Par BERNARDO AJZENBERG*
Commentaires sur le livre de Julio Ambrozio
Un homme mort sur le front de mer de Rio de Janeiro et un étrange jeune homme qui a volé ses papiers. C'est ainsi que commence O Homem do Coco Alemão, un court roman qui mêle enquête policière et existentialisme, avec un traitement stylistique épuré, économique et minimaliste.
Le protagoniste s'appelle Antônio Arapuca do Alto. Tel un zombie macunaïmique, en possession de tels documents, il part à la recherche des proches du défunt. Dans le même temps, une paire de policiers mambembe entame la soi-disant enquête officielle sur l'affaire, qui se déroule entre Rio et la montagneuse de Petrópolis.
Les indices ne sont pas concluants, le processus d'enquête est lent et, au final, après avoir suivi les aventures de la petite bourgeoisie d'Arapuca, on ne sait même pas quelle est la bonne conclusion.
Cela ne doit cependant pas décourager le lecteur, puisque l'élément principal du travail de Júlio Ambrozio n'est pas dans les intrigues ou dans le suspense qui pourrait découler d'une intrigue comme celle-ci. C'est plutôt dans la manière elliptique de son expression, dans sa façon de construire des dialogues et des descriptions comme s'il avait un tamis de mots à portée de main. Seul l'essentiel survit au filtrage de l'écriture de cet auteur.
Un tel accent formel rend certes difficile la compréhension du livre à une première lecture, mais peu à peu, se dépouillant d'une jouissance plus traditionnelle, cela aura valu la peine, pour le lecteur, d'entrer dans cet univers narratif épuré et sans adjonction.
Voir, par exemple, la description suivante : « La voiture a traversé à contresens, en remontant le chantier. Le brouillard était épais. Alaor a tiré le frein. Il fixa ses vues. Il a brandi le fusil de chasse, forçant le loquet. La chaleur a grillé l'herbe et fait bouillir le lac. L'adjoint glissa la main dans sa veste. Pris de la bouteille tous les jours. Il s'est essuyé la bouche et a parlé fort… ».
Ou le montage de ce dialogue entre Arapuca et une femme nommée Zilá Bauer, avec qui il a des relations sexuelles, chez elle, située « en plein virage de l'autoroute » :
« Ça collait au mur. Et parlait :
– Celui-ci, c'est lequel ?
Les voitures ont suivi.
- Ce? Oh, c'est mon neveu.
Comme ils l'ont toujours fait.
– Zilá, pourquoi n'as-tu pas eu d'enfant ?
Une ambulance est venue à la rescousse ».
Ambrozio, de Petropolitan, n'a pas pu résister à la tentation de construire, en L'homme au manteau allemand un délégué « érudit » qui fait référence à Verlaine, Hammet, Stefan Zweig et autres noms de la culture universelle. Bien qu'elle paraisse artificielle et répétitive, cette ressource ne compromet pas pour autant le livre.
Ce qui ressort, c'est l'audace de sa méthode de composition desséchée et aride. A un certain moment, par exemple, Arapuca disparaît tout simplement, d'une manière soudaine qu'il n'est pas utile d'expliquer ici pour ne pas trahir le jeu de l'auteur, nous laissant la sensation de visualiser des cadres éparpillés dans l'air.
Typique, peut-être, d'une époque plutôt niaise, de fragmentation généralisée, dans laquelle, comme elle le dit, le récit se dissout sous nos yeux, comme les vagues sur le sable de Copacabana. S'il y a un homme mort sur la plage, tant mieux.
*Bernardo Ajzenberg est journaliste et écrivain. Auteur, entre autres livres, de Ma vie sans bain (Rocco).
Initialement publié dans le journal Folha de S. Paul, le 16 mars 1997.
Référence
Jules Ambrozio. L'homme au manteau allemand. São João del Rey. Éd. Le Pont des Chaînes, 85 pages.