Le sauvetage des sorcières

Image: Cottombro
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Par IRIS BOFF*

Éduqués davantage par des femmes conscientes et libérées, les enfants d'aujourd'hui commencent à secourir une autre prise de conscience de cette figure jadis exécrée.

Chargées de sagesse, les vieilles sorcières sont vivantes à l'intérieur de la femme moderne, dans ce nouveau millénaire qui avance de plus en plus. Enfouies au fond des cathédrales patriarcales, lieux de fontaines d'eau où l'on vénérait les déesses, elles ressurgissent.

De la même façon, comment ils resurgissent, du fond du temple de nos corps, quand la mère, la fille, la sœur, la grand-mère, l'amie ou l'amante se réunissent et leur prêtent leur voix au son des chansons et les charmes de nos danses, discours, gestes et rituels.

Elles nous accompagnent, nous encouragent et nous inspirent, dans la recherche folle et tâtonnante de notre identité féminine encore naissante. Nous étions ce que l'homme voulait, comme l'a montré Simone de Beauovoir.

Désormais, les vieilles sorcières, telles des déesses éternelles, dans des corps jeunes, vieux ou enfants, hommes ou femmes, issues de nos rêves les plus ancestraux, nous inspirent à être ce que veut notre désir le plus authentique et le plus honnête : être pleinement nous-mêmes en tant que femmes. .

A force de faire des erreurs, d'assumer des erreurs et d'être responsables de nos propres erreurs, nous ne tolérerons plus que quelqu'un ne surveille, dirige, choisisse ou dicte nos vies de femmes. Nous prendrons notre histoire en main.

La magie noire, les sortilèges, les mauvais présages, la ténébreuse figure laide des contes de fées, écrits du patriarcat, disparaîtront avec elle. Au nom de ces personnages, des milliers de femmes, considérées comme des sorcières, ont été tuées ou brûlées par l'Inquisition.

La sorcière de l'imaginaire de nos enfants, inventée par notre culture machiste, constitue un grand sophisme. C'était un instrument de domination patriarcale sur les femmes.

L'homme n'avait pas accès, contrôle et connaissance du pouvoir de créer et de recréer sa propre vie, la manipulation des herbes, le don de guérison, de bénédiction, de soin et de protection, dont la femme de sagesse, l'essence d'être une sorcière était investie .

Avec la montée du patriarcat, il a nié tout pouvoir aux femmes. il lui imposait une image déformée et bien à sa convenance Par peur et envie de son pouvoir, la sorcière était vue comme mauvaise, dégoûtante, dangereuse, qui, ayant un pacte avec le Diable, avait besoin d'être bannie, punie, niée, oublié. Sa rébellion mérita d'être exécrée et brûlée vive sur la place publique, comme ce fut le cas avec Jeanne d'Arc, en 1431, brûlée vive à tout juste 19 ans après avoir commandé victorieusement une partie de l'armée française contre l'occupation anglaise. Fait intéressant, en 1920, elle a été proclamée sainte et nommée patronne de la France.

Ce qui était une bénédiction est devenu une malédiction. Éduqués davantage par des femmes conscientes et libérées, les enfants d'aujourd'hui commencent à secourir une autre prise de conscience de cette figure jadis exécrée.

Berceau ou seins découverts, pour allaiter cette nouvelle génération, la femme du 1ème siècle, réinvente la vie, assume la chaise, recherche et écrit, utilise le téléphone, whatsapp, les réseaux sociaux et l'ordinateur pour ré-écrire son histoire , non pas pour le détruire ou le nier, mais pour le refaire et le compléter.

Voici un petit constat critique : reproductrices non seulement de l'espèce, malheureusement, pas mal de femmes ont aussi reproduit de fausses normes de comportement, toujours dictées par une culture sexiste ou par des valeurs d'une religion misogyne et par la suprématie du Masculin sur le Féminin.

Mais assumant notre statut de sorcières bienveillantes, chevauchons le balai de notre conscience, balayons et bannissons ce canular une fois pour toutes pour notre bien et nos enfants, enfin aussi pour la famille humaine dans son ensemble.

C'est bien de réécrire des histoires pour enfants, apprendre à gérer et intégrer le mal au lieu de le projeter sur un être comme un bouc émissaire qui serait la sorcière.

L'humanité est née et a grandi autour du pouvoir féminin et matriarcal, la phase la plus primordiale de notre histoire. Puis, de façon mystérieuse, le mâle s'est réaffirmé avec son pouvoir patriarcal et a obscurci l'héritage ancestral de la femelle.

Nous vivons maintenant un moment privilégié. Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, le féminin et le masculin, l'homme et la femme en tant que partenaires égaux, se réconcilient et créent une alliance heureuse.

La femme, gardienne de l'âme, à grande vitesse, sort de la grotte. Et l'homme fatigué et désenchanté veut rentrer chez lui, mais ça n'existe plus comme avant. L'homme et la femme nettoieront et réorganiseront leur propre maison. Ils comprendront la nouvelle tâche, celle de prendre soin de la Maison Commune, de la Terre Mère, habitée par la nouvelle famille humaine, ni matriarcale ni patriarcale, mais androgyne pour la santé et le bien des relations humanisantes et bénéfiques pour toute l'humanité.

*Iris Boff, est écrivain, féministe et éco-pédagogue.

 

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