lèche-vitrine

whatsApp
Facebook
Twitter
Instagram
Telegram

Par CHICO ALENCAR*

Il faut créer une nouvelle culture, repenser notre modèle de société

Nous entrons dans la 2ème moitié de cette année 2020 très étrange et inimaginable, totalement surprenante pour tout le monde, pour toute l'humanité, pour les différents régimes et systèmes qui régulent la dynamique économique et les flux de la vie. Tout était plus ou moins désorganisé.

Mon attente concernant l'après-pandémie – dont on ne sait pas avec certitude quand elle arrivera – fluctue : parfois je pense que certains éléments d'un nouvel ordre mondial, plus austère, solidaire et écologiquement durable, apparaîtront avec force. Nous aurons plus de pouvoir public, plus de recherche, plus de science, plus de participation sociale. Plus de gouvernement comme catalyseur des politiques pour les majorités. Et une sphère publique active, citoyenne, qui la contrôle.

Parfois non : il semble que tout reviendra à « l'ancienne normalité ». Et le système du Capital financiarisé, du marché total, de l'acquisition des biens comme sens de la vie, de la démocratie délégative, formelle et banale, renaîtra, enraciné dans l'individualisme consumériste et la marginalisation. Même le néo-keynésianisme occasionnel ne survivra pas. Plus de la même chose. Si le passé, comme le savent les historiens, n'est pas un champ d'exactitude, l'objet de récits catégoriques définitifs, que dira l'avenir, en temps d'incertitude structurelle ?

Mon pessimisme l'emporte quand je vois l'empressement des gens à retourner dans la rue. Pas pour acheter l'essentiel, les bases de la survie. Mais entrer dans les centres commerciaux, qui sait, peut-être juste pour regarder dans les vitrines et avoir envie de manger des « délices plastifiés » dans les food courts…

Les érudits garantissent que nous sommes dans la civilisation de la consommation et que les êtres humains en sont conditionnés. Le besoin artificiel est délirant !

Giles Lipovetoky, philosophe français, auteur de « L'hypermodernité : hyper-consommation et hyper-individualisme », justifie, en précisant que nous consommons « parce que nous ne supportons pas la répétition. Pendant des millénaires, on s'est habillé de la même façon, on a eu le même goût. C'était le monde de la coutume et de la tradition. Aujourd'hui, c'est devenu insupportable. On ne veut pas passer nos vacances au même endroit, on ne veut pas manger la même chose ou regarder le même film. Aujourd'hui, c'est le marché – et non plus l'église – qui s'occupe de notre malheur. Le monde moderne nous a rendus insatisfaits en permanence.

J'ai aussi soif d'infini. Mais je n'essaie pas de la satisfaire en objets, en choses périssables, aussi attirantes soient-elles. Et toi?

Il faut créer une nouvelle culture : je veux croire que le coronavirus, avec son cortège de destruction, va nous obliger à repenser le modèle de société dans lequel nous vivons, celui du « capitalisme de catastrophe ». Une dispute sur la direction des sociétés est déjà en cours. Des nouvelles modérément bonnes viennent des sondages en Pologne et en France. Trump n'aura pas la vie facile jusqu'en novembre… Les rues jusque-là fermées commencent à être occupées, avec les précautions qui s'imposent, par des colonnes de jeunes antiracistes et antifascistes.

Ce qui est certain, c'est que l'aspiration à une organisation sociale plus fraternelle, plus respectueuse de l'environnement et plus démocratique ne se réalisera que si elle est partagée par des millions, par la majorité. Ceux qui survivent ont un long chemin à parcourir.

* Chico Alencar Professeur à l'UFRJ, écrivain et ancien député fédéral (PSOL/RJ)

Voir tous les articles de

10 LES PLUS LUS AU COURS DES 7 DERNIERS JOURS

Voir tous les articles de

CHERCHER

Recherche

SUJETS

NOUVELLES PUBLICATIONS

Inscrivez-vous à notre newsletter !
Recevoir un résumé des articles

directement à votre email!