Par LUIS-FELIPE MIGUEL*
Selon Datafolha, la moitié des Brésiliens craignent l'arrivée du communisme. Mais qu'entend-on exactement par communisme ? Qu'est-ce que cette moitié entend par capitalisme et les implications qu'il a dans leur vie ?
La moitié des Brésiliens craignent que le pays ne devienne communiste, selon l'institut de recherche Datafolha.
Les sondages d'opinion doivent être analysés avec prudence. Comme Pierre Bourdieu l'a démontré il y a un demi-siècle, ils traitent comme des convictions ce qui ne sont que des réponses à des questions que, en fait, les gens ne se posent même pas.
Encore faut-il se demander : qu'est-ce baiser serait-ce le communisme, pour que la moitié de nos compatriotes pense qu'il est sur le point d'arriver ?
Un sens de «communisme» fait référence à des sociétés dans lesquelles tout est commun à tout le monde. Dans lequel il n'y a ni "mien" ni "tien". Comme chez tant de peuples non européens, pour qui la première tâche du colonisateur était d'enseigner le sens de la « propriété privée ».
Le Brésil est-il aujourd'hui sur cette voie ? Difficile à croire.
Un autre sens du communisme fait référence à la société envisagée par Karl Marx. En elle, il n'y aurait ni État, ni répression, ni inégalité. La nécessité serait abolie et chacun serait complètement libre. L'harmonie entre l'individu et la communauté se produirait naturellement.
Est-ce qu'on y arrive ? Il ne semble pas.
Il est plus raisonnable d'imaginer que par « communisme », les gens entendent le type de gouvernement autoritaire qui prévalait dans l'ex-Union soviétique et qui perdure aujourd'hui dans des pays comme la Chine, la Corée du Nord et Cuba. Quelqu'un croit-il vraiment qu'il existe au Brésil une force politique pertinente qui envisage de mettre en œuvre ce modèle ?
Il existe un quatrième sens du "communisme". C'est tout ce que l'extrême droite délirante n'est pas. C'est le (maintenant silencieux) Olavo de Carvalho qui a répandu ce sens, qui a déclaré que le gouvernement FHC était en train de communier le Brésil. Donc "communiste" est le Rede Globo, Gilmar Mendes, Joe Biden, Emmanuel Macron. Même Sérgio Moro a connu sa phase communiste, dans la courte période où il s'est mis en colère contre Jair Bolsonaro et a tenté d'agir comme une "troisième voie".
Ce serait bien si, au lieu de nourrir la peur irrationnelle d'un boogeyman créée par la désinformation de droite, les électeurs brésiliens pouvaient discuter de ce qu'ils veulent vraiment pour leur pays. Si vous avez compris ce qu'est le capitalisme et quelles implications il a dans votre vie, ce qu'est le socialisme et ce que le socialisme peut être, comment une démocratie efficace devrait fonctionner.
Il n'y a qu'un seul moyen d'y parvenir : l'éducation politique. C'est à la gauche de la promouvoir – car, pour la droite, l'aliénation et la désinformation sont des avantages.
* Luis Felipe Miguel Il est professeur à l'Institut de science politique de l'UnB. Auteur, entre autres livres, de Démocratie dans la périphérie capitaliste : impasses au Brésil (authentique).
Publié à l'origine sur les réseaux sociaux de l'auteur.
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