Par MANUEL DOMINGOS NETO*
La longue histoire des coups d'État de l'armée brésilienne
Je ne vous fais pas confiance, général. Vous avez proclamé la République au nom du peuple et laissé le peuple en dehors des urnes. Vous n'avez pas accepté que les femmes votent. Vous avez exclu les analphabètes, c'est-à-dire presque tout le monde. Comme si cela ne suffisait pas, vous avez continué à fouetter les Noirs dans les casernes.
Vous parlez au nom du peuple, mais vous avez peur du vote populaire. Dans l'Ancienne République, vous avez inventé des États salvateurs dont vous n'aimiez pas les dirigeants élus.
Après, vous avez défendu le scrutin secret en disant que tous les maux venaient du système électoral. Vous avez renversé le président élu, changé le système politique et, sous la pression, accepté le vote de la femme. Mais vous avez persisté à éloigner les gens des urnes.
Trouvant peu, vous avez inventé un mensonge flagrant pour imposer une dictature et nier la manifestation de la volonté collective. Vous avez fait avaler à la société une Constitution copiée sur la Pologne fasciste.
Lorsque vous n'avez plus été en mesure de maintenir la dictature, vous avez donné deux options au peuple : élire l'un en bleu ou l'autre en vert olive. Et vous avez été étonné par le vote de ceux qui voulaient un changement social. Vous avez imposé la clandestinité à ceux qui arboraient des drapeaux populaires.
Ensuite, vous avez voulu supprimer un vieux caudillo qui était devenu l'idole du peuple. L'homme voulait un pays avec la science, la technologie, l'industrie et les droits sociaux. Avec vos alliés habituels, vous avez tellement tourmenté le vieil homme qu'il s'est suicidé. Il vous a ôté de la bouche le goût de le voir injustement arrêté comme voleur.
Puis, une fois de plus, vous avez répudié le verdict des urnes. Seule la contre-attaque d'un collègue sensé rassurerait le candidat élu.
Têtue est votre rage contre le vote. Vous avez de nouveau renversé le Président de la République et imposé 21 ans sans élections libres. Vous avez infligé des coups impitoyables ! Ceux qui vous ont défié, vous avez ordonné qu'ils soient tués ou mis en prison.
Quand vous avez été contraint d'accepter des élections, même indirectes, vous vous êtes cassé la gueule, votre candidat a dansé.
Vous avez avalé sèchement la décision de l'Assemblée constituante de 1988 qui garantissait le vote des analphabètes. Quelle honte ce régime républicain que vous avez proclamé : les plus humbles ont attendu cent ans pour avoir le droit de vote. Comme vous avez peur d'une urne, général !
Les Brésiliens ont commencé à s'habituer à voter et, furtivement, ont comploté contre les élections. De connivence avec des coquins encapuchonnés et de petits juges, vous avez manigancé le renversement d'une femme honnête et l'arrestation d'un chef populaire.
Vous avez montré votre force à l'aide d'un téléphone portable. Admirable! Vous n'aviez même pas besoin de laisser les troupes en attente.
Enfin, tu as un bouffon pour le fauteuil présidentiel. Vous avez soutenu votre gouvernement. Et que le trou du cul devrait être imputé pour vos créations, hein ? Beaucoup s'imaginent candidement que les maux viennent de votre pantin déconcertant. Plus il dit de bêtises, mieux c'est pour dissocier les images de leur fabricant. Vous êtes doué pour ce que vous appelez les manœuvres "psychosociales".
Mais, avec ce gâchis de contestation des machines à voter électroniques, vous risquez de gâcher le reste de la considération que vous avez encore devant certains imprudents.
Que comptez-vous? Rumble, émeute? Programmez-vous une agitation sociale pour attaquer en tant que mainteneur de la loi et de l'ordre ? Voulez-vous que le pays en feu justifie les troupes qui descendent dans la rue ? Quelle blague! Quelle envie irrésistible de commander !
Vous faites semblant de n'avoir rien à voir avec le drame annoncé. Il y a ceux qui disent que vous ne briserez pas l'institutionnalité. Qui ne vous connaît pas, achetez-vous. Allez-vous abandonner votre dépendance à vie?
Tenez votre allergie à la volonté du peuple. Contenez votre peur des sondages. Arrêtez de jouer au faux sauveur de la patrie.
Prenez soin de votre obligation. Préparez-vous à tuer un étranger cupide et laissez le peuple brésilien, qui vous soutient, choisir sa voie !
* Manuel Domingos Neto est un professeur à la retraite de l'UFC/UFF, ancien président de l'Association brésilienne des études de défense (ABED) et ancien vice-président du CNPq.