Par MARCELO GUIMARES LIMA*
Présentation et traduction des paroles de la chanson composée par Léo Ferré
De Ruthebeuf, poète français du XIIIe siècle, on sait peu de choses. Poète satirique et confessionnel, ainsi qu'auteur d'hagiographies et de pièces de théâtre, il se distingue non seulement par la diversité de son œuvre, mais par son mode d'expression franc et direct, au-delà des conventions troubadours de son temps. La poésie satirique du XIIIe siècle est, en effet, considérée comme l'un des moments importants (et l'un des principaux moyens littéraires) du processus historique de développement de l'ancien français, le soi-disant (d'une manière générale, en tant qu'ensemble de langues) ou dialectes) langue d'oïl.
Dans la poésie de Rutebeuf, le poète est le personnage central de nombre de ses vers dans lesquels il se plaint et interpelle le roi et les puissants de l'époque sur ses conditions de vie défavorables, ses difficultés matérielles, sa pauvreté, sa solitude. En fait, il ne reste apparemment rien de la figure du poète dans la littérature et les chroniques contemporaines, mais la postérité lui a rendu une certaine justice de la part des spécialistes littéraires et des érudits du XIXe siècle.
De la langue de ses vers, on concluait que Rutebeuf était Parisien, d'adoption sinon d'origine, il y vivait, souffrait et écrivait, exerçant le métier extrêmement instable de troubadour. De ses vers, certains connaisseurs ont déduit que sa production était surtout littéraire au sens strict, c'est-à-dire à lire, ce qui place le poète, malgré tant de plaintes amères sur sa condition, à une échelle légèrement supérieure aux ménestrels de l'opinion publique. carrés. Supérieur, mais non moins instable.
Quoi qu'il en soit, l'expression franche et vigoureuse du poète nous en dit autant sur les épreuves de sa vie que sur sa création poétique : la poésie de la misère humaine s'y déploie dans la « misère » nécessaire ou inévitable de la poésie, c'est-à-dire : de la souffrance personnelle le poète extrait la matière de son art, comme une protestation, comme une plainte qui console et, en même temps, dans le résultat, dans le poème comme création, comme une sorte de célébration : la transmutation, pour ainsi dire , de la douleur personnelle à l'expression artistique. La souffrance transfigurée est ici la prospérité de la poésie.
La voix personnelle et puissante du poète nommé Rutebeuf, le « bœuf rustique », nous parle de près, traversant les siècles. Elle a inspiré l'une des plus belles mélodies de la chanson populaire française du XXe siècle, une composition de l'un de ses créateurs et interprètes les plus inspirés, le musicien et poète de génie Léo Ferré.
Né à Monaco, Léo Ferré (1913-1993), d'origine franco-italienne, est l'un des grands compositeurs et interprètes de la chanson française du XXe siècle. Tel un troubadour moderne, il exprime dans son œuvre, intensément personnelle et riche en musique, les conflits et les espoirs de son temps et du nôtre. En musique, autant qu'en poésie, l'œuvre de Ferré fait le pont entre le savant et le populaire (et sur ce point particulier, elle rappelle la même fertilisation entre différents registres qui caractérise le meilleur de la tradition de la musique populaire brésilienne moderne, de Pixinguinha à Tom Jobim, Egberto Gismonti, Hermeto Pascoal, parmi tant d'autres).
De sa formation érudite, Ferré a apporté à la musique populaire la sophistication mélodique et harmonique de la tradition française moderne, de Debussy à Ravel. De son immersion dans la littérature et la poétique du surréalisme, il a créé des vers et des images poétiques d'un grand impact et d'une grande beauté. Sa sensibilité poétique l'amène à mettre en musique des poèmes de Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Apollinaire, Aragon, entre autres. Homme immergé dans son temps, il a donné une voix poétique à l'anarchisme comme projet révolutionnaire d'émancipation humaine dans la seconde moitié du XXe siècle et a célébré la rébellion, l'utopie et la révolution des 1968er Mai de XNUMX.
Pauvre Rutebeuf, l'une des plus belles mélodies du compositeur français, a été créée en 1955, inspirée des vers et des expériences du poète du XIIIe siècle. Les paroles de la chanson de Léo Ferré compilent les vers du troubadour dans une unité à part entière. La traduction que nous proposons ici (avec l'excuse des spécialistes) n'a pas vocation à la fidélité philologique (puisque le français du troubadour médiéval s'est en partie modernisé dans la chanson) ni même littéraire, mais plutôt à indiquer au lecteur le sens général des vers , c'est-à-dire une lecture possible et "sous réserve d'éventuelles modifications".
La chanson a été enregistrée et réenregistrée par son auteur et par plusieurs interprètes, en France et à l'étranger, parmi lesquels on peut citer Catherine Sauvage, Nana Mouskouri et Joan Baez (dans une interprétation sensible, sobre et dans un français plus que raisonnable qui mérite être entendu). L'interprétation de Nana Mouskouri, accompagnée de la guitare, met en valeur la simplicité et la pureté sophistiquées de la mélodie de Léo Ferre et, dans son expression mesurée et quelque peu « intime », la « franchise » confessionnelle caractéristique du poème.
Pauvre Rutebeuf / Pauvre Rutebeuf
Léo Ferré, 1955
[Traduction : Marcelo Guimarães Lima]
Que sont les mois d'amis devenus
Qua j'avais de si près tenus
Et tan aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est mort
Ce sont amis que venta portage
Et il ventait devant ma porte
moins de choses
Avec le temps qu'arbre défeuille
Quand je ne me repose pas sur la branche,
Qui n'aille à terre
Avec pauvreté qui m'atterre
Qui est parti m'a fait la guerre
L'amour est mort
Ne pratique pas que vous raconte
Commentaire je me suis mis à honte
Dans cette manière
Que sont les mois d'amis devenus
Que tu j'avais de toi près tenus
Et tan aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est mort
Le mal ne sait pas séoul venir
Tout ce qui m'était à venir
m'est avenue
Pauvre sens et mémoire pauvre
M'a Dieu donné le roi de gloire
Et pauvre rente
Et droit sur moi quand bise vente
Laisse-moi venir
Le vent m'évente
L'amour est mort
Ce sont amis que venta portage
Et il ventait devant ma porte
Les questions…
qu'est-il arrivé à mes amis
que je les avais si proches
Et je les ai tellement aimés
Ils sont devenus si rares
Je crois que le vent les a emportés
l'amour est mort
Ce sont de tels amis que le vent prend et amène
Et ça a soufflé devant ma porte
Ils ont été pris
Avec le temps qui défolie les arbres
Quand il n'y a plus de feuilles sur les branches
Qui n'a pas été jeté au sol
Avec la pauvreté qui m'afflige et me tue
Ça me fait la guerre partout
l'amour est mort
Il ne convient pas de leur dire
Dans quelle situation honteuse je me suis retrouvé
et de quelle manière
Qu'est-il arrivé à mes amis,
Que je les avais si près de moi
Et je les ai tellement aimés
Ils sont devenus si rares
Je crois que le vent les a emportés
l'amour est mort
Le mal ne sait pas venir seul
tout ce qui m'attendait
qui m'est arrivé
Mauvais sens et mauvaise mémoire
M'a donné mon Dieu, le Roi de gloire,
et de maigres revenus
Et quand la brise froide souffle sur moi
le vent vient à moi
Et le vent me découvre
l'amour est mort
Ce sont de tels amis que le vent prend et amène
Et ça a soufflé devant ma porte
Ils ont été pris…
*Marcelo Guimaraes Lima est écrivain, chercheur, enseignant et artiste visuel. Auteur de Heterchroniaand Vansihing Viewpoints – chroniques d'art et essais (Publications Metasenta).
Références
Cast:
Léo Ferré : https://www.youtube.com/watch?v=o3zqKZiLDmg
Nana Mouskuri : https://www.youtube.com/watch?v=kVgxQXDk54E
Joan Baez : https://www.youtube.com/watch?v=fYG0suOjx7k
Catherine Sauvage : https://www.youtube.com/watch?v=6MvQ3JUWxk0