Fernand Braudel

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Par LINCOLN SECCO*

Considérations sur la trajectoire intellectuelle de l'historien français

"Toute progression lente finit un jour, le temps des vraies révolutions est aussi celui qui voit fleurir les roses" (Fernand Braudel).

Imaginons être à São Paulo lors d'une conférence le 9 octobre 1935, dans la salle João Mendes Júnior, à la Faculté de Droit de l'Université de São Paulo. Le conférencier est Fernand Paul Braudel. Son sujet est Anatole La France et l'Histoire (Braudel, 1935).

Le professeur de l'USP, à un moment donné, cite un passage d'Anatole France : « Et puis Jérôme Coignard raconte la délicieuse anecdote de ce roi de Perse qui, en montant sur le trône – la jeunesse vit d'illusions – a voulu, pour mieux orienter son pays, découvrez l'histoire des hommes et laissez-vous inspirer par leurs enseignements. Au bout de vingt ans, ses savants – qui, en Perse, montraient une lenteur rappelant l'académie de Richelieu – apportèrent au roi, soucieux de vérités historiques, une interminable caravane de chameaux transportant six mille volumes… Se plaignant au souverain qu'un résumé est- le même apporta à lui vingt ans plus tard sous l'aspect imposant d'une bibliothèque de cinq cents volumes.

- Je peux dire sans fausse modestie avoir été succinct, renseigne le secrétaire perpétuel.

- Eh bien, ça n'a pas encore suffi, répond le roi. Je suis en fin de vie. Résumez encore, raccourcissez davantage, si vous voulez que j'apprenne, avant de mourir, l'histoire des hommes. Il revit le secrétaire perpétuel devant le palais cinq ans plus tard. Marchant sur des béquilles, il tenait par le licol un âne portant un gros livre.

- Dépêche-toi, lui dit un officier, le roi est mourant. Le roi était, en effet, sur son lit de mort. Il se tourna vers l'érudit, jeta un regard presque vide sur l'épais livre et dit en soupirant :

– Je mourrai donc sans connaître l'histoire des hommes !

- Monsieur, répondit le sage presque aussi mourant qu'il était, je vais le résumer en trois mots : "ils sont nés, ils ont souffert et ils sont morts".

Et c'est ainsi que le roi de Perse apprit, assez tardivement, l'histoire universelle.

Em le méditéranéen Braudel avait déjà conscience d'un schéma tripartite de longue date, mouvements de décor et histoire d'événements, fugitifs et trompeurs, comme il le dira plus tard. C'est lui-même qui se souvient des lucioles de Bahia qui lui montraient la fugacité des événements, qui se succèdent en masse, sans jamais éclairer la nuit. Cette vision d'une histoire au rythme lent, où les inégalités et la souffrance humaine sont constantes, où la réalité la plus permanente est le quotidien des gens ordinaires (et tous les gens sont ou ont leur dimension commune) n'était peut-être pas encore élaborée chez le professeur à USP et même pas dans l'anecdote d'Anatole France, mais leurs témoignages et les marques de leur présence dans les travaux de certains historiens brésiliens ont révélé le rôle crucial de l'expérience brésilienne dans l'élargissement de leur vision des espaces et de l'histoire.

La présence de Fernand Paul Braudel (1902-1985) à l'Université de São Paulo s'est déroulée en deux périodes : 1935-1937 et entre mai et décembre 1947. Il était encore un historien sans œuvre. ton gros livre La Méditerranée et le monde méditerranéen au temps de Philippe II il sortira en 1949 et ne sera publié au Brésil qu'en 2016. Pourtant, c'est une œuvre conçue en grande partie dans l'interrègne entre ses deux séjours au Brésil. Au cours des décennies suivantes, il se consacrera au travail Civilisation matérielle et capitalisme.

Son curriculum vitae remis à la Faculté de Philosophie, Sciences et Lettres (FFCL) enregistre peu de publications (Anuário 1934-1935). Il avait déjà une expérience d'enseignement dans des lycées en Algérie et en France. Son expérience algérienne est interrompue par le service militaire en Rhénanie en 1925-1926, mais elle dure dix ans.

En tant que membre de la mission française qui a participé à la fondation de la FFCL à l'USP, il a eu Alice Pieffer Canabrava, Astrogildo Rodrigues de Mello, Eduardo D'Oliveira França, Eurípedes Simões de Paula, Odilon Nogueira de Matos comme étudiants, puis professeurs à l'Université de São Paulo, et Caio Prado Júnior, entre autres (Martinez, 2002).

La thèse d'Eduardo D'Oliveira França, qui se définit comme « une idée et une méthode au service de l'idée », s'est structurée dans la perspective braudélienne : le siècle baroque ; la conjoncture de la Restauration portugaise ; et la « révolution de 1640 » (France, 1951). Les leçons de Braudel et des géographes français peuvent aussi expliquer l'accent mis par Caio Prado Junior sur l'étude de la circulation économique. Même un certain éclectisme que les Européens ont tendance, non sans préjugés, à critiquer dans la production latino-américaine et qui est aussi une marque de l'USP, se manifeste dans une superposition du marxisme à la géographie française, chez Caio Prado Junior.

L'œuvre même de Braudel, on le verra, ne pourrait-elle pas être accusée d'éclectisme, s'il y avait quelque part de la pensée pure, si notre discipline n'empruntait pas souvent son vocabulaire et ses méthodologies ? Les historiens n'ont-ils pas besoin de se sentir proches de la réalité, aussi mobile soit-elle ? A l'abri d'une systématicité que les faits démontent parfois ? Et les sociologues français ne (ré)inventent pas, ne déplacent-ils pas sans cesse de vieux concepts d'origines différentes comme s'ils étaient nouveaux ? Ne réduisent-ils pas leurs partenaires ex-coloniaux à des fournisseurs de matières premières intellectuelles pour leurs édifices théoriques ?

 

Une trajectoire en trois temps

En insérant dans la biographie intellectuelle les différents rythmes du temps qui l'ont marqué, il faut vérifier que Braudel était encore le fils d'une région, la Lorraine, marquée par une vie matérielle presque intacte. Paysan. Traditionnel. Sur le plan conjoncturel, il sort diplômé du primaire et du supérieur face au défi allemand. Conjoncture marquée par trois guerres : la franco-prussienne de 1870-71 ; la guerre de 1914-1918 ; et la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). Enfin, l'écriture de son livre s'est faite lors de ce dernier conflit. Chaque couche de cette histoire se trouve dans son livre.

Braudel a créé une œuvre à trois niveaux : géographique, économique et politique. Opéré avec la pluralité des temps longs, moyens et courts. Enfin, il a mis l'accent sur ce qu'il a appelé la longue durée. Pour ce faire, il a effectué une rotation méthodologique, abandonnant le projet initial (une histoire politique de l'époque du roi espagnol Felipe II), pour embrasser la mer comme sujet d'une histoire qui n'apparaissait qu'à peine pour ces récits de rois et de batailles.

On ne peut pas simplement dater le moment de ce renversement et une multitude d'éléments y ont contribué. Son travail dans les archives de Simancas (Espagne) depuis 1927 s'appuyait sur un appareil de cinéma acheté à Alger avec lequel il parvenait à filmer trois mille pages par jour et à les développer la nuit. Mais en 1936, la situation politique envahit son atelier d'historien.

Ne cachons pas les chances. La guerre civile commence en cette année 1936 et les archives espagnoles ne sont plus consultables. Braudel se rend dans l'ancienne Raguse (Dubrovnik), ville vassale de Venise. Ce sont les archives de cette ville qui lui permettent de mettre en valeur les conjonctures économiques, les documents sur le fret maritime, les assurances, les marchandises, les monnaies.

Ainsi, il passe de l'histoire politique à l'histoire économique et de là à l'histoire géographique. Et voilà, la politique envahit une fois de plus l'écriture de son livre. Au 1er. A partir de septembre, les Allemands occupent la Pologne et la période allant de la déclaration de guerre de la France et de l'Angleterre du 3 septembre 1939 au 22 juin 1940 (capitulation de la France) est appelée « drôle de guerre ». Une attente résignée pour un énième conflit que la population voulait éviter.

La conception de la thèse soutenue à la Sorbonne, en 1947, eut lieu dans un camp de concentration et quelques originaux furent envoyés à l'historien Lucien Febvre. Coincé dans un camp d'officiers, loin de la Méditerranée, Braudel l'a décrit sans le voir, le peignant en de multiples endroits, avec des passages de mémoire. C'est ainsi que le peu de temps l'oblige à voir sans regarder et à reconstituer les espaces maritimes à travers une documentation pas toujours à portée de main. Cela l'a amené à rechercher les rythmes climatiques dans les sources diplomatiques, par exemple. Une mer hostile dans la phase hivernale signifiait que les guerres se déroulaient dans la saison chaude et les traités de paix étaient datés dans la phase froide et pluvieuse de la Méditerranée.

Sa géographie n'était plus une scène inerte sur laquelle se racontait alors une histoire. Il s'inspire des géographes allemands et, bien sûr, du maître français Vidal de La Blache. C'est ce qui lui donne la conception d'une Europe qui est une péninsule et dont la proximité des mers et des fleuves facilite la circulation entre le nord et le sud du continent (Lira, 2012).

Braudel étend sa Méditerranée à ce qu'il appelle l'économie mondiale, un espace économique centré sur lui-même, avec un ou exceptionnellement plusieurs pôles dynamiques. Sa description est celle d'un espace mouvant : culture arboricole, cultures de brousse (oliviers, figuiers) sur les versants (pentes), pâturage (qui fleurit dans la crise de l'arbiculture) et agriculture. L'espace est un ensemble d'ensembles : atmosphérique, terrestre, hydrographique et biogéographique (Aguirre Rojas, 1997, p. 81). Autant que les économies ou encore la dialectique entre les « infidèles » et la chrétienté au temps de Charles Quint. Une politique dictée par des empires qui se regardaient, se touchaient dans d'innombrables escarmouches, se livraient même à Lépante le 7 octobre 1571 ; mais elles révèlent des réalités profondes. La mer Ionienne sépare la Méditerranée en deux zones d'histoire. La bonne saison arrive plus tôt en Méditerranée orientale et les Turcs s'approvisionnent encore sur l'archipel (la mer Égée), plein d'îles et de nourriture. Et pourtant, les flux de l'économie favorisent de plus en plus l'Occident.

Braudel n'a pas de décision définitive sur la détermination de l'action humaine à travers les espaces. Il ne peut ignorer certains conditionnements. Le tracé d'un littoral méditerranéen plus entrecoupé que celui de l'Afrique du Nord (péninsules, baies, îles, ports) facilitait la navigation côtière et donc le commerce. Les terres déboisées du nord de l'Europe ont donné naissance à des sociétés plus « démocratiques », contrairement à ce que l'on observe dans l'occupation des plaines méditerranéennes. Une hache suffit à abattre les arbres, mais la conquête des plaines ne peut se faire sans l'aide des riches et des puissants et l'exploitation d'une vaste main-d'œuvre. La montagne est l'espace des fugitifs tandis que la plaine cherche à tout contrôler.

La position géographique excentrique de Constantinople ne lui permettait pas de dominer toute la Méditerranée (Lot, 1927, p.65). Deffontaines, collègue de Braudel à l'USP, a montré que le rôle des terres intérieures était important dans la formation des grands États méditerranéens. La Turquie a prospéré sur le plateau anatolien ; L'Espagne était unifiée par la Castille ; en Italie (plus tard) par le Piémont. Mais je pourrais ajouter, par opposition à un déterminisme pur et simple, que l'ex-Yougoslavie, à l'unité de laquelle un géographe portugais a cru trop tôt (Ribeiro, 1987, p. 59.), n'a été apprivoisée par la Serbie que dans une conjoncture passagère de la XNUMXe siècle pour devenir défaire plus tard. Pour toujours?

Braudel a maintenu son penchant pour un certain déterminisme dans son autre grand ouvrage Civilisation matérielle et capitalisme. Il y montre comment la lenteur de l'espace détermine la faible vitesse de circulation des devises, la faible liquidité et l'adoption du crédit (Braudel, F. 1998, p. 223) ; cité des « ouvrages quasi irréversibles » jusqu'au XVIIIe siècle ; il décrit les plantes de civilisation comme organisatrices de la vie matérielle et parfois de la « vie psychique », après tout la culture du maïs est très productive, sa croissance est rapide (Braudel, F. 1998, p. 92). Le temps libre des paysans permettait de les consacrer à des travaux soumis à la tyrannie des États chez les Mayas et les Aztèques (Braudel, F. 1998, p. 141). Les hommes sont à blâmer, mais le maïs est aussi à blâmer, disait-il.

Pourtant, les espaces sont humains. Son déterminisme n'est pas purement physique, mais de l'être humain lui-même. Braudel a trouvé dans la géographie allemande l'idée que « nous sommes en quelque sorte prisonniers des choix de ceux qui nous ont précédés ». C'est ce que Braudel appelait les « prisons de longue durée » et qui ne se limitent pas au cadre naturel (Paris, 1999, p. 322). Le relief méditerranéen marqué par la relation entre plaines et montagnes a toujours été un espace de mouvement dicté par la transhumance. C'est une histoire et non une simple description physique, au point où l'on trouve un village bosniaque (Dedijer) qui pratiquait l'islam en hiver (sous contrôle turc) et le christianisme en été (sur la montagne) (Blache, 1933, p. 23 )…

Ce que Braudel postulait était un nouveau déterminisme historique. Celui qui dure longtemps. Mais il s'agit d'une détermination au sein de chaque ensemble de phénomènes et non entre différents ordres de phénomènes (Aguirre Rojas, pp. 44-45). Ainsi, on ne voit pas chez Braudel une détermination de la totalité sociale par la sphère économique ou géographique, puisque les structures peuvent être économiques, géographiques, politiques, etc. Certains aspects de la littérature brésilienne peuvent être considérés comme une réalité durable et le modernisme comme une conjoncture. Ainsi que la publication de Macunaima c'est un événement. Qu'elle soit pertinente ou non, qu'elle provienne ou non d'un souvenir ultérieur, peu importe ici. Il y a des événements géographiques ou économiques comme le tremblement de terre de Lisbonne ou la crise boursière de New York ; et les aspects à long terme de l'histoire politique tels que la dyade gauche-droite.

 

le long terme

La longue durée est un rythme et non une période. Dans son œuvre de maturité, Braudel révèle à la base de la société une vie matérielle dominante jusqu'au XVIIIe siècle (non-économie ou contre-marché), dont s'alimentent les étages supérieurs. Vient ensuite le marché, l'espace d'échange qui relie les villes voisines, les villages et la campagne environnante, les foires, les opérations d'échange, la production de pièces de monnaie, etc. Enfin, le capitalisme : une fine couche de privilégiés qui monopolisent les marchés, explorent différents modes de production, font du commerce à longue distance et jouent à l'étage supérieur des foires : les bourses.

Le défi proposé à Braudel est venu d'un autre ancien collègue de l'USP, Lévi-Strauss. L'anthropologie a tiré de ses observations des structures de parenté élémentaires et non historiques ; La linguistique de Saussure avait déjà découvert ses « atomes » dans les sons de la parole et la phonologie de Troubetskoï se développait. L'idée que les problèmes humains pouvaient être réduits à des réalités élémentaires et appréhendées par des relations synchroniques entre éléments au sein de systèmes remettait en question une discipline apparemment attachée à l'infinie variété de faits décousus et accidentels comme l'Histoire. Le phonème, par exemple, engendre par commutation un changement de sens dans le mot, mais lui-même est dépourvu de sens. Les mythes seraient des réalités presque hors du temps et universelles dans la pensée humaine.

On sait qu'au XVIe siècle Francis Bacon a identifié les idoles qui déformaient l'entendement humain : les idoles de la Tribu, de la Grotte, du Forum (ou marché) et du Théâtre. S'il y a une idole que Braudel évitait le plus, c'est celle du théâtre, ou plutôt celle des théories et des systèmes qui n'adhèrent pas au concret, dans « où les narrations faites pour la scène sont plus ordonnées et élégantes et sont plus agréable que les véritables récits tirés de l'histoire » (Bacon, 1984, p. 31), selon les mots de Bacon.

Pour Braudel « les historiens ont toujours une certaine difficulté à philosopher et (…) au lieu de s'élever à des idées générales souvent dangereuses pour l'intégrité de la réalité, ils multiplient les exemples particuliers » (Friedmann, 1953, p. 25). Il rédige son principal article théorique (Braudel, 1978, pp.41-77) « Histoire et sciences sociales : le long terme » dans la revue Annales : Économies, Sociétés, Civilisations en 1958. Il a été publié en portugais en 1965, traduit par Ana Maria Camargo, en Revista de História de l'USP.

La méthode braudélienne est avant tout une observation et une description fondées sur une base empirique, « sans modèles a priori » (Vieira, 2011). Les structures qu'il envisage font partie d'une histoire générale qui ne peut pas être mathématisée ; c'est une grammaire ou un modèle qui change dans le temps et selon les espaces. Par conséquent, il ne fournit pas la clé d'une langue ou d'une base presque éternelle de la nature humaine comme la linguistique. Braudel doute qu'il existe un « discours suffisamment égal à travers le temps et l'espace » (Braudel, 1998). Pour lui, « toute longue durée s'interrompt plus ou moins jour, jamais d'un coup, jamais dans son intégralité, mais des fractures surgissent » (Braudel, 1998, p. 223), ceci parce que la société est l'ensemble des ensembles et non une superstructure ou sphère d'existence séparée.

Bien qu'il entretienne tout le temps un dialogue ouvert ou implicite avec Marx, il ne considère pas le mode de production, par exemple, comme un modèle valable en permanence. Pour lui, le plan d'observation est la circulation, terme que Marx et ses prédécesseurs ont emprunté à la physiologie. On verra chez Caio Prado Junior, en revanche, un accent similaire sur la circulation sans rompre avec Marx, même si pour cette raison et pour ne pas utiliser beaucoup de catégories marxistes, il fut parfois considéré comme éclectique. Il est possible que le point de départ de Braudel et de Caio Prado ait été la lecture de Vidal de La Blache.

La production chez Marx n'est pas une simple sphère, sauf didactiquement. Tout comme le mode de vie, en géographie, n'est pas une simple structure inerte. La géographie elle-même est à la base de Marx. Le concept de mode de production n'épuise pas l'étude des formations sociales concrètes qui recouvrent et juxtaposent différentes formes productives dans le temps. Marx et Braudel, issus d'observatoires différents, recherchent la totalité.

Ce qui a conduit Braudel à remettre en question certaines définitions du capitalisme, c'est l'observation de réalités telles que le marché du travail, les luttes de classes, le sous-prolétariat, les serviteurs, les États et leur politique économique (émission de monnaie, emprunts, dette publique) avant l'ère industrielle. C'est pourquoi, pour expliquer le capitalisme « il est difficile de partir de la production, un domaine confus, à la délimitation ardue, et encore insuffisamment inventorié. La circulation, au contraire, a l'avantage d'être facile à observer » (Braudel, 1998, p. 12).

Les jeux d'échange sont la base immédiate du capitalisme et c'est une superstructure comme l'impérialisme de Lénine (Braudel, 1987, p. 91). Une toile qui retient tous ceux qui quittent l'univers de la valeur d'usage. Et elle emprisonne de plus en plus la vie matérielle elle-même, détruisant l'autoconsommation. Dans un réseau de points infinis, les villes sont les nœuds qui articulent champs et routes commerciales. L'une d'elles, en tant que cité-État ou capitale économique d'un marché national, joue le rôle de centre de l'économie mondiale.

 

L'objet de l'histoire : le décor

La sociologie ne parvient pas à bien définir son objet, qui est trop large. Qu'est-ce que la société ? L'historien, en revanche, a une « stricte dépendance au concret », il dévoile des « réalités vivantes ». Braudel interrogeait les « mathématiques sociales » dans son article sur la longue durée ; plus tard, en définissant la société comme un ensemble d'ensembles, il emprunte ironiquement l'expression aux mathématiques. Dans le méditéranéen les sociétés sont « comme les dunes, si bien collées aux traits cachés du sol : leurs grains de sable vont, viennent, volent, se rassemblent au gré des vents, mais – somme immobile d'innombrables mouvements – la dune reste à sa place » (Braudel, 2016, V. II, p. 119).

« Quand un sociologue nous dit qu'une structure ne cesse de se détruire, seulement de se reconstruire » dira plus tard Braudel, ce que nous voulons, c'est « connaître la durée précise de ces mouvements, positifs ou négatifs » (Braudel, s/d, p. 73). Guidé par l'ensemble, l'historien ne peut encore « tout présenter sur un seul plan et d'un seul mouvement. La pratique recommandable est, en divisant, de garder à l'esprit une vision globalisante : elle apparaîtra nécessairement dans l'explication, elle tendra à recréer l'unité, elle conseillera de ne pas croire à une fausse simplicité de la société » (Braudel, II, 1998 , p. 409). Certes, lors du choix d'un observatoire, par exemple celui de l'économie, « une forme d'explication unilatérale » est privilégiée.

Braudel évoque le résumé de Georges Gurvitch (Braudel, F. 1998, III, p. 9) sur la société féodale. En fait, par cette expression, nous ne comprendrions qu'un aspect du thème. Dans la base la plus ancienne des sociétés qui prévalaient entre le XIe et le XVe siècle, on trouve une société seigneuriale qui articule paysans et seigneurs ; puis une société théocratique de l'Église romaine ; puis, plus jeune, l'Etat territorial, qui s'effondre partiellement à l'époque carolingienne, mais se reconstitue ; Enfin, la féodalité est une superstructure au sommet : une chaîne de suzeraineté et de vassalité entre seigneurs.

Ce tout social change, l'Église en reste en partie libre ; l'Etat la sape progressivement ; et le paysan vit en marge des changements supérieurs, bien qu'il soit dans des milliers de bouleversements par le bas (Braudel, F. 1998, III, p. 414).

 

Retour au début

Dans les années 1970, le monde a connu la stagflation, dans laquelle l'augmentation de la demande ne correspondait pas à une augmentation de la production, mais des prix, en raison de la structure monopolistique du capitalisme. Il s'agit d'une situation très différente de la « révolution des prix » étudiée par Braudel,[I] mais il est symptomatique qu'à ce moment il développe sa thèse (troisième volume de Civilisation matérielle, économie et capitalisme) sur le capitalisme comme monopole, une superstructure dans laquelle quelques patrons s'appuient sur l'État pour maintenir le taux de profit. Ce n'est pas par hasard qu'il existe des similitudes et des différences avec la thèse de Baran et Sweezy sur le capitalisme monopoliste. Dans les pays socialistes, la théorie du capitalisme monopoliste d'État se développe.

Anachronisme? Parlons-nous d'un Braudel des années après l'USP pour expliquer ce qu'il était avant ? Tout d'abord, l'intention est de montrer les éléments de son travail qui ont été projetés bien au-delà de la génération de ses étudiants dans les années 1930 et 1940.

Deuxièmement, au lieu d'exposer une évolution linéaire oeuf ab, ne pourrions-nous pas faire autrement ? De ce travail de maturité, de votre anatomie, reprendre votre programme de cours à l'USP et comprendre vos conceptions initiales ? Nous y avons surpris le professeur Braudel en déclarant que c'est « l'impuissance de notre esprit et non la difficulté de l'objet (…) qui nous oblige à fragmenter la réalité ». Pour lui, chaque science sociale reflète « un fragment de miroir brisé en mille morceaux ». En découpant un objet qui est intégral, mais ne se révèle que par parties, les sciences insèrent leurs sondes dans le sol social. L'histoire, au contraire, articule ces différents sondages, accompagne parfois l'un d'eux et prend une zone des sciences comme poste d'observation, mais situe son objet dans les différents temps de l'existence humaine.

Le problème de l'historien est de parler de ce qui n'existe plus, avec des lacunes documentaires, mais justement pour cette raison il ne lui reste plus qu'à avoir pour horizon « la totalité de la vie sociale qu'il cherche et recompose, sans avoir à sa disposition ni l'objet ou le miroir, un qui n'existe plus, un autre qui n'appartient pas à ce monde » : « Si l'histoire est susceptible d'être une science, ce n'est pas parce qu'elle fixe tel ou tel point, mais parce qu'elle nous conduit à vérifications générales sur la société, marquant les ressemblances par des accidents particuliers. C'est dans ces rares moments qu'elle semble nous donner la certitude de reconstituer le miroir dans son intégralité » (Braudel, 2002, pp. 61-8).

Dans cette Histoire braudélienne, les êtres humains sont pardonnés. Ils vivent résignés dans un quotidien infiniment répété. Quand il a écrit son œuvre Civilisation matérielle, économie et capitalisme, il les revoyait prisonniers des cycles de Kondratiev, d'une longue dépression accompagnée peut-être d'une inclinaison du tendance séculaire vers le bas. Dans ce contexte, que peuvent faire les gouvernements et les sociétés ? Les chutes des taux de profit, malgré des poussées qui ne retrouvent pas leur niveau antérieur, seraient implacables comme une ère glaciaire.

 

Événements

L'« individu est très souvent, dans l'histoire, une abstraction », dit Braudel dans son leçon d'introduction au Collège de France en décembre 1950. Il ne s'agit pas d'abandonner les événements, qui se vivent à l'échelle des individus, mais de les dépasser. Le temps n'est pas simplement une autre instance dans un cadre structurel. Toutes les structures (spatiales, sociales, voire individuelles) sont traversées par divers rythmes du temps.

Cette histoire mouvementée qu'il aurait évitée dans les années 1940 pour se réfugier longtemps des aléas de la guerre, n'a jamais été abandonnée. La bataille de Lépante est restée dans son livre de 1949 autant que la levée du siège de Malte, une des plus belles pages de la troisième partie. Plus tard, Braudel dira que de grands événements suivirent, comme la bataille de Plassey (1757) qui marqua la soumission de l'Inde ou la guerre de l'opium (Braudel, F. v. I, 1997, p.86).

En homme de son temps et ébloui par les lucioles qui s'allument et s'éteignent sans jamais éclairer la nuit profonde de l'histoire, il ne croyait toujours pas à la décentralisation de l'économie mondiale au détriment des États-Unis et en faveur du Pacifique, malgré le lent déclin séculaire qu'il prédisait. Qu'aurait dit Braudel à propos du 11 septembre ? Et la Chine n'est-elle pas un exemple braudélien d'économie de marché qui tente de remplacer le capitalisme par une régulation étatique ?

L'utopie des marchés locaux libres, articulée par une autre forme que le capitalisme, pourrait bien être extraite du schéma tripartite de Braudel. Comme certains Jacobins, comme Proudhon, peut-être a-t-il finalement vu le capitalisme d'un point de vue moral comme on voit le thésauriseur tant détesté dans le Paris de la Révolution.

Pourtant, le capitalisme ne crée pas les inégalités, les luttes entre classes plus ou moins conscientes, la trahison des bourgeoisies de deuxième ou troisième génération qui s'ennoblissent. En tant que visiteur nocturne, il apprécie et explore les modes de production qu'il trouve ; il conjugue les inégalités des espaces, valorise et multiplie les misères, les privilèges, les tricheries.

Lorsqu'il a vécu dix ans en Algérie occupée, Braudel n'a pas remis en cause le colonialisme, mais dans son œuvre de maturité, déjà marquée par la guerre d'Algérie, il a dit que « ce n'est pas l'Europe qui va découvrir l'Amérique ou l'Afrique (…). Les découvreurs de l'Afrique centrale au XIXe siècle, jadis tant vantés, voyageaient sur le dos de porteurs noirs (…). Aussi les découvreurs du continent sud-américain, même les bandeirantes de São Paulo (...) et dont l'épopée, tout au long des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, est admirable, se sont limités à redécouvrir les anciennes pistes et cours d'eau des pirogues utilisées par les Indiens, et ce sont généralement (…) les Mamelouks qui les guident » (Braudel, F. v. I, 1997, p. 50). N'oublions pas la citation de l'histoire des sertanistas sud-américains qu'il a rencontrés lors de son séjour à São Paulo dans les années 1930.

C'est avant tout un jeu de forces et les capitalistes, dès leur plus jeune âge, se sont rapprochés de l'Etat et l'ont utilisé. Ils sont multi-investisseurs et ne limitent pas leur investissement à une seule branche.

A ses côtés, Braudel voit des bandits, des serviteurs, des esclaves, des mutilés, des mendiants, des vagabonds et toute la misérable parade. Venise marque ceux qui sont nés dans la ville pour expulser ceux de l'extérieur. La dureté des riches a sa contrepartie dans les explosions de colère populaire. De 1301 à 1550, deux cents émeutes dans cent villes allemandes ; à Lyon il y en a 126 entre 1173 et 1530 ; en Aquitaine il y a 500 événements entre 1590 et 1715 (Braudel, III, 1998, p. 441). La réalité de long terme la plus marquante est avant tout les hiérarchies sociales, l'inégalité que le capitalisme pousse aux limites du possible. Il n'y a pas de système qui n'ait pas ses informels.

 

conjoncture

L'idée de longue durée et celle de temps tripartites, multiples et solidaires ont résonné chez les premiers historiens de l'USP, comme Eduardo D'Oliveira França ou encore Sérgio Buarque de Holanda, malgré la variété des références de cet auteur. Dans les années 1960 et 1970, le marxisme prédomine, mais soutenu par un auteur qui consigne également dans son ouvrage une analyse raffinée de la dialectique des temps historiques et de la centralité catégorique de la circulation pour la compréhension d'un pays colonial, dont le centre productif dynamique est à l'étranger : Pré de Caio Junior. Dans un troisième temps, l'incidence braudélienne s'est multipliée parfois sous-jacente aux études géographiques et historiographiques.[Ii]

Le nouveau défi n'est plus le structuralisme, mais le rôle d'une Histoire de l'ambition totalisante face à une forte réaction au savoir scientifique et à l'objectivité historique. Événements, conjonctures et structures formaient pour Braudel un ensemble solidaire.

Ensemble de conditions simultanées, mais d'âges et de rythmes différents, la conjoncture est le point d'intersection où les événements peuvent manifester des fractures ou des résistances structurelles. Pour citer un Gramscien, c'est la « rencontre de temporalités spécifiques qui conduisent à un événement » et l'Histoire « est l'outil qui permet de lire à la fois l'événement et la structure, dans sa forme conjoncturelle » (Portantiero, 1983, p. 179).

Dans les années 1990, j'ai rejoint un groupe d'étude à l'USP avec Paulo H. Martinez et Bernardo Ricupero, dans lequel nous lisons le méditéranéen. Nous étions trois marxistes découvrant Braudel. Nous avons erré entre les librairies d'occasion et la compagnie des historiens du Centre de documentation Unesp, à Praça da Sé. Parmi eux, le professeur Ana Maria Martinez Correa, élève d'Eduardo D'Oliveira França, dont nous avons également étudié le travail.

Nous avons tous fini par étudier le travail de Caio Prado Júnior. Mais j'ai aussi essayé, dans ma thèse de doctorat, d'analyser la situation de crise du dernier empire colonial portugais et la révolution des œillets, qui a eu lieu le 25 avril 1974 (Secco, 2004). J'ai essayé de lire à la fois une révolution (un événement) et les structures durables qui auraient pu arrêter la radicalisation du processus politique.

Fernand Braudel était présent, bien que mon optimisme de volonté me ramène toujours à cette affirmation de Sartre que Braudel vantait mais doutait : la fin des hiérarchies sociales. Les révolutions changent, mais pas tous les ensembles sociaux à la fois. Mais il n'y a pas non plus de durée qui ne s'achève et ne voit fleurir les œillets d'avril.

*Lincoln Secco Il est professeur au département d'histoire de l'USP. Auteur, entre autres livres, de Histoire du TP (Studio).

Initialement publié le Magazine de l'USP no. 133, 2022.

 

Références


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Vieira, Rosangela L. « Économie politique des systèmes-monde et nouvelles perspectives de recherche pour l'histoire économique ». Anais do XXVI Symposium national d'histoire –ANPUH • São Paulo, juillet 2011.

 

notes


[I] Le XVIe siècle est inflationniste en raison de l'afflux de métaux précieux d'Amérique, de la création de la demande coloniale, de la croissance démographique, de la surexploitation de la main-d'œuvre indigène dans la production des métaux précieux (baisse de leur valeur unitaire), de l'utilisation du mercure (1557) , etc. Voir Vilar, 1974.

[Ii] Hypothèse qui attend une étude de réception. Parmi les géographes de l'USP, je mets en avant Milton Santos et Antonio Carlos Robert de Moares.

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