit l'intégralité de l'édition commémorative, avec la « Présentation » et le « Commentaire critique » de 1998, ce qui apporte un plus grand intérêt à la variété des points de vue et des évaluations sur l'école progressiste aux États-Unis. La traduction de Renata Gaspar est assez efficace et adéquate, se rapprochant du texte original sans devenir incompréhensible. De plus, c'est une conférence pour « les éducateurs professionnels et le grand public ».

Contrairement à la traduction d'Anísio Teixeira, de 1971, celle-ci conserve les intertitres qui divisent les chapitres, en maintenant l'objectif didactique du texte original, et le ton incisif donné à chaque paragraphe, indiquant une thèse ou un principe de sa philosophie - un autre avantage par rapport à l'édition précédente. Il y a plus de soin avec la contextualisation des exemples. C'est le cas de la traduction d'un passage qui, traitant de l'abîme entre adultes et jeunes, devient plus compréhensible : « C'est à eux (élèves) de s'en occuper et d'apprendre, tout comme la mission des six cents Les soldats confédérés devaient se battre et mourir". L'édition de Teixeira manque de « soldats confédérés ».

Répondant à la demande du conseil d'administration de Kappa Delta Pi - "débattre de certaines questions controversées qui divisent l'éducation américaine" - Dewey résume la confrontation entre l'éducation progressiste et traditionnelle. Voici, bien esquissés, les principes et les pratiques qui caractérisent chaque conception, redécouvrant des expressions et des oppositions qui aujourd'hui, en tant que sédiments qui forment le discours pédagogique, nous ne saurions même pas quelle serait leur origine.

Un exemple sommaire l'explique : « La culture et l'expression de l'individualité s'opposent à l'imposition du haut vers le bas ; l'activité libre s'oppose à la discipline extérieure ; apprendre de l'expérience plutôt que d'apprendre des textes et des enseignants ; l'acquisition d'habiletés et de techniques comme moyen d'atteindre des fins qui correspondent aux besoins directs et vitaux de l'élève, par opposition à leur acquisition par l'exercice et l'entraînement ; tirer le meilleur parti des opportunités présentes s'oppose à préparer un avenir plus ou moins lointain ; contact avec un monde en perpétuel changement en opposition à des objectifs et des matériaux statiques.

Approfondissant la critique, il présente une série de questions sur les méfaits de l'école traditionnelle : « combien d'élèves, par exemple, sont devenus insensibles à certaines idées, et combien ont perdu la motivation d'apprendre à cause de la façon dont ils ont vécu l'apprentissage ». processus? (…) Combien en sont venus à associer le processus d'apprentissage à quelque chose de fastidieux et ennuyeux ? (…) Combien en sont venus à associer les livres à une tâche tellement ennuyeuse qu'ils sont « conditionnés » à des lectures rapides et occasionnelles ?

La démocratie et l'expérience sont au centre du débat. L'école progressiste vise une « démocratisation de l'enseignement », contre la réalité autoritaire et autocratique de l'école traditionnelle. Cela conduit à un changement dans l'éducation: do professeur, do l'enseignement et da la matière pour l'étudiant, pour le processus d'apprentissage, et pour expérience, mais cette transition ne signifie pas une liberté excessive, un manque de planification et de direction. Bien qu'il existe « une relation intime et nécessaire » entre l'expérience et l'éducation, celles-ci « ne sont pas directement équivalentes », car « certaines expériences ne sont pas éducatives » – tout dépend de la qualité des expériences.

L'éducation traditionnelle fait vivre de mauvaises expériences, car la relation entre l'expérience passée (héritage culturel à transmettre) et l'avenir (pour lequel les jeunes sont préparés) n'est pas une relation de connexion, mais une abstraction, s'imposant à travers un cursus extérieur au présent. vie. L'expérience à la nouvelle école a le présent comme référence, un lien nécessaire entre le passé et le futur, dans une continuum. La continuité est donc l'une des caractéristiques fondamentales de l'expérience éducative. L'autre est l'interaction : l'expérience est l'interaction entre un individu, des objets et d'autres personnes, qui doit être ajustée aux besoins et aux conditions (stade de développement) des élèves afin d'avoir une « valeur éducative » - ce qui ne se produit pas dans l'éducation traditionnelle. .

John Dewey reconnaît les difficultés qu'offre le centralisme de l'expérience « lorsqu'il s'agit de penser le curriculum », considérant que « le point le plus faible des écoles progressistes est dans la question de la sélection et de l'organisation intellectuelle de sa matière curriculaire ». Mais même en sachant que "sans une conception claire de l'expérience" qui guide un plan de décisions en matière de programmes, de méthodes d'enseignement, de ressources disciplinaires et didactiques et d'organisation sociale de l'école, le texte ne trouve pas une conception claire et objective de ce qui est éducatif expérience.

Nous sommes plus proches d'une philosophie de l'éducation que d'une discussion sur les méthodologies d'enseignement – ​​du moins dans les limites de cet ouvrage. Dans les termes de John Dewey, il est difficile, à partir d'une éducation basée sur ce qui « est incorporé dans les livres et dans la tête des générations précédentes », qui est « enseignée comme un produit fini », d'imaginer ce qui serait le cursus centré sur les expériences. L'alternative à l'école traditionnelle « est d'utiliser systématiquement la méthode scientifique comme norme et comme idéal pour l'exploration intelligente du potentiel inhérent à l'expérience ». Vérifier.

Les enseignants qui ont adhéré à la proposition et n'étaient pas suffisamment préparés à la tâche et les responsables de la politique éducative qui n'ont pas apporté le soutien nécessaire à la mise en place d'écoles progressistes expliquent, selon Darling-Hammond, le relatif échec pratique de ces écoles. Mais de telles vicissitudes affectent toutes les philosophies de l'éducation lors du passage de la théorie à la pratique. Cependant, au fil du temps, ses principes deviennent des sédiments du discours pédagogique.

* Amaury César de Moraes Il est professeur à la faculté d'éducation de l'USP. Auteur, entre autres livres, de Philosophie : exercices de lecture (De la lecture).

Initialement publié le Journal des critiques n^o. 10, novembre 2010.

Référence

John Dewey. expérience et éducation. Traduction : Renata Gaspar. Pétropolis. Voix, 166 pages.