Le coup dans le coup (et le « contre-coup »)

Image : Andrés Sandoval
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Par MARCELO GUIMARES LIMA*

"DIEU, PATRIE, FAMILLE (et nous reportons notre coup d'Etat)", signé : Jair Messias Bolsonaro.

Jair Bolsonaro a capitulé. Au moins pour aujourd'hui et pour un peu plus longtemps, personne ne peut dire ce que ce sera, mais c'est certainement limité. Jair Bolsonaro, apprenti dictateur soutenu par l'armée, a compris qu'il ne pouvait pas tout faire. Mais Jair Bolsonaro ne peut pas non plus nier sa nature profonde d'agitateur (professionnel) d'extrême droite.

S'il le faisait, son destin ne serait pas la prison ou la mort, comme il l'a lui-même récemment annoncé de manière mélodramatique, mais l'établissement psychiatrique, le Juqueri, comme on disait autrefois, victime d'une confusion mentale très grave et d'un paranoïaque épidémie. Car son monde, celui qu'il a construit au cours de décennies d'opportunisme politique, de cracks, de démagogie et de proximité avec la pègre des milices, s'est effondré en quelques heures. Mais Bolsonaro, après le moment imposé de "sincère repentir", va se recomposer dans la figuration habituelle, ou les dommages psychiques au Narciso de la caserne seront irrémédiables.

Le coup voulu, proclamé et mal articulé, s'est dilué. Il est resté dans la volonté et l'incapacité, dans l'action imaginaire, dans le cri avec lequel le candidat à la nationale Mussolini a fait sa renommée, dans la violence des propos et des offenses, dans la vulgarité agressive du personnage qui sortait de l'école de la dictature militaire, dans l'intimidation systématique des opposants avec lesquels il a fait carrière et présumé exercer la présidence.

L'univers complotiste de Bolsonaro a enfin révélé un personnage mineur dont la préoccupation essentielle aujourd'hui est de sauver sa propre peau et d'éviter l'arrestation de la famille contrevenante qu'il dirige.

Le coup d'État serait pour Bolsonaro la solution. C'est en fait la seule solution possible. Et donc, l'objectif du putsch ne sera pas, ne pourra pas être abandonné. Bolsonaro bat en retraite aujourd'hui, paie un prix énorme avec le "bétail", mais sait ou s'imagine que l'extrême droite n'a personne d'autre à mettre à sa place. En plus de n'avoir aucune alternative de leadership «populaire» aux forces armées, qui sont l'un des piliers du régime de coup d'État brésilien actuel inauguré en 2016.

Dans le cas de « l'opposition » de droite à Bolsonaro, il faudrait que quelqu'un fasse le premier pas : le chef ou le chef d'État impulsif ne supportait pas la tension des restrictions judiciaires et policières et commençait à se battre, appelant publiquement ses ennemis à l'affrontement. N'a pas fonctionné. N'a pas effrayé les adversaires. Elle dut reculer ignoblement vers ses alliés, ses défenseurs et ses partisans fanatiques. Il a signé des excuses publiques qui ont eu un lourd tribut sur ses partisans et ses convives.

Mais, entre nous, Bolsonaro est un sujet volatil, apparemment contradictoire dans sa radicalité, mais avec des « convictions » profondes, c'est-à-dire des automatismes solidifiés de comportement et de buts. Il n'a aucun engagement envers les faits ou même ce qu'il dit ou ce qu'il dit qu'il pense. Nier aujourd'hui ce qu'il a dit hier et ce qu'il dira demain.

Bolsonaro est le scorpion de la fable. Malheur à la droite putschiste, et à tous ceux qui reculent en ce moment face au « mea culpa » du patron, au sens public d'« acte de contrition ». L'appareil néo-fasciste-néolibéral derrière la figure grotesque de l'actuel chef de l'État saura tirer les leçons de ce qui s'est passé. Permettre à l'adversaire de gagner du temps et de récupérer est ce qui ne peut absolument pas être fait.

Bolsonaro pourrait être sacrifié sur l'autel du coup d'État et du régime putschiste actuel. Après cela, la violence du régime deviendra plus dure, plus casuistique et plus globale contre la gauche. Nous ne pouvons pas laisser la chute nécessaire et urgente de Bolsonaro être une affaire privée pour les propriétaires du pays.

*Marcelo Guimaraes Lima est artiste, chercheur, écrivain et enseignant.

Note

[1] La fable du scorpion : « Le scorpion, qui ne sait pas nager, convainc la grenouille de le porter d'un côté à l'autre de l'étang. Au milieu de la traversée, il blesse mortellement la grenouille. Mais pourquoi ? demande la grenouille mourante, on va mourir tous les deux ! », « je n'y peux rien, répond le scorpion, c'est dans ma nature ».

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