Une écothéologie de la Terre Mère

Image : Hatice Köybaşı
whatsApp
Facebook
Twitter
Instagram
Telegram

Par LÉONARD BOFF*

La question n’est pas : quel avenir pour le christianisme ou notre civilisation, mais quel avenir pour la Terre vivante ?

Il n'y a pas que les pauvres qui crient. La Terre aussi crie, elle a rendu les grands pauvres, pillée de ses biens et services naturels limités. Le pape François parlait il y a quelques jours du cri de la Terre et des pauvres. La plus grande attaque qui lui est faite est de ne pas la considérer comme la Grande Mère, la Maison Commune et Gaia, un superorganisme vivant qui s'autorégule et combine tous les éléments nécessaires pour toujours s'auto-reproduire et générer des vies, en particulier la vie humaine, la plus grande floraison de le processus d’évolution. Il peut à peine dissoudre les déséquilibres tout en conservant la capacité de nous nourrir ainsi que l’ensemble de la communauté de vie.

Mais aujourd’hui, elle fait preuve de faiblesse. C'est la surcharge de la Terre (Dépassement Terre). Elle a été exploitée à outrance en raison de la voracité de certains dont le projet est d’accumuler des biens matériels pour eux-mêmes de manière illimitée sans un sentiment de partage équitable avec le reste de l’humanité. Le pire est survenu récemment. On constate une diminution de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, ce qui aggrave le réchauffement climatique avec des conséquences connues.

Les droits de la nature et de la Terre ne sont pas reconnus, réduits à un trésor de ressources pour soutenir le projet illusoire d'une croissance illimitée, connaissant les limites insurmontables de la planète.

La prise de conscience grandit à partir du AperçuEffet d'astronautes qui ont vu la Terre depuis leurs vaisseaux spatiaux et ont constaté que la Terre et l'humanité forment une entité unique et complexe. Les humains exprimeraient ce point de complexité à partir duquel la Terre commençait à marcher, à penser, à chanter, à s'émouvoir et surtout à aimer.

Face à l'urgence écologique, l'alternative qui se présente est la suivante : soit nous prenons soin de notre Terre Mère, soit il n'y aura pas d'arche de Noé pour nous sauver. Bien dit le pape François en 2025 dans l'encyclique Tous les frères (Tous les frères et sœurs) : « nous sommes dans le même bateau, soit nous sommes tous sauvés, soit personne n'est sauvé ».

C’est pourquoi, dans l’option pour les pauvres, la Terre doit être incluse, comme les grands pauvres. Notre mission est de le descendre de la croix et de le ressusciter afin qu'il conserve sa vitalité.

Une théologie de la libération intégrale doit être une écothéologie de la libération, comme je l'ai défendu depuis les années 80 du siècle dernier et finalement officialisé par le pape François dans son encyclique Laudato Sì : sur comment prendre soin de notre Maison commune (2020).

L’éthique écologique fondamentale, support de tout autre impératif, exige : que dois-je faire pour sauvegarder la vie sur Terre et sur Terre et permettre à tous les êtres de continuer à exister et à vivre ? Le deuxième impératif éthique est le suivant : que dois-je faire pour préserver les conditions permettant aux êtres humains de pouvoir subsister et continuer d’évoluer comme ils le font depuis des millénaires ?

La Terre fonde un principe structurant pour tout, la nouvelle centralité de la pensée et de l'action. La question n’est pas : quel avenir a le christianisme ou notre civilisation, mais quel avenir a la Terre vivante et dans quelle mesure le christianisme et d’autres voies spirituelles, ainsi que les sciences, contribuent à rendre possible l’avenir de la vie sur Terre.

L’alarme écologique nous oblige à redoubler de prudence. Rien qu’en 2023, nous rejetterons 40 milliards de tonnes de dioxyde de carbone (CO) dans l’atmosphère2). La moitié est absorbée par les plantes lors du processus de photosynthèse et par les océans. Mais l’autre moitié va dans l’atmosphère et y reste pendant environ cent ans. Cela crée un effet de serre qui finit par aggraver le réchauffement climatique avec des effets désastreux comme les immenses incendies en Amazonie, au Pantanal, actuellement en Californie et même en Sibérie froide et humide.

On parle d'une nouvelle phase sur Terre, après l'Anthropocène, la plus dangereuse de toutes, le Pyrocène, c'est-à-dire l'irruption du feu (rouge en grec) que tout peut brûler et incinérer. Cela constituerait une menace extrême pour la survie de l’humanité et du système vital.

La science aide à prévenir l’arrivée d’événements extrêmes et à atténuer leurs dégâts. Mais cela ne suffit pas. Nous avons besoin d’une nouvelle éthique et d’une autre spiritualité de la Terre qui nous inciteront à trouver une manière plus bienveillante et bienveillante d’être ici. Il se peut donc que la Terre veuille encore de nous sur son sol. Autrement, nous pourrions disparaître, ou une grande partie de l’humanité.

Cela ne représente certainement pas la volonté du Créateur ni le but de l’humanité. À la limite d’un danger extrême, nous sommes invités à changer. Nous inaugurerions une autre direction et ainsi nous sauverions la vie sur la Terre Mère et nous nous sauverions tous avec elle.

Nous n'avons pas beaucoup de temps. Il est urgent de commencer dès maintenant, chacun réalisant sa révolution moléculaire là où il vit ou travaille. En unissant toutes nos forces, nous franchirons le pas nécessaire pour mériter de rester sur cette belle et extrêmement riche planète, notre seule maison commune.

*Léonard Boff est écologiste, philosophe et écrivain. Auteur, entre autres livres, de Prendre soin de notre maison commune : des indices pour retarder la fin du monde (Vozes) [https://amzn.to/3zR83dw]


la terre est ronde il y a merci à nos lecteurs et sympathisants.
Aidez-nous à faire perdurer cette idée.
CONTRIBUER

Voir tous les articles de

10 LES PLUS LUS AU COURS DES 7 DERNIERS JOURS

Voir tous les articles de

CHERCHER

Recherche

SUJETS

NOUVELLES PUBLICATIONS