Louis-Auguste Blanqui

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Par OSVALDO COGGIOLA*

Un profil du révolutionnaire français, un Che Guevara du XIXe siècle

Socialisme ou République ? L'extraordinaire trajectoire de Louis-Auguste Blanqui, théoricien républicain socialiste français et révolutionnaire, a été l'expression vivante du passage de la démocratie radicale jacobine au socialisme prolétarien, associé aux noms de Marx, Lassalle et Engels (ce n'est pas un hasard, en France, ce socialisme on l'appelait « socialisme allemand »).

Né en 1805 à Puget-Théniers, Alpes-Maritimes, Louis-Auguste était le fils de Jean Dominique Blanqui, un Girondin élu à la Convention, qui participa au vote sur la peine de mort de Louis XVI, et fut emprisonné pendant la Terreur, avant de devenir sous-préfet au Premier Empire. Blanqui était d'apparence frêle et maladive, mais aussi de caractère obstiné et violent.

Il fait ses études à Paris au Collège Massin où enseigne son frère, Jérôme-Adolphe, de sept ans son aîné (penseur libéral qui deviendra l'économiste le plus célèbre de France). Déjà en 1822 (à l'âge de 17 ans) il milite contre le procès des quatre sergents de la Rochelle, accusés d'appartenir à une société conspiratrice et d'agiter dans leur caserne. Jeune étudiant à l'époque de la Restauration, Louis-Auguste rejoint en 1824 la Charbonnerie, les Carbonari, une organisation révolutionnaire qui a lutté clandestinement contre la monarchie des Bourbons.

Blanqui entre ainsi dans le monde des sociétés secrètes et des conspirations qui le rendront légendaire au XIXe siècle. Il est blessé (trois balles) en 1827 lors de manifestations étudiantes au Quartier Latin. En 1828, il tenta de partir pour la Grèce pour aider à l'insurrection de ce pays contre la domination ottomane. En 1829, il entre au journal Le Globe, fondée en 1824 par le libéral Pierre Leroux, comme sténographe puis comme éditeur. Il combattit le régime de Charles X, dans la Révolution de juillet 1830, les armes à la main ; étudiant en droit, il participe au « Comité des Écoles » qui, en janvier 1831, manifeste contre la « Monarchie de Juillet » (celle de Louis Philippe, le « roi bourgeois », qui succède à Charles X).

Arrêté, il est condamné en 1832, dans le « Procès des Quinze » en tant que membre de la Société des amis du peuple, où il s'associe à d'autres révolutionnaires, comme Philippe Buonarroti (1761-1837, descendant de Michel-Ange, vétéran de la "Conjuration des égaux" de Babeuf en 1796), François-Vincent Raspail (1794-1878) et Armand Barbès (1809- 1870 ). A la première question du juge, il répondit : « Profession, prolétaire ; domicile fixe : prison ».

Acculé dans l'interrogatoire par le magistrat, il rétorque : «Oui, Messieurs, c'est La guerre entre les riches et les pauvres : les riches l'ont vouluainsi ; ils sont eneffetles agresseurs. Seulement ils supportent comme une action supportant le fait que les pauvres s'opposent à une résistance. Ils diraient volontiers, en parlant Du peuple : cet animal est si féroce qu'il se défend quand il est attaqué».

En 1836, il était chef de la Société familiale, fondée par Barbès, condamnée à deux ans de prison pour fabrication d'explosifs. Gracié par l'amnistie de 1837, il sert dans la Société des saisons; prépare l'insurrection du 12 mai 1839 à Paris, qui échoue après la prise de la Préfecture : le bilan est de 50 morts et 190 blessés. Blanqui, arrêté, est condamné à mort en janvier 1840 (peine non exécutée). Bien qu'ayant une formation universitaire (Droit, il a également étudié la médecine), interrogé sur sa profession par le juge, il répond : « Prolétaire » – popularisant le terme d'origine latine (ceux qui n'avaient que progéniture) dans son sens contemporain (Marx l'utilisera plus tard à la fin du Manifeste communiste: "Prolétaires du monde, unissez-vous !"). Et il a dit : « Il est de mon devoir de prolétaire, privé des droits de citoyenneté, de rejeter la compétence d'un tribunal dans lequel il n'y a que des membres des classes privilégiées, qui ne sont pas mes égaux ».

Blanqui s'est battu pour le suffrage universel, l'égalité des droits entre hommes et femmes et l'abolition du travail des enfants. Il a passé 36 ans (presque la moitié de sa vie) en prison, c'est pourquoi il était connu sous le surnom de "l'incarcéré" (L'infirmière, en français). « Socialiste utopique » ? Certainement pas, en tant que partisan de l'action révolutionnaire violente (contrairement à Saint-Simon, Owen, Fourier, Considérant). Un des recueils de textes de Blanqui s'intitule Instruction pour une prise d'armes, mais aussi non marxiste, pour n'attribuer aucun rôle historique différencié à la classe ouvrière (ou à son gouvernement). Pour George Lichteim, "ce qui a rendu le blanquisme décisif dans le mouvement révolutionnaire en France, ce sont les techniques de conspiration et d'insurrection armée, et l'idée d'une brève dictature transitoire". Blanqui insiste sur la nécessité d'une étape intermédiaire de « dictature temporelle », bien qu'il ne se réfère pas à une « dictature du prolétariat ».

Blanqui, en revanche, a clairement défendu l'idée de lutte des classes, en opposition claire (et explicite) aux « utopistes » (« Il n'y a pas communauté, mais opposition, d'intérêts ; il n'y a pas d'autre rapport que la lutte entre eux »). Il fut, pour Arno Münster, « le premier à formuler – après Babeuf – la théorie de la lutte révolutionnaire des classes ». Mais il ne l'a pas fait en s'appuyant sur l'analyse de la spécificité capitaliste, mais sur la logique des jacobins les plus radicaux, qui défendaient que le droit à l'existence devait prévaloir sur le droit à la propriété. Une minorité privilégiée, pour Blanqui, viole le principe d'égalité qui prévaut dans la société primitive.

En tant que théoricien (ou « économiste ») critique du capitalisme, il souscrivait aux doctrines de la sous-consommation, comprenant que les biens étaient uniformément vendus au-dessus de leur valeur, ne croyant pas que l'accumulation capitaliste était due à l'exploitation de la classe ouvrière (haute société). valeur extorquée dans le processus de production), mais à « l'excès » que les capitalistes facturaient aux consommateurs. Le profit du capital, pour Blanqui, ne trouve pas son origine dans la sphère de la production (l'usine), mais dans la sphère de la circulation (le commerce). Il en arriva à la conclusion de la nécessité d'une économie démonétisée, dans laquelle les producteurs échangeaient leurs biens contre leur juste valeur au prix de revient, une théorie pré-proudhonienne qui avait ses racines dans un pays encore truffé de petits producteurs ruraux et urbains.

Blanqui voyait le contenu fondamental de l'histoire dans le mouvement conduisant de l'individualisme absolu des sauvages, par phases successives, au communisme, « société future » et « couronne de civilisation ». Le moyen de vaincre l'individualisme serait l'instruction (publique) : « Le travail, c'est le peuple ; l'intelligence, ce sont les hommes qui la dirigent », écrivait-il. Mais sa prédication était anticapitaliste : « Le capital, c'est du travail volé », disait-il, avant Proudhon (« La propriété, c'est du vol ») ou Marx.

L'organisation ouvrière par le biais de sociétés secrètes obéissait à la forte répression des gouvernements de la Sainte-Alliance, dans toute l'Europe. En 1844, le soulèvement des tisserands allemands en Silésie (immortalisé dans la pièce de Gerhart Hauptmann, les tisserands), a prouvé que l'agitation ouvrière s'étendait à tout le continent. En 1843, la grande organisatrice ouvrière française, Flora Tristán (fille d'une Française et d'un aristocrate péruvien), lance un appel : « Je viens proposer l'union générale des ouvriers et ouvrières, dans tout le royaume, sans distinction de métiers. Cette union aurait pour but de constituer la classe ouvrière et de construire des établissements (les Palais de l'Union des Travailleurs) répartis dans toute la France. Les enfants des deux sexes, âgés de 18 à XNUMX ans, y seraient scolarisés, et les travailleurs malades, blessés et âgés y seraient également reçus. Il y a en France cinq millions d'ouvriers et deux millions d'ouvriers ».

La peine de Blanqui est commuée en réclusion à perpétuité, il est interné au Mont Saint-Michel, puis à la prison-hôpital de Tours, et gracié en 1847. Arrivé à Paris le 25 février 1848, avec le déclenchement de la révolution, il fonde la Société républicaine centrale. Avec toute la gauche, il réclame le report des élections, organisant les manifestations du 17 mars et du 16 avril (alors qu'il était à la tête d'une manifestation de... cent mille ouvriers !). Le 22 mars, il adresse une lettre « Aux clubs démocrates de Paris », déclarant que le remplacement d'une monarchie par un système républicain ne changerait rien, s'il ne mettait pas fin à l'exploitation des ouvriers par les patrons : « La République serait un mensonge, si elle n'était que le remplacement d'une forme de gouvernement par une autre. La République, c'est l'émancipation des travailleurs, la fin du règne de l'exploitation, l'avènement d'un nouvel ordre qui libérera le travail de la tyrannie du capital ». Le patriotisme populaire doit être anti-bourgeois: « Guerre à mort entre les classes qui composent la nation ! Le parti véritablement national auquel les patriotes doivent s'unir est le parti des masses. Les bourgeois choisissent le régime qui fait fonctionner le commerce, même s'il est allié avec des étrangers ».

Le 15 mai, il tente une nouvelle insurrection, mais échoue, il est arrêté et condamné à dix ans de prison à Belle-Île-en-Mer. Alexis de Tocqueville, député conservateur, en Souvenirs de 1848, a rappelé Blanqui comme "horrible" : "Il avait des joues jaunies et ridées, des lèvres blanches, un air malade, mauvais et sale, une pâleur sale, l'apparence d'un corps en décomposition, sans ligne visible, avec une vieille levita noire collée à membres maigres et maigres; J'avais l'impression de vivre dans un égout.

Il milite à nouveau contre le Second Empire, proclamé en 1851, regroupant étudiants et ouvriers ; il jouit d'une brève liberté entre 1859 et 1861, date à laquelle il est de nouveau emprisonné à Belle-Île-en-Mer (de la prison, il adresse une lettre d'appel au comité socialiste de Londres, qui est publiée, avec une préface de Karl Marx ). De nouveau, il s'évade et se réfugie en Belgique (Bruxelles), en août 1865, pour revenir à Paris quatre ans plus tard, grâce à une amnistie générale ; continué à organiser des insurrections (en fait, putschs armées) qui s'est toujours soldée par un échec (et l'emprisonnement). Pour Anton Pannekoek, « liée à Blanqui, l'intrépide conspirateur révolutionnaire, était la partie du prolétariat qui comprenait comme nécessaire la conquête du pouvoir politique par une minorité déterminée, qui, conduisant la masse par son expérience et son activité, pouvait se maintenir au pouvoir centralisation étroite. Pour Engels, au contraire, « les blanquistes étaient, autrefois, dans la grande masse, des socialistes, doués seulement d'un instinct prolétarien-révolutionnaire ».

A la chute de Napoléon III, Blanqui réapparaît à Paris en 1870 : le 12 janvier, il tente une insurrection armée lors des funérailles de Victor Noir, le journaliste assassiné par Pierre Bonaparte (cousin de l'Empereur). Après la défaite française dans la guerre franco-prussienne (avec la bataille de Sedan, en septembre 1870), Blanqui crée un journal, La Patrie en danger, pour soutenir la résistance de Gambetta contre les Prussiens. Il participe à l'émeute du 31 octobre 1870, occupant la Préfecture de Paris pendant quelques heures : arrêté, pour cette raison, à la veille de la Commune de mars 1871, et condamné à la déportation par le gouvernement d'Adolphe Thiers, il fut interné à Clairvaux en raison de son âge (66 ans).

La majorité dans la Commune légendaire est composée de partisans de Blanqui : le « parti blanquiste » est une réalité, organisé en « sections », selon la tradition radicale jacobine de la Première République. Dit Engels : « Les membres de la Commune étaient divisés en une majorité, les blanquistes, qui prédominaient au Comité central de la Garde nationale, et une minorité, les membres de l'Association internationale des travailleurs (AIT), qui composaient le parti socialiste. école majoritairement formée de partisans des proudhoniens ».

Edouard Vaillant, académicien de la Commune, par exemple, était membre du parti blanquiste (cependant, selon Engels, « il connaissait le socialisme scientifique allemand »). Les blanquistes, qui ne faisaient pas partie de l'AIT (fondée en 1864), étaient dès le début majoritaires au Comité central de la Garde nationale, et cherchaient à renverser le gouvernement provisoire de Louis Jules Trochu et, plus tard, de Thiers. Deux fois avant le 18 mars 1871 (proclamation de la Commune), en octobre 1870 et janvier 1871, ils organisent des insurrections qui ont pour objectif explicite d'établir la Commune, mais elles échouent. Les blanquistes cultivaient une théorie du complot et "l'avant-garde" de la révolution, ils pensaient que la révolution serait menée au début par l'avant-garde d'un petit groupe de révolutionnaires dévoués, dans le moule des Jacobins de la Révolution française du fin du XNUMXème siècle.

Mais, en même temps, maintenant une organisation clandestine et cohésive de militants disciplinés et dévoués, les blanquistes ont pu mener un large travail de diffusion révolutionnaire parmi le prolétariat, même dans les conditions répressives du régime Napoléon III, et forgé une groupe de combattants qui se connaissaient et qui étaient reconnus par les autres travailleurs pour leur honnêteté et leur altruisme. Ce groupe a pu, une fois la situation révolutionnaire établie, prendre des décisions rapides et décisives, et plus ou moins en phase avec l'état d'esprit de la classe dans son ensemble. Le lien concret et vivant avec la vie de la classe a fini par suppléer aux faiblesses de son idéologie.

Pour Engels, « les proudhoniens étaient, en première ligne, responsables des décrets économiques de la Commune, tant pour leurs aspects glorieux que peu glorieux, tout comme les blanquistes l'étaient pour leurs actions et omissions politiques. Et, dans les deux cas, l'ironie de l'histoire – comme à son habitude, lorsque des doctrinaires prennent la barre du navire – a voulu que l'un et l'autre fassent le contraire de ce que prescrivait leur doctrine scolaire : les blanquistes, formés à l'École du complot, maintenus solidaires par la discipline de fer qui lui correspond, partait de la conception qu'un nombre relativement restreint d'hommes déterminés et bien organisés pourraient, à un certain moment favorable, non seulement prendre la tête de l'État, mais aussi, par la dynamisation de grande et implacable énergie, pour la maintenir aussi longtemps qu'il le faudra, jusqu'à ce qu'ils parviennent à entraîner la masse du peuple dans la révolution, à regrouper autour du petit groupe dirigeant. À cette fin, la centralisation la plus sévère et dictatoriale de tout le pouvoir entre les mains du nouveau gouvernement révolutionnaire serait indispensable ».

Et, toujours selon Engels, « qu'a fait la Commune, dont la majorité était justement composée de ces blanquistes ? Dans toutes ses proclamations, adressées aux Français de province, il les engageait à former avec Paris une Fédération libre de toutes les communes françaises, à former une organisation nationale qui, pour la première fois, devait être véritablement créée par la nation elle-même. Précisément le pouvoir oppressif du gouvernement centraliste, alors existant - les forces armées, la police politique, la bureaucratie, créées par Napoléon, en 1798, et qui, depuis lors, ont été assumées par tous les nouveaux gouvernements comme des instruments bienvenus, à utiliser contre ses adversaires – précisément ce pouvoir devait succomber, de tous côtés, comme à Paris il avait déjà succombé ».

Après la « semaine sanglante » de mai et la fin de la Commune, les blanquistes, pour la plupart arrêtés ou exilés (Blanqui lui-même fut, à nouveau, condamné à la déportation en 1872), finissent par rejoindre l'AIT dans ses dernières années d'existence. , mais ils ne dépassèrent pas ses idées et disparurent comme courant du mouvement dans les années suivantes. Pour Friedrich Engels, en Le Programme des Exilés Blanquistes de la Commune: « Blanqui est essentiellement un homme politique révolutionnaire. Il n'est socialiste que par sentiment, par sa sympathie pour le sort du peuple, mais il n'a ni théorie socialiste ni suggestions pratiques définitives pour des solutions sociales. Dans son activité politique, il était essentiellement un homme d'action, croyant qu'une petite minorité bien organisée tenterait un coup d'État politique, en temps voulu, et pourrait entraîner la masse du peuple avec elle, à travers quelques succès, et commencer ainsi une révolution victorieuse ».

Chez les anarchistes, la Commune a eu pour conséquence d'affaiblir les conceptions coopératives proudhoniennes, et de renforcer les tendances bakouninistes. Ni anarchiste ni marxiste, mais toujours « blanquiste », Blanqui écrivit des centaines d'articles et, en L'Éternité par les Astres (dès 1872) a défendu la théorie de « l'éternel retour » (bien avant Nietzsche) : les atomes dont nous sommes composés se reproduisent une infinité de fois en une infinité d'endroits, de telle sorte que nous aurions tous une infinité des sosies…

La France post-communale a été le berceau des courants qui sont devenus prédominants dans l'anarchisme européen dans les décennies suivantes : l'anarcho-syndicalisme et le terrorisme individuel, dans le corpus desquels les leçons de la révolution parisienne avaient peu de place. En 1871, donc, lorsque le dernier roturiers touché par les balles de la réaction, un chapitre de l'histoire du mouvement ouvrier et socialiste mondial s'est achevé. Un rideau de violence s'est abattu sur la scène politique européenne. Libéraux et conservateurs, républicains et monarchistes se sont unis dans une nouvelle alliance sainte contre le prolétariat révolutionnaire.

Même ainsi, en Belgique, le pays relativement le plus industrialisé d'Europe, Bakounine et Blanqui trouvaient encore un écho parmi les travailleurs francophones (wallons), mais la social-démocratie allemande (marxiste) avait plus d'influence parmi les Flamands germanophones. Élu député à Bordeaux en avril 1879, Blanqui voit son élection invalidée, car il est arrêté, il ne peut assumer le fauteuil, mais il est gracié et libéré en juin. En 1880, il lance le journal Ni Die uni Maître, qu'il dirigea jusqu'à sa mort, victime d'un accident vasculaire cérébral, après avoir prononcé un discours à Paris le 1er janvier 1881. Il fut inhumé au cimetière du Père Lachaise, dans une tombe réalisée par l'artiste Jules Dalou. Son livre principal, Critique sociale, à partir de 1885, en fait une vaste collection d'articles, a été publiée à titre posthume.

Blanqui mort, fini le « blanquisme » ? En tant qu'épithète, il a longtemps survécu à la personne qui l'a inspiré. Le blanquisme a fortement influencé les populistes russes (populistes). Aux débuts du socialisme russe, et même bien plus tard, ne manquaient pas ceux qui voulaient opposer le « spontanéisme démocratique » du jeune Trotsky au « blanquisme dictatorial » de Lénine, avec sa théorie du parti centralisé et professionnel. , qu'il avait exposé à la ce qu'il faut faire, bien que Lénine lui-même ait affirmé que les blanquistes croyaient que "l'humanité se libérerait de l'esclavage salarié non par la lutte de classe du prolétariat, mais grâce à la conspiration d'une petite minorité d'intellectuels". Même après la victoire soviétique de 1917, les bolcheviks continuent d'être accusés de « blanquisme », tant par leurs adversaires de droite (les sociaux-démocrates) que de gauche (les « communistes conseillistes »).

Em Le Popolo d'Italie, le journal fasciste fondé et dirigé par Benito Mussolini, l'épigraphe était une phrase de Blanqui : «Poêle à hadel en fer chi hadel» (« Celui qui a du fer [des armes] a du pain »). Walter Benjamin le considérait, dans ses « Thèses sur l'histoire », comme le personnage le plus lié au XIXe siècle. Blanqui n'est pas devenu un visage sur un T-shirt ou une affiche, comme Che Guevara. Mais c'est, actuellement, à Paris et dans d'autres villes françaises, le nom de la rue, boulevard, place, et même une station de métro. Il a été « récupéré » par l'iconographie officielle.

Révolutionnaire français, peut-être le plus grand de tous, Blanqui n'a pas surmonté, doctrinalement ou politiquement, les conditions historiques, économiques et politiques de son propre milieu, au sens le plus large. Sa politique et sa théorie (dans son cas, pratiquement une seule et même chose) n'ont pas résisté à l'épreuve du temps, pas même à court terme. Mais ils ont marqué leur époque de manière décisive, c'est pourquoi le fantôme de Blanqui réapparaît encore et encore dans les débats politiques.

*Osvaldo Coggiola Il est professeur au département d'histoire de l'USP. Auteur, entre autres livres, de Histoire et Révolution (Shaman).

Les références


Alexis de Toqueville. souvenirs de 1848. Paris, Gallimard, 1964.

Angiolina Arru. Classe et Parti dans le I Internacional. Le débat sur l'organisation entre Marx, Bakounine et Blanqui 1871-1872. Madrid, Communications, 1974.

Anton Pannekoek. Le nouveau blanquisme. Le Communiste Non. 27, Brême, 1920.

Arthur Rosenberg. Démocratie et socialisme. São Paulo, Mondial, 1986.

Frédéric Engels. Le programme des exilés blanquistes de la Commune. Dans : Osvaldo Coggiola (éd.). Écrits sur la Commune de Paris. São Paulo, Chaman, 2001.

Georges Lichtheim. Les origines du socialisme. Barcelone, Anagramme, 1970.

Gustave Geeffroy. L'Enfermé. Paris, 1897.

Louis-Auguste Blanqui. Maintenant, Il Faut des Armes. Paris, Éditions La Fabrique, 2007.

Louis-Auguste Blanqui. Écrits sur la Révolution. Textes politiques et lettres de prison. Paris, Galilée, 1977 (préface d'Arno Münster).

Louis-Auguste Blanqui. Textes de choix. Paris, Éditions Sociales, 1955.

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Maurice Dommanget. blanc. Paris, EDI, 1970.

Maurice Dommanget. Les Idées Politiques et Sociales d'Auguste Blanqui, Paris, Fayard, 1957.

Maurice Paz.Un Révolutionnaire Professionnel. Auguste Blancqui. Paris, Fayard, 1984.

Samuel Bernstein. Blanqui. Paris, François Maspero, 1970.

 

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