Par João Carlos Salles*
Le Conseil universitaire de l'Université fédérale de Bahia (CONSUNI), lors d'une réunion extraordinaire tenue le 29 octobre, a rejeté à l'unanimité la Programme des universités et instituts pour entrepreneurs et innovateurs — Future-se. La délibération du Conseil n'a pas ignoré la première ébauche du projet, précédemment présentée le 17 juillet 2019, mais a eu pour objet la nouvelle proposition, consolidée par un groupe de travail des procureurs fédéraux et rendue publique le 16 octobre 2019.
Tous les membres du Conseil de l'Université de l'UFBA ont rendu compte des débats dans leurs unités, forums ou catégories respectifs, et ont exprimé de manière détaillée et claire les raisons de leur rejet, il est important de mentionner que, lorsqu'il y a eu une délibération préalable des congrégations ou d'autres Dans certains cas, chaque décision était auparavant également prise à l'unanimité, ce qui dénote un débat approfondi et une délibération mûre.[I]
Notre lecture ne se veut pas exhaustive. Il ne ressemble pas non plus à un procès-verbal CONSUNI. Il conserve donc les traits d'une lecture personnelle, même s'il profite et mentionne notamment les apports de cette riche réflexion collective, qui ont suffi à établir que la Programme futur menace l'université publique, parce que : (1) elle menace son autonomie ; (2) indique le manque d'engagement de l'État envers le financement public de l'enseignement supérieur ; et, enfin, (3) étant inepte comme solution, elle attaque la plénitude, l'intégrité et l'unité de chaque institution universitaire, ainsi que l'ensemble du système fédéral d'enseignement supérieur. Voici donc, brièvement, quelques-unes des raisons qui, à notre avis, expliquent et justifient un rejet aussi décisif de cette programme.
Deux observations logiques
Le texte de la proposition peut être soumis à différents niveaux d'analyse et peut être discuté selon des perspectives issues de différents domaines de connaissances. Avant d'évoquer les problèmes plus directs de contenu, qui ont été, en effet, l'objet le plus direct du débat, soulignons quelques aspects formels et politiques, sous la forme de deux considérations d'ordre logique.
(I) De la mention d'un article de la Constitution dans le texte du projet de loi.
Le contingent et le nécessaire ne sont pas miscibles. Et cela même si, dans une analyse plus souple de la logique des modalités, on considère l'altération possible du fondement le plus fondamental de l'expérience, les limites de l'espace logique n'étant pas universellement déterminées et, par conséquent, il est concevable que des propositions grammaticales puissent deviennent des propositions empiriques et vice versa. Quelle que soit la compréhension des modalités, le nécessaire n'appartient pas au champ du signifiant, de ce qui peut éventuellement être vrai ou faux. Il est indiscutable, et l'incontestable n'est pas énoncé, car on ne peut imaginer qu'on puisse s'en passer.
Bien entendu, l'analogie entre logique et expérience ne s'applique pas strictement aux distinctions de niveau entre le texte constitutionnel (même dans les préceptes fondamentaux) et les autres ordres juridiques. Malgré la différence, l'analogie est tout à fait suggestive dans ce cas. Il est donc significatif qu'au milieu d'un projet de loi, il soit indiqué, au I de l'article 2o., qui vise à assurer « le respect de l'autonomie universitaire, conformément à l'art. 207 de la Constitution », comme si la loi pouvait prévoir le texte constitutionnel ou imposer le respect d'un article de celui-ci. L'expression est donc soit complètement anodine, soit révèle la mauvaise conscience de ceux qui s'imaginaient autrefois pouvoir légiférer d'une manière qui n'était pas conforme à la Constitution fédérale. En fait, ce serait une première parodie de la Constitution que d'annoncer l'accomplissement d'un de ses articles capitaux, le rétrogradant cependant au niveau d'un point d'un article d'un projet de loi. Ce type de déclassement n'est pas rare, et l'insouciance logique n'implique pas en soi un échec judiciaire, sous prétexte que l'adage en vaut la peine. quod abundat non nocet. Cependant, le pléonasme est le lieu du vide, et mérite notre attention, surtout en raison de cette opération de reformulation de la proposition qui, sans supprimer ses traits les plus agressifs, visait précisément à réduire le rejet du projet précédent, en lui enlevant le image d'inconstitutionnalité flagrante.
Ce que la logique suggère comme un vice, l'analyse juridique ne le montrera pas comme une vertu, même si elle n'implique pas de grave défaut. Mais attention. Le texte constitutionnel accorde aux universités une autonomie qui ne peut et n'a pas besoin d'être élargie. Sa limite est l'horizon même de la Constitution, mais il est spécial, ne ressemblant pas à celui attribué à d'autres entités de l'administration indirecte précisément parce qu'il est constitutionnellement qualifié, de la même manière que celui conféré aux entités politiques de la Fédération brésilienne, se trouvant , donc consacrée et soumise à une véritable protection constitutionnelle qui rejette toute mesure tendant à l'abolir ou même à l'atténuer.[Ii]
En d'autres termes, son statut est celui d'un précepte fondamental, lié aux principes de liberté d'expression et de manifestation de pensée, qui serait commun à toute entité, si les universités n'étaient pas configurées, par distinction par rapport aux autres entités, comme un lieu privilégié de production de la pensée, c'est-à-dire un lieu où l'autonomie est associée à l'obéissance à un principe spécifique, par lequel enseignement, recherche et vulgarisation sont inséparables.
L'inconstitutionnalité n'est donc pas vérifiée dans tel ou tel article, de manière isolée, mais dans l'esprit de la programme:
(…) si l'autonomie constitutionnelle conférée par l'art. 207 consacre l'autonomie didactique-scientifique, administrative, financière et de gestion du patrimoine, il reste évident que la loi ne peut pas déterminer quels seraient les objectifs de performance de l'institution, ce qui représenterait une intervention indue, étant une question qui ne peut être tranchée que dans l'exercice de l'université gestion par l'université elle-même.[Iii]
Sans s'aventurer dans le champ de la psychanalyse de l'élaboration des pièces juridiques, serait-ce une hypothèse plausible — que la mention explicite finisse par amoindrir le précepte évoqué ? Ont-ils peut-être l'intention de transformer en législation contingente ce qui est une condition de ce qui peut être légiféré ? Le projet de loi dénonce peut-être, avec cette fragilité logique et juridique, ce qui est en jeu, ce qu'il implique au fond. Si un texte a besoin de rappeler un élément qu'il ne saurait d'ailleurs altérer ou supprimer, c'est précisément parce que c'est le point constamment menacé, sinon formel, d'une contrainte pratique évidente.
Après que le premier projet ait subi de nombreuses critiques justes pour avoir simplement : (1) changé le libellé du texte constitutionnel, commençant à faire référence à l'autonomie financière, par exemple, au lieu de l'autonomie de gestion financière ; et (2) la passation d'un contrat de gestion avec un Organisme Social comme porte d'accès à l'adhésion au programme, nous avons décelé un véritable mouvement d'occultation, adoucissant l'expression « adhésion » par le terme « participation » (bien qu'adhérer c'est participer et participer, on sait eh bien, c'est-à-dire rejoindre) et aussi, dans un autre euphémisme, remplacer le contrat de gestion par un contrat de performance, avec lequel on ne peut pas cacher que, également sous cette forme adoucie, l'autonomie de l'université est clairement restreinte. Fait intéressant, la mention explicite de l'article 207 de la Constitution est aussi de l'ordre d'une dissimulation.
Les défauts logiques-formels sont toujours indésirables, et ils sont instructifs. Nous voulons croire que, dans ce cas, elles sont dues en partie à la précipitation dans l'élaboration d'un document qui entend pourtant transformer toute la structure de l'enseignement supérieur fédéral. La présence de bordereaux est donc disproportionnée à la mission, comme cette autre, également de nature logique, qui consiste à répertorier, sans base commune, des dispositions de niveaux différents, comme dans cette encyclopédie chinoise de Jorge Luis Borges, qui classait animaux selon des critères d'un ordre différent, compromettant ainsi le terrain très commun dans lequel une certaine classification et une éventuelle signification seraient données. C'est ce qui se passe avec l'article 1o. à Programme futur, qui ajoute, à côté des finalités objectives, une inclination idéologique. L'objectif de fournir des ressources supplémentaires (item I) ou d'encourager une augmentation de la mobilisation de ressources propres (item II) et l'objectif, entaché d'une préférence idéologique, d'encourager la promotion d'une vision entrepreneuriale (item V) ne sont pas de la même nature. ). Et cette diapositive est structurelle. Associer l'allocation « sauveuse » du budget à une vision particulière de l'université implique de contraindre la marge de liberté de l'institution, de limiter le plein exercice de son autonomie, selon laquelle, en fonction de son histoire, de ses compétences et de ses enjeux, l'institution doit décider de la manière dont il organise lui-même et la direction de sa vie académique.
(II) Sur la structure de conjonction de l'article 207.
Une analyse un peu plus logique, même simple et élémentaire. Voici le texte exact de l'article 207 de la Constitution fédérale : « Les universités jouissent d'une autonomie didactique-scientifique, administrative et financière et de gestion patrimoniale, et obéiront au principe d'inséparabilité entre enseignement, recherche et vulgarisation ».
La structure logique de l'article est claire, permettant d'établir précisément ses conditions de vérité. Nous avons une conjonction principale, divisant l'article en deux parties, la première partie se résolvant en d'autres conjonctions, tandis que la seconde partie conjugue en un tout indissoluble un principe à obéir. D'un point de vue logique, la vérité d'une proposition jointe est fonction de la vérité de ses propositions composantes. La conjonction ne sera vraie que si toutes les composantes conjointes sont vraies, sans exception. La fausseté d'une seule proposition rend l'ensemble faux, de sorte que, dans le cas de l'énoncé d'un ensemble de règles dans un article, l'article ne sera respecté que si les règles qui le constituent sont toutes respectées.
Tout le monde connaît la table de vérité d'une conjonction, qui nous dit exactement ce qu'elle nous dit, à savoir que la fonction sera vraie si et seulement si toutes les composantes (arguments de la fonction) sont vraies. Et il y a un autre cas :
p | q | parce que |
V | V | V |
V | F | F |
F | V | F |
F | F | F |
La structure générale de l'article 207 est plutôt celle d'une fonction propositionnelle, A&B :
A | & | B |
Les universités jouissent d'une autonomie didactique-scientifique, administrative, financière et de gestion patrimoniale | , C'est | ils obéiront au principe d'inséparabilité entre enseignement, recherche et vulgarisation. |
A elle se caractérise aussi comme une conjonction de propositions, sans que l'analyse soit complète :
a) Les universités jouissent d'une autonomie didactique et scientifique;
(b) Les universités jouissent d'une autonomie administrative ;
(c) Les universités jouissent d'une autonomie financière et de gestion des actifs.
Pendant que B, en revanche, peut avoir une traduction plus complexe, pour rendre compte de l'idée d'inséparabilité. La traduction logique exacte n'est pas si simple et n'a pas besoin d'être faite. Il nous suffit d'indiquer qu'il faudrait exprimer approximativement que chaque dimension de l'activité finale de l'université est affirmée, sans renoncer à l'affirmation corrélative des autres dimensions, c'est-à-dire que l'enseignement ne peut se faire sans recherche ni sans extension, et bientôt. Cependant, elle doit exprimer autre chose, à savoir que ces dimensions de la vie universitaire ne sont pas juste côte à côte, dans des compartiments étanches, mais que l'enseignement est intimement lié à la recherche et à la vulgarisation, etc. c'est-à-dire que ces dimensions maintiennent un lien indissoluble, elles sont interconnectées, n'étant pas de simples éléments d'une liste de composants indifférents, comme s'ils étaient disposés séparément sur les rayons des supermarchés.
Cela étant, à la fois en raison de la nature logique de l'énoncé de la règle et de la nature de l'institution (qui suppose un lien organique entre les activités finalistes et les activités secondaires), une autonomie didactique-scientifique sans autonomie administrative, etc., ne signifie pas sens, de même que l'autonomie trouve sa justification dans la nature même de l'institution, dont la maturité délibérative résulte de la manière dont elle produit et transmet des connaissances, en plus de la mettre en rapport avec l'intérêt de la société. Cette conjonction bien établie entre autonomie et caractère institutionnel nécessite également la garantie des ressources par l'Etat, de sorte que l'on a la détermination de l'autonomie de gestion financière. Une proposition qui diminue l'un des côtés de cette grande conjonction, ou qui soustrait l'un de ses composants, attaquera la Constitution. En cas de présentation déguisée, dans laquelle exactement ce qui est mentionné est retiré, nous avons une indication encore plus grave d'une moquerie sournoise de la Constitution.
Ces fraudes résultent notamment de l'appauvrissement des axes thématiques du Programme futur. En plus d'être réduit à trois — 1) la recherche, le développement technologique et l'innovation ; 2) esprit d'entreprise; 3) internationalisation —, il y a le facteur aggravant de déterminer, dans sa formulation, soit par la source de financement, soit par la description de simples actions pragmatiques, sans que les axes soient régis par le principe d'inséparabilité de l'enseignement, de la recherche et de la vulgarisation. En particulier, la vision de l'entrepreneuriat lui-même est appauvrie, ce qui programme tant d'éloges.
Les universités publiques ne sont pas des entreprises. A l'intérieur donc, les actions entrepreneuriales ne peuvent être régies par des principes étrangers à leur caractère public ou à leur projet institutionnel. Pour cette raison même, il existe une véritable querelle sémantique sur la notion d'entrepreneuriat, une querelle selon laquelle programme, peut-être par ignorance, ignore ou rétrograde :
(…) la compréhension la plus cohérente de l'entrepreneuriat se situe dans les actions de transformations sociales et culturelles. Entreprendre, c'est innover, créer, chercher des améliorations en changeant la société. Le document réduit le terme à un aspect financier. Les capitaux sont aussi culturels et immatériels et pas seulement économiques. Les universités ne sont pas des entreprises, entreprendre, c'est aussi s'ouvrir aux savoirs issus de communautés subalternes, qui, sur la base d'une pensée hégémonique, étaient exclues du contexte universitaire. (…) Le concept d'entrepreneuriat, le terme le plus utilisé dans le document, ne traite pas l'éducation comme un bien public et gratuit, la plaçant comme une marchandise échangeable.[Iv]
Or, l'Assemblée constituante a clairement et sans équivoque exprimé, avec la Constitution fédérale de 1988, l'intérêt supérieur de l'enseignement supérieur public. Le législateur a alors eu la chance d'associer intimement et intérieurement l'affirmation de l'autonomie universitaire à un projet d'établissement, reflété dans la coexistence et la collaboration entre les multiples dimensions et domaines de la vie universitaire. La conjonction est donc de toute importance. Les affirmations ne sont pas simplement jointes ; elles sont liées, de sorte que l'article, pour être obéi, suppose la vérité des deux propositions conjointes. C'est-à-dire que l'autonomie universitaire, avec ses multiples facettes, suppose l'obéissance au principe, lui aussi non négociable, de l'inséparabilité entre enseignement, recherche et vulgarisation. Celui qui affirme obéir à l'autonomie prévue dans l'article, mais fait abstraction du projet universitaire intégral qui lui est associé, pratique une sorte de contradiction performative ; se comporte comme ça Mohel qui accroche une grande horloge à l'entrée de sa boutique, même s'il sait que ce n'est pas exactement son affaire.
C'est aussi se moquer de la Constitution que d'affirmer qu'une telle autonomie universitaire peut être élargie (comme si le plénum pouvait être plus complet, comme si le maximum pouvait être encore plus maximum), car ce sera au prix d'une diminution de l'application du principe. Après tout, dans le cas de l'autonomie envisagée pour les universités, le législateur n'a pas accordé à un service public une prérogative extraordinaire d'autorégulation. Plus que cela, le législateur a reconnu et affirmé que l'université n'est pas seulement un office public.
La menace à l'autonomie de l'université peut donc être directe en restreignant le droit de l'université à l'autorégulation, mais aussi en amoindrissant le projet propre de l'université. En ce sens, malgré l'atténuation de certains aspérités, la nouvelle proposition conserve l'essence et l'esprit de la proposition précédente. En particulier, lorsqu'elle entend afficher une expertise économique, elle trahit une grande méconnaissance de la vie académique universitaire, mais aussi du fonctionnement du marché, dont pourtant elle fait tant l'éloge. En revanche, dans son aspect juridique, il ne cache pas les griffes de l'inconstitutionnalité flagrante. Ici, au lieu de sophistication juridique, il montre la confusion face à un objet, apparemment, peu connu par le groupe de travail d'avocats, certes talentueux, mais, semble-t-il, sans formation académique suffisante. Pour cette raison (même sans parler au nom de MEC lorsqu'ils fournissent ce service), ils finissent par traiter l'université comme un simple organisme public, sans respecter les processus de réflexion qui la caractérisent et qui constituent des moyens efficaces pour réguler ses actions, décider de ses futur et, enfin, d'être un critère de qualité dans les dimensions à préserver et à renforcer dans l'enseignement, la recherche, la vulgarisation et l'innovation, sans avoir besoin ni sacrifier l'une de ces dimensions ou aucun domaine de connaissance. Sans même être certain que le travail assidu des procureurs sera pleinement respecté et que ce projet de loi sera transmis au Congrès, c'est ce qu'il faut maintenant apprécier.
Où, en somme, sont les menaces ?
L'analyse logique ne fait que situer le texte, souligner son contexte formel, qu'il explicite ou occulte, comme s'il décrivait peut-être le cadre d'une nouvelle d'Edgar Allan Poe, « La lettre volée ». Cependant, son contenu est beaucoup plus grave, avec des menaces claires sur l'autonomie, le financement et le projet d'une université publique, libre, inclusive et de qualité. Pour le rejet de la proposition, plusieurs points ont été soulevés. Ils ont une importance inégale, viennent sous des angles différents et n'ont pas besoin d'être présentés selon une hiérarchie de raisons. Cependant, distributivement ou conjointement, ils indiquent que les Programme futur c'est inadmissible.
Première, en raison de son unilatéralité. Une proposition doit être à la hauteur du défi de soutenir l'université dans sa multiplicité, de la faire se développer harmonieusement, en garantissant sa plénitude effective et son principe organisateur inscrit dans la Constitution. Une proposition qui conduit à l'hypertrophie d'une dimension et donc, de manière systématique, à la réduction des autres, viole l'article 207. Ainsi, la programme unilatéralement et idéologiquement limité une dimension de la vie universitaire, niant les dispositions de l'article 207 pour des attitudes restrictives à l'autonomie ou à la nature de l'université, dans lesquelles elle commet une contradiction de performance claire et inacceptable. Ceci est vérifié, par exemple, avec l'art. 8o., qui pointe le déséquilibre complet de ce qui, au contraire, doit en être indissociable, puisque tous les revenus supplémentaires tirés par les fonds, sous forme de prestations spéciales, « doivent être destinés à l'entrepreneuriat, à la recherche, au développement technologique et à l'innovation et activités d'internationalisation ».
Cette prescription attaque directement la vulgarisation, mais aussi la recherche fondamentale et tous les domaines qui, parce qu'ils ne sont pas appliqués ou utilitaires, ne prévoient pas les dispositions du point VII de l'article 3o., selon laquelle la recherche qui « a pour objectif la génération de produits, procédés et services innovants ainsi que le transfert et la diffusion de technologies » sera valorisée. Sans équivoque, nous assistons à une parodie de la Constitution avec cet usage explicitement restrictif du budget, car il entache à la fois le principe d'inséparabilité et subordonne l'autonomie de la gestion financière. Il convient de noter que l'inclusion elle-même (une tâche qui est maintenant encore plus fondamentale et nécessaire en raison du succès des actions positives) est compromise par la nature idéologique de la proposition, puisque, dans ce cas, les ressources du Fonds (soi-disant) Les souverains peuvent être utilisés dans des actions visant l'aide aux étudiants, mais selon une clause restrictive, à savoir, « à condition qu'elles soient liées à l'entrepreneuriat ou à la recherche et à l'innovation » (article 32, point III).
Il convient de noter que cet éloge exacerbé de l'entrepreneuriat, d'être unilatéral, révèle une vision appauvrissante. L'entrepreneuriat et l'innovation, qui ont leur place dans la vie universitaire, prennent tout leur sens lorsqu'ils sont associés à des dispositifs productifs locaux spécifiques, à l'amélioration des conditions de vie, mais aussi aux multiples dimensions de la vie universitaire, à des processus d'enseignement et d'apprentissage efficaces, à la recherche et, mérite d'être souligné, l'extension.
En réduisant la vision de l'entrepreneuriat, on identifie un risque d'adhésion à une logique restreinte, fondée uniquement sur le lien avec le secteur privé des affaires et qui ne conçoit pas l'extension épistémique développée par les Universités ces dernières années, négligeant ainsi les différentes modèles et modélisation de l'entrepreneuriat au Brésil pluriel, qui incluent l'économie solidaire, l'agriculture familiale, l'entrepreneuriat socio-environnemental, l'entrepreneuriat ethnique, la gestion sociale du développement socio-territorial, les technologies sociales, bref, le lexique riche et abondant qui a été forgé par les universités brésiliennes dans les épistémologies du Sud qui veut être et devenir global et international. L'acquiescement à la logique privatiste de l'université privilégie les besoins du marché, élevés à la condition de principal stimulateur des politiques S&T au détriment de la Société Civile et de l'Etat lui-même. En conséquence, les efforts de plusieurs décennies autour des technologies sociales qui ont considérablement réduit la pauvreté dans le pays ces dernières années sont jetés à terre, face aux effets pervers de la mondialisation excluante avec sa logique néolibérale d'exclusion des sujets.[V]
Deuxième, en restreignant l'exercice de l'autonomie universitaire. Le contrat qui pourrait étendre l'autonomie d'un organe d'administration directe et indirecte, conformément au §8 de l'art. 37 de la Constitution fédérale, n'est pas un contrat de performance et, de plus, ne s'applique pas aux universités, celles-ci jouissant déjà de l'autonomie maximale possible conférée à une entité du syndicat qui n'est pas un pouvoir indépendant. Par conséquent, le maximum ne peut être augmenté, c'est-à-dire que la prétention d'étendre une autonomie déjà pleinement établie par la Constitution est fallacieuse. Si l'autonomie est en outre qualifiée, elle ne peut être basée que sur une certaine restriction. Une partie de la gestion serait transférée, selon des contrats à signer, en fonction de l'attente d'octroi d'avantages particuliers. Pour assurer ces avantages, le programme elle interfère avec l'autonomie didactico-scientifique, par exemple en prescrivant des matrices curriculaires, en imposant des contenus et des lignes directrices, en orientant ce qui, au contraire, devrait faire l'objet d'une délibération autonome des institutions.
En effet, le contrat de performance transférerait les décisions sur les trois axes du programme, interférant dans la dynamique et l'autorégulation de l'université. À tout le moins, cela ferait basculer tout le plan de développement institutionnel dans une direction exclusive, au détriment des objectifs déjà construits par chacune de nos universités. L'embarras est clair, aussi parce que l'accès aux prestations spéciales, qui sont les plus importantes programme, dépendrait désormais du respect des objectifs du contrat de performance, au prix de la réalisation même la plus simple de notre vie universitaire bien remplie. Aussi, il y a une nette renonciation à l'autonomie de gestion financière puisque les Fonds constitués, notamment les fonds propres, sont désormais gérés par une institution privée.
La logique nous rend suspects, et les faits ne la contredisent pas. O programme présente un aperçu des tâches de gestion universitaire, qui sont transférées à des entités privées, à des institutions qui, par leur nature, ne peuvent avoir une vision globale de la réalité universitaire, ni fonctionner selon une pratique démocratique :
Substantiellement, la proposition d'externalisation de la gestion, fait peser une forte menace sur le processus décisionnel collégial (conseils supérieurs, congrégations, départements et organes collégiaux) qui structurent la pratique de la gestion dans le cadre de l'Université, menaçant le caractère démocratique de sa gouvernance.[Vi]
Par ailleurs, la notion de contrat de performance, avec l'euphémisme qu'elle implique et son imprécision, pose des problèmes évidents, pouvant introduire des distorsions au sein du système, creuser les inégalités régionales et favoriser simplement des institutions plus consolidées ou plus aptes à concourir pour les ressources :
Il n'y a pas d'anticipation sur les critères retenus pour l'évaluation des performances et la définition des indicateurs. Il y a un risque d'insérer une logique de concurrence entre institutions sœurs, surtout parce qu'en instaurant le respect de contrats de performance, les financements publics peuvent passer des politiques publiques de développement institutionnel à une logique de sélection des pôles d'excellence et, donc, d'exclusion des anciens universités partenaires, complémentaires et subsidiaires.[Vii]
Le maintien même de l'idée d'appartenance, désormais déguisée sous le nom de participation, n'est pas souhaitable pour un système public, non guidé par la logique de concurrence propre au marché. C'est évidemment un énième euphémisme dangereux, puisque dans le cas de Programme futur, s'il y a des clauses de « participation », adhérer c'est participer et participer c'est adhérer. Du coup, le système fédéral d'enseignement supérieur se divise, ses unités se mettent en concurrence, et la MEC cesse de proposer des solutions isonomiques, ce qui serait, après tout, sa seule responsabilité.
Troisième, car cela implique un désengagement à long terme de l'État avec le financement public de l'enseignement supérieur, en développant une stratégie de remplacement des ressources publiques par des ressources privées et aussi, plus clairement dans la nouvelle version, par les revenus propres de l'université. Dans ce cas, aggravant la proposition précédente, il ne libère pas la simple utilisation de ses propres revenus sans limitation de plafond, mais oriente plutôt ces ressources vers la constitution d'un fonds de dotation, dont les universités reviendraient, et non l'intégralité des revenus gagnés ressources, mais vos revenus. Avec cela, il fait face à un grave problème avec une solution terrible, alors qu'aujourd'hui nous avons même une solution bien meilleure, plus claire et, qui plus est, unificatrice pour le système. Comme nous le rappelle Nelson Cardoso Amaral :
(...) la solution pour que les ressources propres soient exécutées dans les budgets des universités fédérales et non dans les fondations de soutien ou les organisations sociales, est en cours au Congrès national, qui est la proposition d'amendement constitutionnel (PEC) No 0024/2019, qui prélève des ressources propres sur le montant des ressources qui font partie de celles associées aux limites établies par l'amendement constitutionnel 95/2016, qui a établi le gel des dépenses primaires jusqu'en 2036.[Viii]
Il existe également des raisons constantes de ne pas s'appuyer sur les propositions d'un fonds de dotation et d'un fonds souverain du savoir, telles qu'elles sont formulées. Premièrement, l'affirmation rhétorique selon laquelle l'engagement de l'État sera maintenu et que de tels fonds ne signifieraient que des sources supplémentaires est contraire à l'évidence. Nous vivons dans une réalité de coupes budgétaires continues (en particulier dans la rubrique investissement) ou, également, dans le cas de la rubrique costing, de simple remplacement nominal des valeurs globales, sans que des ajustements dus à l'inflation soient effectués ou accompagnent l'expansion de le système. C'est-à-dire que la proposition est présentée dans un scénario de déficit budgétaire clair, face auquel, si l'engagement de l'État n'est pas actualisé, la dépendance aux fonds ne pourrait qu'augmenter :
Dans ces cas, il y a un risque de prépondérance de la notion de financement universitaire enfermé dans une logique de marché, ce qui pourrait à moyen terme signifier restreindre la garantie du droit à l'enseignement supérieur dans une perspective inclusive et diversifiée et, en même temps temps, , l'éloignement de l'université des mouvements et organisations sociaux, des minorités, des thèmes les plus critiques des gouvernements et du marché lui-même. Par conséquent, la liberté de choisir les demandes qui seront satisfaites est mise à mal, allant à l'encontre des orientations de l'expansion universitaire et de la pluralité dans son accès.[Ix]
S'il s'agit d'un scénario de remplacement du financement public, quelle qu'en soit la proportion, le gestionnaire responsable ne peut imaginer des solutions qui créent des distorsions et donc ne privilégient qu'une partie du système à financer. Elle ne doit pas non plus proposer des solutions inadaptées, qui, bien que discutables en raison de leurs effets secondaires néfastes, sont détachées des études antérieures et ne peuvent même pas, pour reprendre une expression en vogue chez les gouvernants actuels, délivrer les résultats qu'elles promettent.
(…) L'une des principales sources de financement proposées serait l'investissement par Capital de risque. Il existe une disproportion abyssale entre la taille des Capital-risque au Brésil et les attentes du gouvernement. Selon l'Association brésilienne de capital-investissement et de capital-risque (ABVCAP), en 2018, le montant total disponible pour les investissements dans cette modalité au Brésil était de 2,4 milliards de reais. C'est-à-dire que ce type de ressource, même s'il est entièrement destiné au FSC, aurait une très faible représentation par rapport à la valeur totale estimée de 100 milliards de reais. L'expérience internationale de Capital de risque dans des universités comme Berkeley Ventures, Fonds de capital-risque UCLA e XFund (Harvard), Grandes entreprises rouges (Cornell) C'est DébutX (Stanford), se concentre sur le soutien (pas seulement financier) à l'écosystème entrepreneurial des universités, et non comme une source pour leurs budgets. Une autre source de fonds pour la composition du FSC serait les dons et les fonds de dotation (donation). Ces fonds, déjà traités dans la loi 13.800/19, ne se présentent pas comme une nouveauté apportée par le programme Future-se, déjà adopté par certains IFES. Cependant, juste pour que les différences dans les ordres de grandeur réalisables et projetés puissent être perçues, il convient de noter que le Fonds du patrimoine Amigos da Poli (FPAP) de l'École polytechnique de l'Université de São Paulo, fondée en 2012, et associés avec une école qui Ses anciens élèves sont de grands noms du secteur industriel et financier, il dispose d'un capital d'environ 23 millions de reais, ce qui indique, à tout le moins, que le temps de maturation d'un fonds de dotation au Brésil serait assez long. En bref, bien que le projet n'énonce pas explicitement la libération de l'État, il y a un signe clair que les universités finiront par dépendre de fonds dont on ne sait rien sur leur structure et soutenus par des promesses de performance détachées de la réalité du marché des capitaux brésilien . La proposition est basée sur un optimisme injustifié, non conforme à la responsabilité nécessaire pour la gestion financière de l'IFES.[X]
Par conséquent, la proposition n'offre pas de solution de financement sûre et cohérente. Si ce n'était pas l'agression flagrante à l'autonomie et à la nature de l'université, si ce n'était pas le manque d'engagement tout aussi inacceptable signalé par la proposition avec le financement public de l'enseignement supérieur, si ce n'était pas pour les dommages évidents au bien constitué législation sur l'éducation, n'eut été de sa marque idéologique mercantiliste contraire à l'esprit d'une université publique, libre, inclusive et de qualité, la proposition manque encore de préparation et d'improvisation, n'étant pas à la hauteur du financement de l'enseignement supérieur.
Chambre, pour privilégier l'intérêt privé à l'intérêt public, notamment dans les matières stratégiques, par rapport auxquelles il est nécessaire de sauvegarder le bien commun, toujours associé aux politiques de l'État. Il existe de nombreux exemples de ce grave manque de distinction, voire de préférence pour le marché, qui fait que les programme cherche à affaiblir la présence de l'État et, par conséquent, la valeur de ses serviteurs. Ainsi, il compromet la qualité de l'enseignement supérieur en supprimant aux universités publiques la condition de critère de ce qui doit ou ne doit pas être reconnu, la prérogative de revalider ou non les diplômes, en plus d'assurer (en termes douteux et étranges) la « facilitation » et « l'accélération » des dossiers, allant à l'encontre des mesures rigoureuses d'évaluation et d'assurance qualité des diplômes et autres procédures.
L'indistinction entre le public et le privé continue donc de ternir la proposition, constituant par essence une attaque manifeste contre l'État et la dimension publique de la société. Cela se produit même dans des propositions apparemment innocentes, comme l'utilisation de la loi Rouanet pour promouvoir les équipements culturels universitaires. Or, on le sait, la loi Rouanet ne satisfait pas aux principes de base pour l'élaboration des politiques publiques ; en particulier, elle accroît même les inégalités régionales, constituant une voie aléatoire et indue de répartition de l'argent public. Et c'est bien de cela qu'il s'agit, de l'argent public, puisque la quasi-totalité des ressources collectées par ce biais proviennent d'exonérations fiscales. En utilisant le marché comme critère de ce qui doit être valorisé et encouragé, il contraint l'autonomie didactique et scientifique, et favorise même le marché comme mécanisme de distribution des ressources publiques.
Lorsqu'il y a primauté de l'intérêt commun, les politiques publiques privilégient le patrimoine historique et culturel, et non l'intérêt du marché immobilier. Ainsi, l'article 34 du Programme futur, qui révèle une dangereuse préférence mercantiliste, d'autant plus que nous connaissons tous le siège de longue date du marché immobilier sur les zones prime occupées par les universités et les bâtiments historiques. Contrairement au zèle dont font preuve nos commissions du patrimoine et aux avis judicieux d'unités comme la Faculté d'architecture, la proposition semble encourager l'ouverture des portes à un siège du patrimoine immobilier des universités, qui serait contraint, en des temps difficiles , de dénaturer leur utilisation ou d'écarter un patrimoine dont la signification historique et culturelle a une échelle de temps distincte de l'intérêt immédiat du marché.
La proposition, au parti pris idéologique clair, introduit un esprit de monétisation des valeurs symboliques immatérielles, contraire aux valeurs les plus hautes de la citoyenneté, notamment en encourageant les dons conditionnés non pas à la reconnaissance de la valeur de l'institution, mais selon la contrepartie de remise de valeurs symboliques par compte de contrepartie de ressources, comme dans les contrats octroyant le droit de nomination. Dans le même ordre d'idées, le programme fonctionnalise la nature de la communauté universitaire, qui cesse d'être la source de valeurs même démocratiques et la base fondamentale de notre insertion dans des communautés scientifiques et culturelles plus larges, se réduisant à une diversification fonctionnelle et unifiée dans le plan commun d'objectifs et non par son interaction réflexive. (Cf. article 3o., point X.) Il réduit notamment le rôle des fonctionnaires :
Elle dénature les carrières des professeurs et des agents technico-administratifs, avec la proposition de les transformer en entrepreneurs, agents en quête de profits et d'avantages personnels, au détriment du rôle social des agents publics. Par ailleurs, les récentes déclarations du Ministre de l'Education nationale sur l'intention d'embaucher des enseignants et des fonctionnaires sans concours public et sans encadrer le Régime Juridique Unique, à travers la Consolidation des Lois du Travail (CLT), aggravent les risques de démantèlement de l'enseignement public, de précarité des les conditions de travail de ces professionnels et les menaces de persécution politique.[xi]
La dimension publique est également vidée en interne lorsque l'intégrité de l'institution et sa culture démocratique sont menacées, qui, au fil du temps, se sont révélées essentielles à l'exercice de l'excellence académique la plus raffinée et de l'engagement social le plus cohérent. C'est le cas de la constitution des sociétés ad hoc (SPE), personnes morales de droit privé, au sein desquelles le développement des projets cesse d'être subordonné aux déterminations institutionnelles collectives. Avec cela, la proposition soulève le vide même de la représentation collective, avec le rôle des instances décisionnelles collégiales (Conseils, congrégations, départements et instances collégiales) en jeu.
une brève conclusion
Les points énumérés ci-dessus mettent en évidence des aspects réitérés dans de nombreuses analyses, sans épuiser les critiques faites au projet. Ils servent davantage à dessiner, à contre-courant, des principes non négociables, aujourd'hui attaqués par les propositions et par le discours gouvernemental. Il convient de mentionner qu'une partie substantielle de ce que Programme futur présente, dans ce qui peut être intéressant, il n'est pas nouveau et dispose déjà d'une disposition légale, dépendant uniquement de la mise en œuvre, le cas échéant, du nouveau cadre réglementaire pour la science, la technologie et l'innovation et de la récente législation sur les fonds de dotation, tous deux déjà existent et qui, en plus d'être mieux construits (même si discutables sur certains points), ne divisent pas le système, ne contraignent pas l'autonomie universitaire ou ne compromettent pas l'inséparabilité entre enseignement, recherche et vulgarisation. En conséquence, la proposition Futur-se est loin d'être anodin, puisqu'il introduit délibérément des restrictions, des charges avec des composantes de lecture idéologiques déjà pratiquées par nos universités et compromet des valeurs essentielles à l'autonomie et à la vie universitaire, de sorte que, dans son contexte, même ce qui n'est pas c'est nouveau, ce n'est pas plus intéressant.
Un ensemble important de lois, auparavant réfléchies lentement, font maintenant l'objet d'une révision brutale. Comme son approbation précédente n'était pas gratuite, il y a certainement un ensemble de raisons et de débats qui sont sommairement écartés. Aussi, comme la proposition porte sur un ensemble d'actions déjà approuvées, elle finit par confondre, comme si c'était son mérite, qui dispense pourtant de toute approbation, sauf celle interne, en tant que nouveau jalon de la science, de la technologie et de l'innovation . De la même manière, la proposition apporte comme solutions des intentions inférieures à d'autres initiatives en cours, telles que la suppression du plafond des revenus propres pour l'IFES, sans distinction et sans contraintes excessives. Enfin, d'autres points ont été présentés, également pertinents, mais la liste ci-dessus nous semble suffisante pour expliquer les raisons profondes et non circonstancielles du rejet catégorique et décisif de la Programme futur.
En outre, il convient de noter qu'en raison également de ses lacunes et de ses ambiguïtés, la proposition a créé une atmosphère d'insécurité. L'incertitude porte sur les aspects stratégiques de la proposition de financement, la nature de la réglementation, les indicateurs qui seront facturés, la composition des comités de gestion, etc. Et le manque de clarté, qui dénonce l'état d'improvisation et d'insouciance de la proposition, est constamment renforcé par un discours belliqueux, d'agression pure et simple contre les managers et la vie universitaire, si bien que le débat se tient dans un environnement où les représailles ne sont pas voire écartée, compte tenu de l'incohérence discursive et de l'emphase rhétorique.
La pensée contradictoire, il convient de le rappeler, est un symptôme typique d'un environnement de guerre. Et le gouvernement semble avoir abandonné les expédients caractéristiques du débat, au profit de la simple propagande. De ce fait, il cesse d'être engagé même sur les caractéristiques du produit qu'il cherche à « vendre », à n'importe quel prix. Ainsi, il est possible d'évoquer l'élargissement d'une autonomie qui se restreint ; insister sur le fait qu'il n'y aura pas de baisse des financements publics, alors que, dans son discours, il signale comme objectifs souhaitables la réduction de la participation de l'Etat au financement à moins de 40% des ressources de l'enseignement supérieur ; dire que c'est la participation qui est contrôlée selon les moules d'adhésion ; énoncer qu'il apportera des ressources externes aux universités, en même temps qu'il jette les yeux du marché immobilier sur ses actifs et utilise les revenus propres de l'université ; prétendent qu'il débloquera le plafond de ses propres revenus, mais qu'ils ne restitueront aux universités que leurs revenus sous forme de fonds.
La nouvelle proposition, quelle que soit la justification rhétorique (ou, plus encore, pour sa rhétorique de guerre), ne cache pas la nature du projet dans ses aspects les plus clairs. C'est le Programme futur, dans l'une ou l'autre version, implique (i) une diminution ou une contrainte de l'autonomie universitaire ; (ii) le désengagement durable de l'Etat du financement public de l'enseignement supérieur ; (iii) la subordination des intérêts et principes académiques aux intérêts privés ou commerciaux ; (iv) la dégradation de la plénitude de l'institution ; (v) division du système d'enseignement supérieur ; (vi) la valorisation unilatérale des domaines de connaissance ; (vii) le désengagement vis-à-vis de la diversité de la recherche scientifique et des pratiques culturelles effectivement pratiquées ; (viii) le manque d'engagement envers les objectifs du Plan National de l'Éducation, qui ne sont même pas mentionnés dans le Programme futur, comme si le programme était son propre objectif et ses indicateurs ne devaient pas se référer, point par point, à l'expansion et à la qualité du système éducatif déjà convenu.
La proposition était présentée comme audacieuse. Cependant, dans ses deux versions, c'est une copie de tentatives déjà pratiquées ailleurs, avec des résultats néfastes pour l'institution universitaire. Il se présente comme riche et innovant en soi. Pourtant, il est timide et incompétent, sans que ses gestes les plus audacieux (ceux relatifs aux fonds) aient été fondés sur des études et des projections, sur les meilleures pratiques professionnelles. Elle se présente comme un pas vers l'avenir, y compris dans son nom. Cependant, il s'agit d'un collage réchauffé de solutions éprouvées. Enfin, elle se présente comme une solution pour l'éducation, comme le salut des universités ; cependant, il révèle une méconnaissance du système, une méconnaissance et un manque de respect flagrant envers les valeurs cultivées et éprouvées par la communauté universitaire au fil du temps.
Il est donc nécessaire de supprimer toute suggestion selon laquelle cette proposition viendrait au secours d'institutions qui, après tout, seraient insoutenables. Au contraire, nous devons montrer la valeur de notre travail et montrer que nos institutions ne sont pas des échecs. Échouera la société qui préfère l'ignorance à la connaissance et qui renonce à l'expansion d'institutions uniques comme la nôtre, capables de former des personnes, de produire de la science, de la culture et de l'art, signifiant le pari de notre société sur l'avenir, sur le développement de notre peuple et l'indépendance intellectuelle de notre nation.
*João Carlos Salles il est doyen de l'UFBA et président de l'Association nationale des directeurs des établissements fédéraux d'enseignement supérieur (Andifes).
[I] Les documents produits par les unités et les conseils de l'UFBA mentionnés dans ce texte peuvent être consultés sur le site Web de l'université (www.ufba.br).
[Ii] Cf. Avis de la Commission d'Analyse du Programme Future-se, Faculté de Droit de l'UFBA.
[Iii] Cf. Avis de la Commission d'Analyse du Programme Future-se, Faculté de Droit de l'UFBA.
[Iv] Document du Conseil Académique pour la Recherche et la Vulgarisation de l'UFBA (CAPEX).
[V] Document « Analyse du programme Future-se », UFBA Business School.
[Vi] Document « Analyse du programme Future-se », UFBA Business School.
[Vii] Document « Analyse du programme Future-se », UFBA Business School.
[Viii] AMARAL, Nelson, « Le contrat de performance présent dans la nouvelle version de Future offense l'autonomie universitaire et, par conséquent, ne doit PAS être signé », mimeo, 2019.
[Ix] Document « Analyse du programme Future-se », UFBA Business School.
[X] Document « Analyse du programme Future-se », UFBA Business School.
[xi] Document de la Congrégation de l'Institut de Santé Collective de l'UFBA.