Par CHRIS HAIES*
Israël n'exerce pas « le droit de se défendre » mais commet des meurtres de masse
Presque tous les mots et expressions utilisés par les démocrates, les républicains et les têtes parlantes dans les médias pour décrire les troubles à l'intérieur d'Israël et l'assaut israélien le plus violent contre les Palestiniens depuis les attaques de 2014 contre Gaza, qui ont duré 51 jours et tué plus de 2.200 551 Palestiniens, dont 38 les enfants, sont un mensonge. Israël, employant sa machine militaire contre une population occupée qui manque d'unités mécanisées, d'une armée de l'air, d'une marine, de missiles, d'artillerie lourde et d'un système de commandement et de contrôle, sans parler d'un engagement américain à fournir un ensemble complet d'aides à la défense de XNUMX milliards de dollars. à Israël au cours de la prochaine décennie, n'exerce pas "le droit de se défendre". Vous menez des meurtres de masse. C'est un crime de guerre.
Israël a clairement indiqué qu'il était prêt à détruire et à tuer aussi arbitrairement maintenant qu'il l'était en 2014. Benny Gantz, qui était chef d'état-major lors de l'attaque meurtrière contre Gaza en 2014, a promis que si le Hamas "n'arrête pas la violence, le coup d'État de 2021 sera plus dur et plus douloureux que celui de 2014". Les attaques actuelles ont déjà touché plusieurs bâtiments résidentiels, notamment ceux abritant plusieurs agences de presse locales et internationales, des bâtiments gouvernementaux, des routes, des équipements publics, des terres agricoles, deux écoles et une mosquée.
J'ai passé sept ans au Moyen-Orient en tant que correspondant, dont quatre à la tête du The New York Times dans la région. Je parle couramment l'arabe. Une fois, j'ai vécu pendant des semaines à Gaza, la plus grande prison à ciel ouvert du monde, où plus de deux millions de Palestiniens vivent au bord de la famine, luttent pour trouver de l'eau potable et résistent à la terreur israélienne constante. J'étais à Gaza lorsqu'elle a été touchée par l'artillerie et les frappes aériennes israéliennes. J'ai vu des mères et des pères, pleurant de chagrin, bercer les corps ensanglantés de leurs fils et filles. Je connais les crimes de l'occupation - les pénuries alimentaires causées par le blocus israélien, la surpopulation suffocante, l'eau contaminée, le manque de services de santé, les pannes d'électricité presque constantes dues aux attaques israéliennes contre les centrales électriques, la pauvreté paralysante, l'endémie le chômage, la peur et le désespoir. J'ai été témoin du carnage.
J'ai aussi entendu les mensonges sur Gaza émanant de Jérusalem et de Washington. L'utilisation aveugle par Israël d'armes industrielles modernes pour tuer des milliers d'innocents, blesser des milliers d'autres et laisser des dizaines de milliers de familles sans abri n'est pas une guerre : c'est une terreur parrainée par l'État. Et bien que je m'oppose aux tirs de roquettes aveugles des Palestiniens contre Israël, alors que je m'oppose également aux attentats-suicides en tant que crimes de guerre, je suis parfaitement conscient de l'énorme disparité entre la violence industrielle menée par Israël contre des Palestiniens innocents et les actes de violence minimaux susceptibles d'être perpétrés par des groupes tels que le Hamas.
La fausse équivalence entre la violence israélienne et palestinienne a fait écho pendant la guerre que j'ai couverte en Bosnie. Nous qui étions dans la ville assiégée de Sarajevo étions chaque jour écrasés par des centaines de bombes lourdes et de roquettes des Serbes environnants. Nous avons été visés par des tirs de snipers. La ville enregistre chaque jour quelques dizaines de morts et de blessés. Les forces gouvernementales à l'intérieur de la ville ont riposté avec des mortiers légers et des tirs d'armes légères. Les supporters serbes ont profité de certaines pertes causées par les forces gouvernementales bosniaques pour jouer le même sale jeu, même si plus de 90% des morts en Bosnie étaient la faute des Serbes, comme c'est également le cas d'Israël.
Le deuxième parallèle, et peut-être le plus important, est que les Serbes, comme les Israéliens, ont été les principaux violateurs du droit international. Israël enfreint plus de 30 résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. C'est en violation de l'article 33 de la quatrième Convention de Genève, qui définit la punition collective d'une population civile comme un crime de guerre. Il viole l'article 49 de la quatrième Convention de Genève en installant plus d'un demi-million d'Israéliens juifs sur les terres palestiniennes occupées et en procédant au nettoyage ethnique d'au moins 750.000 300.000 Palestiniens lors de la création de l'État israélien et de 1967 194 autres après la création de Gaza, de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie. occupé après la guerre de XNUMX. Son annexion de Jérusalem-Est et des hauteurs du Golan syrien viole le droit international, tout comme sa construction d'une barrière de sécurité en Cisjordanie qui annexe des terres palestiniennes à Israël. C'est en violation de la résolution XNUMX de l'Assemblée générale des Nations unies qui stipule que "les réfugiés palestiniens qui souhaitent rentrer chez eux et vivre en paix avec leurs voisins devraient être autorisés à le faire dès que possible".
C'est la vérité. Tout autre point de départ pour la discussion de ce qui se passe entre Israël et les Palestiniens est un mensonge.
Le mouvement pacifiste et la gauche politique israéliens autrefois dynamiques, qui ont condamné et protesté contre l'occupation israélienne lorsque je vivais à Jérusalem, sont en train de mourir. Le gouvernement de droite Netanyahu, malgré sa rhétorique sur la lutte contre le terrorisme, a construit une alliance avec le régime répressif d'Arabie saoudite, qui considère également l'Iran comme un ennemi. L'Arabie saoudite, un pays qui a produit 15 des 19 pirates de l'air lors des attentats du 11 septembre, est réputée pour être le sponsor le plus prolifique du terrorisme islamique communauté internationale, qui soutiendraient le djihadisme salafiste, la base d'Al-Qaïda et des groupes tels que Talibans en Afghanistan, le Lashkar-e-Taïba (LeT) et le Front Al-Nosra.
L'Arabie saoudite et Israël ont travaillé en étroite collaboration pour soutenir le coup d'État militaire de 2013 en Égypte dirigé par le général Adbul Fattah el Sisi. Sisi a renversé un gouvernement démocratiquement élu. Il a arrêté des dizaines de milliers de détracteurs du gouvernement, dont des journalistes et des défenseurs des droits humains, pour des motifs politiques. Le régime de Sissi collabore avec Israël pour maintenir sa frontière commune avec Gaza fermée aux Palestiniens, les piégeant dans la bande de Gaza, l'un des endroits les plus densément peuplés du monde. Le cynisme et l'hypocrisie d'Israël, surtout lorsqu'ils sont enveloppés dans le manteau de la protection de la démocratie et de la lutte contre le terrorisme, ont des proportions épiques.
Ceux qui ne sont pas juifs en Israël sont soit des citoyens de seconde classe, soit vivent sous une occupation militaire brutale. Israël n'est pas et n'a jamais été la patrie exclusive du peuple juif. Du VIIe siècle jusqu'en 1948, lorsque les colons juifs ont eu recours à la violence et au nettoyage ethnique pour créer l'État d'Israël, la Palestine était majoritairement musulmane. Ce n'était jamais une terre vide. Les Juifs de Palestine étaient traditionnellement une infime minorité. Les États-Unis ne sont pas un courtier honnête pour la paix, et ils ont financé, permis et défendu les crimes d'Israël contre le peuple palestinien. Israël ne respecte pas l'État de droit. Israël n'est pas une démocratie. C'est un état de l'apartheid.
Le fait que le mensonge d'Israël continue d'être adopté par les élites dirigeantes - il n'y a pas de divergence entre les déclarations de Nancy Pelosi et Ted Cruz en faveur des crimes de guerre israéliens - et utilisé comme base pour toute discussion sur Israël est la preuve du pouvoir corrupteur de l'argent , dans ce cas le lobby d'Israël, et l'échec d'un système politique de corruption légalisée qui a abandonné son autonomie et ses principes à ses principaux donateurs. C'est aussi un exemple étonnant de la façon dont les projets de colonisation, et c'est vrai aux États-Unis, procèdent toujours à un génocide culturel afin qu'ils puissent vivre dans un état de suspension mythologique et d'amnésie historique pour se légitimer.
Le Lobby israélien a utilisé sans vergogne son énorme influence politique pour exiger que les Américains fassent de facto serment d'allégeance à Israël. L'approbation par 35 législatures d'État de législation d'appui lobby D'Israël, exigeant de ses travailleurs et sous-traitants, sous peine de licenciement, qu'ils signent un serment pro-israélien et s'engagent à ne pas soutenir le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions c'est une moquerie de notre droit constitutionnel à la liberté d'expression. Israël a fait lobby avec le Département d'État américain pour redéfinir l'antisémitisme selon un test en trois points connu sous le nom des Trois D : élaborer des déclarations qui « diabolisent » Israël ; des déclarations appliquant des « doubles standards » à Israël ; déclarations qui «délégitiment» l'État d'Israël. Cette définition de l'antisémitisme est motivée par lobby d'Israël dans les lois des États et champs Étudiants. O lobby d'Israël espionne aux États-Unis, souvent sous la direction du ministère israélien des Affaires stratégiques, ceux qui défendent les droits des Palestiniens. Mène des campagnes publiques de diffamation et répertorie les défenseurs des droits des Palestiniens, y compris l'historien juif Norman Finkelstein; le rapporteur spécial des Nations unies pour les territoires occupés, Richard Falk, également juif ; et des étudiants universitaires, dont beaucoup sont juifs, dans des organisations telles que Students for Justice in Palestine.
Le lobby israélien a dépensé des centaines de millions de dollars pour manipuler les élections américaines, bien au-delà de tout ce qui aurait été fait par la Russie, la Chine ou tout autre pays. La forte ingérence d'Israël dans le système politique américain, qui comprend des agents et des donateurs amassant des centaines de milliers de dollars en contributions électorales dans chaque circonscription américaine pour des candidats qui répondent aux exigences des bailleurs de fonds, est documentée dans Al-Jazeera en quatre épisodes, "Le lobby”. Israël réussi à bloquer la transmission deLe lobby”. Dans le film, une copie piratée est disponible sur le site Intifada électronique, les dirigeants de lobby d'Israël sont capturés à plusieurs reprises par la caméra cachée d'un journaliste expliquant comment, soutenus par des renseignements à l'intérieur d'Israël, ils ciblent et font taire les critiques américains et utilisent des dons massifs d'argent pour acheter des politiciens. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a assuré au invitation inconstitutionnelle au président de la Chambre des représentants de l'époque, John Boehner, pour s'adresser au Congrès en 2015 et dénoncer l'accord nucléaire iranien du président Barack Obama. Le défi ouvert de Netanyahu envers Obama et l'alliance avec le Parti républicain n'a cependant pas empêché Obama d'autoriser, en 2014, un programme d'aide militaire à Israël d'une valeur de 38 milliards de dollars pendant 10 ans, un triste constat sur la façon dont la politique américaine est captive de la politique israélienne. intérêts.
L'investissement d'Israël et de ses partisans en vaut la peine, surtout si l'on considère que les États-Unis ont également dépensé plus de 6 20 milliards de dollars au cours des XNUMX dernières années pour mener des guerres futiles qu'Israël et ses lobby renforcée au Moyen-Orient. Ces guerres sont les plus grandes catastrophes stratégiques de l'histoire américaine, accélérant le déclin de l'empire américain, mettant la nation en faillite à une époque de stagnation économique et de pauvreté croissante, et retournant d'énormes parties du globe contre nous. Ils servent les intérêts d'Israël, pas les nôtres.
Plus on embrasse le faux récit israélien, plus les racistes, les fanatiques, les théoriciens du complot et les groupes haineux d'extrême droite deviennent puissants à l'intérieur et à l'extérieur d'Israël. Ce changement constant vers l'extrême droite en Israël a favorisé une alliance entre Israël et la droite chrétienne, dont beaucoup sont antisémites. Plus Israël et plus lobby d'Israël intensifient l'accusation d'antisémitisme contre ceux qui défendent les droits des Palestiniens, comme ils l'ont fait contre le chef du parti travailliste britannique, Jeremy Corbyn, plus ils encouragent les vrais antisémites.
Le racisme, y compris l'antisémitisme, est dangereux. Ce n'est pas seulement mauvais pour les Juifs. C'est mauvais pour tout le monde. Il renforce les forces obscures de la haine ethnique et religieuse à l'extrême. Le gouvernement raciste de Netanyahu a noué des alliances avec des dirigeants d'extrême droite en Hongrie, en Inde et au Brésil, et a été un proche allié de Donald Trump. Les racistes et les chauvins ethniques, comme je l'ai vu dans les guerres de l'ex-Yougoslavie, se nourrissent les uns les autres. Ils divisent les sociétés en camps polarisés et antagonistes qui ne parlent que le langage de la violence. Les djihadistes radicaux ont besoin d'Israël pour justifier leur violence, tout comme Israël a besoin de djihadistes radicaux pour justifier leur violence. Ces extrémistes sont des jumeaux idéologiques.
Cette polarisation favorise une société craintive et militarisée. Il permet aux élites dirigeantes en Israël, ainsi qu'aux États-Unis, de démanteler les libertés civiles au nom de la sécurité nationale. Israël organise des programmes de formation pour la police militaire, y compris ceux des États-Unis. C'est un acteur mondial dans l'industrie des drones de plusieurs milliards de dollars, en concurrence avec la Chine et les États-Unis.
Supervise des centaines d'entreprises de cybersurveillance dont les innovations en matière d'espionnage, selon le journal israélien Haaretz, ont été utilisés à l'étranger « pour localiser et détenir des militants des droits de l'homme, harceler des membres de la communauté LGBT, faire taire des citoyens critiques à l'égard de leurs gouvernements et même fabriquer des cas de blasphème contre l'islam dans des pays musulmans qui n'entretiennent pas de relations formelles avec Israël ».
Israël, comme les États-Unis, a été empoisonné par la psychose de la guerre permanente. Un million d'Israéliens, dont beaucoup parmi les plus éclairés et les plus éduqués, ont quitté le pays. Ses défenseurs des droits humains, ses intellectuels et ses journalistes les plus courageux – Israéliens et Palestiniens – sont sous la surveillance constante du gouvernement, des arrestations arbitraires et des campagnes de diffamation odieuses menées par le gouvernement. Des gangs et des gardes, y compris des criminels de groupes de jeunes de droite comme Im Tirtzu, attaquent physiquement des dissidents, des Palestiniens, des Arabes israéliens et des immigrants africains dans les bidonvilles de Tel-Aviv. Ces extrémistes juifs ont harcelé les Palestiniens autour de Sheikh Jarrah, exigeant leur expulsion. Ils sont soutenus par une série de groupes anti-arabes, dont le parti Otzma Yehudit, le descendant idéologique du parti interdit Kach, le mouvement Lehava, qui exige que tous les Palestiniens d'Israël et des territoires occupés soient expulsés vers les États arabes voisins, et La Family, hooligans d'extrême droite. Lehava en hébreu signifie "flamme" et est l'acronyme de "Prévention de l'assimilation en Terre Sainte". Des bandes de ces Juifs fanatiques défilent dans les quartiers palestiniens, y compris Jérusalem-Est occupée, protégée par la police israélienne, criant aux Palestiniens qui y vivent « Mort aux Arabes », qui est aussi un chant populaire lors des matchs de football israéliens.
Israël a adopté une série de lois discriminatoires contre les non-juifs qui font écho aux lois racistes de Nuremberg qui ont privé les juifs de leurs droits dans l'Allemagne nazie. La loi sur l'acceptation communautaire, par exemple, permet « aux petites villes entièrement juives de la région de Galilée de rejeter formellement les candidats à la résidence sur la base de «l'adéquation aux perspectives fondamentales de la communauté»». Le système éducatif israélien, qui commence à l'école primaire, utilise l'Holocauste pour dépeindre les Juifs comme des victimes éternelles. Cette victimisation est une machine d'endoctrinement utilisée pour justifier le racisme, l'islamophobie, le chauvinisme religieux et la déification de l'armée israélienne.
Il existe de nombreux parallèles entre les difformités qui adhèrent à Israël et les difformités qui adhèrent aux États-Unis. Les deux pays évoluent à une vitesse vertigineuse vers un fascisme du XXIe siècle masqué par un langage religieux qui abrogera ce qui reste de nos libertés civiles et éteindra nos démocraties anémiques. L'échec de l'Amérique à faire respecter l'État de droit, à exiger que les Palestiniens, impuissants et sans amis, même dans le monde arabe, se voient accorder les droits humains fondamentaux, reflète la négligence des personnes vulnérables au sein de notre propre société. Je crains que nous ne prenions le même chemin qu'Israël. Ce sera dévastateur pour les Palestiniens. Ce sera dévastateur pour nous. Et toute résistance, comme les Palestiniens nous le montrent hardiment, ne viendra que de la rue.
* Chris Hedges est journaliste. Auteur, entre autres livres, de Empire of Illusion: La fin de l'alphabétisation et le triomphe du spectacle (Livres nationaux).
Traduction: Fernando Lima das Neves
Initialement publié sur le portail Poste de Scheer.
