Par EDUARDO SINKEVISQUE*
Commentaire de la mise en scène, projeté à São Paulo, par Vinicius Coimbra et Roberto Cordovani
Il y a environ un an, j'ai parlé à Roberto Cordovani de l'âge, de la maturité, de la vieillesse, etc. Roberto m'a dit qu'il ferait certainement des spectacles (cela fait longtemps) dans lesquels il pourrait essentiellement dire ce qu'il voulait dire, penser qu'il avait à dire, dire l'essentiel; selon son éthique.
C'est comme ça que ça se passe dans Mort à Venise qui, outre la discussion sur l'amour homo-affectif, met en scène le débat sur la beauté, ses modèles socioculturels, artistiques, humains, « trop humains » à une époque, aujourd'hui, où le standard de la beauté est établi par les réseaux sociaux et par interventions, souvent chirurgicales.
Mort à Venise, spectacle plus que pertinent, nécessaire, place le spectateur devant la discussion sur le beau à une époque où le laid, le maladroit semblent régner.
L'action de la pièce se déroule à Venise, comme l'indique le nom du spectacle, le même nom que le livre, dont l'adaptation théâtrale inédite est signée par Vinicius Coimbra, qui dirige également le spectacle, et Roberto Cordovani, qui joue sur scène, avec Guilherme Cabral, en projection audiovisuelle, dans le rôle de Tadzio, face à Cordovani dans le rôle de l'écrivain allemand Gustav Von Aschenbach.
La première internationale (Mort à Venise fera une carrière en voyageant au Brésil et à l'étranger) était le 21 avril, au nouveau Teatro Paiol, à São Paulo.
Em Mort à Venise, l'écrivain Gustav Von Aschenbach (Roberto Cordovani) traverse une crise créative dans sa ville de Munich. Cela se passe dans les premières années du XNUMXème siècle. Gustav décide de partir en vacances à Venise.
Gustav Von Aschenbach est rigoureux, obsédé par la perfection et atteint la beauté idéale dans l'art.
Arrivé à Venise, il séjourne dans un luxueux hôtel en bord de mer. Il rencontre le jeune Tadzio (Guilherme Cabral). Le jeune homme a une beauté naturelle qui, aux yeux de l'écrivain, dépasse tous les paramètres auxquels il avait déjà pensé, qu'il avait déjà définis en termes de beauté artistique, principalement. Au fil du temps, Gustav à observer, tel un voyeur, Tadzio dans ses activités physiques, en tenue minimale, comme d'autres jeunes gens sur la plage, une passion inattendue s'installe dans le cœur de l'écrivain.
Les projections audiovisuelles, pas seulement celles dans lesquelles Tadzio apparaît, mais celles des lieux de Venise, emmènent le public dans un voyage avec le protagoniste du spectacle. Ce ne sont pas de simples projections, en toile de fond ou pour contextualiser l'action. Roberto Cordovani les parcourt, interagit avec eux, interagissant à la manière de l'écrivain Gustav avec Tadzio.
Le spectacle est beau, à la hauteur de la discussion thématique. La lumière, la bande son, les décors et surtout les costumes sont très élégants. La direction a trouvé des solutions optimales dans un monologue où il n'y a pas qu'un seul acteur en scène. Les voix dans de rabais, qu'il s'agisse de personnages secondaires ou lorsque Gustav réfléchit en silence, sont des exemples de solutions optimales.
Roberto Cordovani dessine un Gustav Von Aschenbach avec toutes les nuances d'un vieil homme qui, en aimant, rajeunit et qui, se voyant dans ce délire et tomber malade, vieillit. Ce processus de rajeunissement et de vieillissement du personnage est clair, que le talent de Roberto Cordovani met en chair et en os et en vérité scénique.
La passion pour Tadzio, ainsi que la propagation de la peste à Venise, ont conduit l'écrivain Gustav à réfléchir sur la tension entre la vie artistique et personnelle. Gustav Von Aschenbach éprouve des sentiments également contradictoires, comme lutter contre le temps qui passe, comprendre la déchéance du corps et la maladie, comprise, dans le spectacle, comme la métaphore d'un monde en train de mourir.
Qui, sinon un homme mûr, âgé, malade, solitaire, peut-être frustré, se poserait des questions existentielles sur la beauté, qui n'est pas seulement la beauté physique, apparente, mais la beauté incorporelle, de l'âme ? Gustav Von Aschenbach s'interroge, comme quelqu'un qui interroge la vie, le muet, critère de beauté. Sa fascination pour la question se concentre sur le jeune Tadzio prenant des proportions bien au-delà du charnel.
En gros, le beau chez Platon (340 av. J.-C.) est l'idéal de perfection qui ne peut être contemplé dans son essence qu'à travers un processus d'évolution philosophique et cognitive de l'individu par la raison, qui donnerait connaissance de la vérité harmonique du Cosmos. C'est pourquoi on l'appelle la passion platonique, l'amour platonique idéalisé, qui vit dans le monde des idées et n'est pas encore descendu (presque jamais) dans le monde de l'empirisme.
Pour Aristote (384 av. J.-C.), le beau est le bien, l'utile, la splendeur de l'ordre, inhérent à l'homme.
Dans les premières années du XNUMXème siècle, l'époque de l'action de Mort à Venise, Thomas Mann pour écrire son roman, aujourd'hui adapté au théâtre, utilise des histoires bibliques et germaniques, ainsi que des idées de Goethe, Nietzsche et Schopenauer.
Pour Goethe, par exemple, le beau est une manifestation des lois secrètes de la nature, qui, si elles ne nous étaient pas révélées à travers le beau, resteraient éternellement cachées. Pour Nietzsche, le beau en soi ne serait qu'un mirage ou un leurre, puisqu'il n'est qu'un reflet de ce que nous tenons pour beau ou parfait, c'est-à-dire une vanité de l'espèce.
Chez Schopenauer, la beauté a une explication métaphysique. La connaissance du beau s'élève au-dessus de la connaissance ordinaire et scientifique, puisque celle-ci a, du côté objectif, les phénomènes relatifs et fugaces du principe de raison, et du côté subjectif, le sujet subordonné à la volonté. La connaissance du beau consiste, du côté objectif, dans les idées éternelles et archétypales de Platon, l'objectivation la plus adéquate possible de la volonté, et du côté subjectif, le sujet pur et intemporel de la connaissance dépourvue de volonté et de souffrance.
Em Mort à Venise, on y voit l'euphorie et la tentative d'appréhender la beauté sublimée, le désir et la volonté, le délire ; souffrance et agonie. Gustav Von Aschenbach, dans la peau, la chair, l'intelligence et la sensibilité de Roberto Cordovani, invite le spectateur à réfléchir sur la beauté et sur sa projection dans l'humain, pour reprendre le terme de Nietzsche, "trop humain".
Mort à Venise déplace ceux qui regardent l'émission vers d'autres standards de beauté qui ne sont pas ceux des procédures esthétiques, ni celui des salles de sport, ni le standard de beauté des filtres instagram.
*Eduardo Sinkevisque est chercheur postdoctoral en théorie littéraire à l'Institut d'études linguistiques (IEL) de l'Université d'État de Campinas (Unicamp).
Référence
Mort à Venise
Adaptation du roman de Thomas Mann et mise en scène : Vinicius Coimbra.
Adaptation théâtrale et structuration : Roberto Cordovani.
Distribution : Roberto Cordovani et Guilherme Cabral.
Voix off : Debora Olivieri, Ruben Gabira, Vinicius Coimbra.
Bande son : Sacha Amback.
Scénario : Kerrys Aldalbalde.
Conception des costumes : Renaldo Machado.
Théâtre Paiol – Rua Amaral Gurgel, 164 / São Paulo-SP.
Jusqu'au 04 juillet. les vendredis et samedis à 21h00 ; Dimanche à 20h00.
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