Un meurtre planifié

whatsApp
Facebook
Twitter
Instagram
Telegram

Par CLAUDIO KATZ*

Les conséquences de la tragédie palestinienne et la soumission de la justice au blanchiment des crimes d'Israël

Les bombardements israéliens sur Gaza constituent l'un des plus grands crimes de l'histoire contemporaine. Ils comprennent des hôpitaux, des écoles et des camps de réfugiés. Ils utilisent des armes inconnues qui font fondre la peau, provoquent des brûlures et empêchent de soigner les blessés. Les patients sont également opérés sans anesthésie des conséquences atroces du phosphore blanc.

Il n'y a plus de pain, il reste très peu d'eau et l'odeur de la mort s'est propagée aux innombrables victimes gisant sous les décombres. Parmi les 11.000 3.000 décès enregistrés jusqu’à présent, on compte plus de XNUMX XNUMX enfants. Toutes les quinze minutes, un mineur est assassiné, et de nombreux enfants écrivent leur nom sur leurs mains, pour pouvoir être identifiés si les bombes déchirent leurs corps.

La tragédie est aggravée par le blocage des camions transportant l'aide humanitaire. Ils n’accèdent que progressivement à l’épicentre du massacre. La majorité de la population survit en plein air, sans nourriture ni soins. Ils prient pour que le prochain missile ne leur tombe pas sur la tête.

Israël commet des assassinats planifiés en toute impunité. Annoncez l’emplacement des tirs d’armes avant le début de chaque attaque. Mettre en œuvre des sanctions contre la population civile, comme d’autres puissances belligérantes l’ont fait contre des multitudes sans défense. Elle répète à Gaza les souffrances endurées par les Allemands à Dresde et les Japonais à Hiroshima. Ces représailles sauvages contre des villes transformées en champs de tir étaient aussi la norme pour tous les colonialistes.

Mais ce qui suscite le plus d’indignation, c’est le double standard de la couverture médiatique principale. Dans ces émissions, la vie d’un enfant israélien a une valeur incalculable et la survie d’un enfant palestinien n’a aucune importance.

Gaza s’est transformée en un immense laboratoire de fausses nouvelles. Ces mensonges concernent ce qui s’est passé pendant l’opération du Hamas. Ils cachent la condition militaire d’une grande partie des Israéliens tués et le fait qu’il n’y a eu ni viol ni décapitation d’innocents. Des tirs amis de l’armée sioniste elle-même auraient entraîné un nombre élevé de morts.

L’ampleur de cette désinformation s’ajoute au nombre scandaleux de journalistes palestiniens assassinés. Il suffit de rappeler les massacres perpétrés dans le passé à Sabra, Chatila, Jénine ou Deir Yassin pour renforcer la crédibilité des rapports sur les atrocités actuelles.

L'invasion de Gaza est la quatrième depuis 2006 et prolonge la Nakba subies par les Palestiniens. Cette population souffre de l'expulsion systématique de ses terres par un occupant colonial. L'objectif de la spoliation est de vider toute la zone de ses habitants d'origine, pour les remplacer par des immigrants d'origine juive. Les maisons de 5,5 millions de réfugiés étaient occupées par des familles étrangères, qui ont immédiatement obtenu la citoyenneté israélienne.

Il suffit de regarder les cartes successives du pays (1948, 1973, 2001, 2021) pour constater l’impressionnante expansion de son territoire. Depuis le milieu du XXe siècle, le projet colonialiste s’est développé méthodiquement dans trois domaines distincts.

La première est la Cisjordanie. Au cours des deux dernières décennies, 650.000 XNUMX colons se sont appropriés l’eau et les meilleures terres agricoles. Ils ont renforcé cette expropriation par la construction d’un réseau complexe de murs, fragmentant les communautés palestiniennes en petites îles incommunicables. L’objectif est d’annexer toute la région, en confinant ceux qui n’y échappent pas dans un statut similaire à celui des Indiens des réserves frontalières américaines.

La deuxième victime de la spoliation, ce sont les Arabes israéliens, soumis à une l'apartheid interne très similaire à l’antécédent sud-africain. Ils constituent une minorité sans droits, qui affronte quotidiennement l’hostilité de leurs puissants oppresseurs, sans armes.

Dans le troisième segment de l’agression sioniste, le nettoyage ethnique prévaut. À Gaza, un génocide minutieux est en cours, qui a transformé ce territoire en camp de concentration à ciel ouvert. Les victimes du massacre ont été privées de tout refuge alternatif.

Ne parvenant pas à les expulser de son minuscule territoire, Israël a choisi de les achever par des bombardements. Faites précéder ces attaques d’annonces de carnage, sachant que les habitants locaux ont bloqué leurs sorties à travers les deux frontières. Les avertissements d’évacuation sont en fait une simple condamnation à mort.

Ingéniosité, héroïsme et évaluation politique

L'opération réussie du Hamas a introduit une nouvelle tournure choquante dans la séquence dramatique de meurtres que les Palestiniens ont endurés. La surprise générée par cette incursion a largement dépassé la consternation provoquée par la guerre du Kippour. Par une opération spectaculaire, le Hamas a détruit l'image d'Israël en tant que puissance invulnérable.

La capacité de dissuasion de l’appareil militaire sioniste a été sérieusement affectée par l’exploit des brigades palestiniennes. Ils ont traversé la frontière et neutralisé une barrière informatique sophistiquée qui a coûté 1 milliard de dollars avec de simples drones. Le Hamas a humilié une armée qui se croyait invincible et, pour la première fois depuis des décennies, a atteint une certaine parité initiale de pertes dans les affrontements avec son ennemi.

Les assaillants ont atteint l'objectif principal de leur opération, qui était de capturer des otages pour négocier la libération des prisonniers palestiniens. Cet exploit a déclenché des célébrations massives dans le monde arabe. Cela a également généré une grande reconnaissance pour la nouvelle génération de combattants qui ont émergé en Cisjordanie, sur les cendres de l’Autorité nationale palestinienne (ANP) discréditée. Pendant un bref instant, David a vaincu Goliath et a réveillé le souvenir d’autres exploits admirables de l’anticolonialisme (comme l’offensive vietnamienne du Têt).

La presse occidentale tente de cacher le succès de l'incroyable action du Hamas. Ses miliciens ont désactivé les caméras de surveillance grâce à de nouvelles tactiques de distraction et ont utilisé des parapentes propulsés par des ventilateurs pour attaquer les postes militaires. Ce dispositif complète l'amélioration de la formation et l'amélioration des tunnels.

La résistance a fait appel à la violence qu’Israël a établie comme norme à Gaza. De nombreux jeunes Palestiniens, qui ne peuvent plus vivre enfermés dans leur minuscule refuge, ont choisi de mourir dans une opération héroïque.

Le Hamas n'a pas improvisé son incursion et a attaqué, estimant que l'établissement de relations diplomatiques entre Israël et l'Arabie Saoudite conduisait à la consolidation définitive de l'occupation sioniste. Il lance son opération courageuse pour détruire cette consécration de la domination coloniale.

Des aventures qui menacent la contre-offensive impériale

Israël espère neutraliser le Hamas, avec la même recette qu’il a utilisée pour contenir l’ANP en Cisjordanie et la communauté arabo-israélienne sur son territoire. Mais reste à savoir s’il parviendra à briser la résistance montée par son adversaire en territoire aussi hostile. Il a échoué lors de ses précédentes tentatives et a dû expulser les colons qu'il avait placés dans la zone.

Les sionistes tentent de précipiter une nouvelle Nakba en Egypte, mais les Palestiniens refusent d'y ajouter le statut de réfugié. Le Caire résiste également à ce déplacement, se souvenant de la fracture nationale générée par ces vagues en Jordanie et au Liban.

Netanyahu est également confronté au dilemme majeur des otages. Jusqu'à présent, il s'est montré impitoyable et ses bombardements ont entraîné la mort de 50 otages. Son objectif est d’éviter une répétition de l’échec dévastateur qu’il a connu dans la bataille contre le Hezbollah en 2006. De nombreuses voix critiques mettent en garde Tel Aviv contre un potentiel bourbier à Gaza.

Il existe un plan alternatif au massacre généralisé de Benjamin Netanyahu. Elle est dirigée par Joe Biden, plusieurs dictateurs et monarques du monde arabe et les libéraux d’Israël (Barak) avec la complicité de l’ANP (Abbas). Ils promeuvent le remplacement obligatoire du Hamas par un gouvernement fantôme qui perpétue le statu quo.

Mais le rejet de cette solution par la droite israélienne tend à accroître la crise jusqu’à un niveau explosif. Cette opposition à tout compromis avec les voisins est une conséquence du tournant réactionnaire qui a généré l’avancée colonisatrice d’Israël en Cisjordanie. Les occupants de cette région se sont forgés une base sociale fasciste, spécialisée dans pogroms contre les Palestiniens. Ils aspirent à construire un État juif religieux très similaire aux théocraties islamiques.

Ce projet ultra-régressif repose sur la déshumanisation structurelle imposée par le service militaire prolongé. Cette conscription endoctrine et discipline la population dans un dispositif criminel. La primauté de l’armée est également alimentée par une économie militaire rentable et informatisée.

Grâce à ces piliers, l’extrême droite a gagné le soutien nationaliste des Juifs orientaux, au détriment de la tradition laïque du sionisme libéral. C’est le soutien qu’utilise Benjamin Netanyahu pour tenter de réformer le système judiciaire afin de forger un gouvernement autoritaire.

Mais les immenses manifestations de rue que cet essai a déjà provoquées anticipent la reprise des affrontements internes, qui ont conduit à l'assassinat de Rabin il y a plusieurs décennies. Si ce conflit refait surface avec une plus grande intensité, il pourrait générer les mêmes crises avec les colons que celles auxquelles d’autres gouvernements occidentaux ont été confrontés. L'affrontement virulent de De Gaulle avec les ultra-droitiers de l'OEA – lors de l'indépendance de l'Algérie – est un précurseur du conflit qui mûrit en Israël.

La crise de Gaza est déjà devenue un problème géopolitique qui fait obstacle à la contre-offensive impériale de Joe Biden en Ukraine et en mer de Chine. Cela érode également les accords d’Abraham, qui ont permis à Israël d’établir des relations diplomatiques avec plusieurs gouvernements arabes. Le plus problématique pour Washington est l’éloignement des Saoudiens, car cela renforce l’approche de la monarchie pétrolière des BRICS, son flirt avec la Chine et son évaluation des projets favorisant la dédollarisation de l’économie mondiale.

Les massacres à Gaza menacent également l'alignement de l'Égypte sur les États-Unis et bloquent les projets de répétition de l'opération menée en Irak en Syrie. L’agression israélienne ressuscite également la tentative de Donald Trump et Benjamin Netanyahu d’empêcher par la force la conversion de l’Iran en puissance nucléaire. Tel Aviv est déterminé à empêcher toute remise en cause de son monopole atomique régional. L’extrême droite mondiale – qui idolâtre Israël – attend les prochaines actions d’un dirigeant qui bouleverse la géopolitique mondiale.

Civils, otages et comparaisons

L’opération du Hamas était une tentative légitime d’éroder la prison qu’Israël a construite autour de Gaza. Il a exercé son droit à la résistance armée, surmontant la résignation qui prévaut au sein de l'ANP.

Cette attitude courageuse a suscité d’innombrables controverses au sein du progressisme et à gauche, dont la clarification nécessite de rappeler avant tout qu’Israël est un État terroriste responsable d’innombrables crimes. Au contraire, le Hamas agit comme une organisation politico-militaire de la résistance palestinienne et ne présente pas les caractéristiques qui pourraient le placer dans le monde du terrorisme. Sa méthodologie empêche les attaques délibérées contre des civils et limite les sacrifices individuels des kamikazes, qui s'autodétruisent à proximité de l'ennemi.

Le Hamas bénéficie d'un soutien massif de la population et a confirmé sa primauté lors des élections. Il n'agit pas seul. Leur incursion spectaculaire a été accompagnée par d’autres organisations (Djihad, FPLP, FDLP) qui ont publiquement soutenu l’opération. Cet ensemble de preuves confirme la branche du Hamas parmi les habitants de Gaza et rend ridicule sa comparaison avec Ben Laden.

Avec son opération à la frontière, il cherchait à prendre des otages pour faciliter un échange de prisonniers. Il n’y a rien d’original ni de nouveau dans cette pratique habituelle de la guerre. Le Hamas a immédiatement proposé l'échange de prisonniers, rappelant qu'à ce jour 38 accords de ce type ont été conclus.

Assimiler le Hamas à Benjamin Netanyahu est une erreur fréquente commise par certains représentants du progressisme. Elle reprend l’idée fausse des « deux démons », oubliant l’abîme qui sépare un oppresseur d’un opprimé, et un État colonialiste d’un peuple dépossédé. Il n’est pas vrai que les deux parties ont le même droit de défense, puisque l’une d’elles agit comme un attaquant. Il n’y a pas d’équivalence à Gaza entre bourreaux et victimes, ni de parité en Cisjordanie entre gardiens de prison et prisonniers.

Dans d’autres évaluations, la similitude entre les résistants palestiniens et la droite israélienne est justifiée par l’indication que les deux parties optent pour la violence au détriment d’une solution politique. Mais on omet de dire que le Hamas accepte la solution à deux États, que les gouvernements israéliens ont dispersée pour forcer l’annexion de la Cisjordanie.

On doute également que le Hamas mène des opérations militaires contre des civils, ignorant la différence abyssale qui le sépare d’Israël à cet égard. Le nombre de victimes innocentes causées par les miliciens palestiniens est insignifiant comparé aux massacres perpétrés par l’État sioniste. De plus, la division entre civils et militaires est très mince en Israël, compte tenu de la militarisation générale de la population et du rôle meurtrier des colons qui assument simultanément les deux profils.

Certains penseurs rappellent également que le Hamas est une branche des Frères musulmans et qu'il agit comme une organisation religieuse fondamentaliste, promouvant des projets nuisibles au désir d'égalité ou de démocratie. Cela est vrai et contribue à nous rappeler les effets néfastes des politiques confessionnelles qui divisent les opprimés. Cette voie pourrait conduire à la formation d’États théocratiques et réactionnaires, comme c’est le cas en Iran, mais il ne faut pas passer sous silence les conséquences régressives d’une marque qui ronge tant de sociétés dans le monde arabe.

Mais le profil négatif du Hamas n’altère en rien la légitimité de sa résistance anticoloniale. C'est l'une des principales organisations palestiniennes confrontées à l'oppression sioniste. Pour revenir à une comparaison souvent évoquée (mais peu conceptualisée), les activités du ghetto de Varsovie impliquaient des sionistes, des socialistes, des religieux et des non-partisans. Cette diversité de militants partageait le même héroïsme et l’appartenance de chaque résistant n’était pas pertinente dans la lutte contre les nazis. Le même constat s’étend aujourd’hui à tous les courants de l’univers palestinien.

Certains penseurs louent le courage du Hamas, mais remettent en question l'efficacité de ses actions. Ils considèrent qu’il est inutile de poursuivre une action armée contre un ennemi aussi puissant qu’Israël. Ils comprennent que la supériorité militaire sioniste est écrasante et que tout défi sur le terrain de la guerre est voué à l’échec. Il est intéressant de noter qu’ils n’étendent pas ces contrastes à d’autres conflits en cours (comme en Ukraine) et omettent qu’Israël ait été vaincu à certaines occasions (par exemple au Liban).

En fait, il est très difficile de dire a priori quelles batailles ont la possibilité de réussir et lesquelles se révéleront être des paris perdants. Peu de voix prédisaient les étonnantes victoires qui changeraient le cours de l’histoire contemporaine. Les dirigeants du Hamas eux-mêmes sont conscients des difficultés auxquelles ils sont confrontés, mais rappelez-vous que personne ne choisit les conditions dans lesquelles il doit combattre. Ils soulignent également les énormes sacrifices consentis par les Soviétiques contre les nazis, par les Vietnamiens contre les marines et des Algériens contre les troupes françaises comme précédents pour leur propre action.

La stratégie consistant à remplacer la lutte armée par des mobilisations, des grèves et des piquets de grève est également mise en avant, afin de parvenir à une convergence avec les travailleurs israéliens, dans une action commune contre les oppresseurs dans toute la région.

Mais cette convergence – exprimée dans les termes habituels de l’internationalisme de gauche – se heurte, dans ce cas, à de sérieux obstacles. Israël est déjà une nation avec ses propres singularités et droits, mais elle repose sur un programme sioniste qui fait obstacle à la convergence des peuples opprimés de différentes communautés. Cette confluence est nécessaire et possible, mais elle n’est qu’un ingrédient de la lutte anticoloniale palestinienne. Le succès de cette bataille nécessite des défaites militaires qui neutralisent l’expansionnisme israélien.

Campagnes, exemples et priorités

Très peu d’événements ont l’impact mondial de ce qui s’est passé à Gaza. Il existe une grande sensibilité à la cause palestinienne partout dans le monde. C’est un drapeau qui recrée la polarisation politique entre la gauche et la droite et pousse les gens à faire des déclarations sans équivoque.

Les manifestations de rue en faveur des deux camps se multiplient, créant une variété inhabituelle de scénarios. Le mouvement syndical britannique s’est effondré au milieu de gigantesques mobilisations, le gouvernement français a validé les marches sionistes et interdit leur homologue palestinienne. Mais la solidarité avec Gaza gagne des partisans partout, et les dockers de nombreux ports ont refusé de charger du matériel de guerre pour Israël.

Il est également surprenant qu’aux États-Unis, une partie croissante de la communauté juive descende dans la rue pour exiger que les crimes d’Israël ne soient pas commis en « notre nom ». Des artistes et intellectuels reconnus joignent leurs voix à la demande d’un cessez-le-feu, et la campagne visant à instaurer un boycott des universitaires des institutions israéliennes s’intensifie.

Les demandes immédiates sont très précises. La fin immédiate des bombardements, l'entrée sans restriction de l'aide humanitaire et la protection de la population civile par l'ONU. Ces revendications alimentent la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) contre le régime sioniste, promue par de nombreuses organisations internationales.

De telles actions constituent également une réponse à la demande unilatérale de libération des otages détenus par le Hamas, sans envisager l'échange de prisonniers correspondant. Il est totalement biaisé d’appeler à la pacification d’un côté, en ignorant l’autre côté. Israël maintient d’innombrables civils emprisonnés dans le cadre de procès truqués et les mauvais traitements infligés aux mineurs palestiniens dépassent tout ce que l’on connaît.

Le conflit en cours relance également le débat sur les solutions à long terme au principal conflit du Moyen-Orient. Le contrepoint entre la formule des deux États et la proposition d’un État réapparaît, sans qu’il n’y ait d’horizon pour la mise en œuvre d’aucune de ces options. L’attente de deux États a été détruite par le renforcement de la colonisation après la pantomime d’Oslo. Mais la possibilité d’une éventuelle coexistence entre les deux nations n’est pas exclue si, à un moment donné, Israël revient aux frontières de 1967, accompagné d’une certaine forme de retour des réfugiés.

La perspective opposée, celle d’un État unique, démocratique et laïc – qui reprend le vieux drapeau de l’OLP et imite le modèle sud-africain – est la meilleure. Mais sa viabilité reste une inconnue persistante. Pour le moment, la seule chose qui est sûre est que la création des deux solutions implique la résistance active du peuple palestinien. Le droit de mener cette bataille par tous les moyens est le principe directeur de tout scénario progressiste pour le Moyen-Orient.

Amérique latine et Argentine

En Amérique latine, il existe la même tension que partout ailleurs dans le monde, entre manifestants pour et contre la cause palestinienne. Mais les définitions de certains gouvernements ont un impact en dehors de la région. La décision de la Bolivie de rompre ses relations diplomatiques avec Israël est le meilleur exemple du comportement à adopter. C’est une attitude qui rejoint celle de Cuba, du Venezuela et du Nicaragua.

Cette position drastique ouvre la voie à l’isolement d’un régime criminel, en recréant la campagne qui a contribué à démolir le régime. l'apartheid Sud africain. L’oppression de la minorité blanche sur la majorité noire en Afrique australe n’a pas été brisée par de simples déclarations de l’ONU. Ô l'apartheid a été enterrée par des actions de confrontation explicite qui ont laissé les racistes dans une solitude globale totale. Répéter cette formule contre le régime sioniste est le moyen le plus efficace de renforcer la lutte palestinienne.

Toujours en Colombie, Gustavo Petro a fait preuve de dignité en suspendant ses relations avec Israël et en ouvrant une ambassade à Ramallah. Il est bien conscient de la participation active des gendarmes sionistes aux tueries perpétrées par les paramilitaires de l'Uribismo. Au contraire, Gabriel Boric a oublié comment des mercenaires israéliens entraînaient des gendarmes chiliens à tirer dans les yeux, lors du soulèvement de 2019. AMLO et Lula apportent des ingrédients d’un autre genre à la table, en se postulant comme médiateurs d’un cessez-le-feu.

Pour de nombreuses raisons, l'Argentine est le principal acteur de la région dans le conflit du Moyen-Orient. Ce n’est pas un hasard si c’est le pays qui compte le plus d’otages étrangers détenus par le Hamas. La proportion d'immigrés d'origine juive en provenance du Cône Sud est élevée (même dans les zones frontalières).

Depuis le ménémisme, l'Argentine est étroitement liée aux différentes vicissitudes de la confrontation d'Israël avec ses voisins. C'est pourquoi Buenos Aires a été l'épicentre tragique des attaques contre l'ambassade et l'AMIA. Au cours des dernières décennies, la droite sioniste a atteint un degré d'influence sans précédent sur la politique du pays, grâce à de nombreuses personnalités. Le macrisme est son principal allié et a facilité la pénétration du Mossad dans tous les réseaux des services de renseignement. Le trafic d’armes est un domaine de grande association entre les gendarmes et les capitalistes israéliens et argentins.

Cette intensité des relations avec Tel-Aviv a refait surface, avec les déclarations du établissement en faveur d'Israël. Ce favoritisme s’étend à la couverture médiatique biaisée des événements à Gaza. Il y a un peloton de correspondants d’un côté et une désinformation totale sur ce qui se passe dans le camp opposé. Les PRO de droite ont augmenté la mise et exigent la criminalisation des voix en faveur de la Palestine. Ils exigent que les défenseurs de cette cause soient sanctionnés par des accusations de terrorisme devant les tribunaux.

Mais le plus scandaleux est la soumission de la justice au blanchiment des crimes d'Israël. Le gouvernement d'Alberto Fernández connaît son habituelle indétermination, mais Sergio Massa soutient sans ambiguïté les responsables du massacre en cours. Il a été le plus catégorique dans sa condamnation du Hamas lors des débats présidentiels et participe aux réunions de la DAIA (Délégation des associations argentines israéliennes) pour répéter le scénario du sionisme. Dans ce domaine, il n'est pas différent de Javier Milei.

Heureusement, la réponse du camp adverse se renforce chaque jour. Cette réaction est clairement visible dans la participation à des marches organisées par des groupes d'origine arabe, aux côtés du progressisme et de la gauche. Une partie croissante de la société est en phase avec la cause palestinienne et exprime son admiration pour la résistance héroïque d'une population qui se défend comme elle peut. Si cette extraordinaire volonté de combattre s’accompagne d’une solidarité mondiale, tôt ou tard la Palestine gagnera.

* Claudio Katz est professeur d'économie à l'Université de Buenos Aires. Auteur, entre autres livres, de Néolibéralisme, néodéveloppementalisme, socialisme (Expression populaire) [https://amzn.to/3E1QoOD].

Traduction: Fernando Lima das Neves.


la terre est ronde existe grâce à nos lecteurs et sympathisants.
Aidez-nous à faire perdurer cette idée.
CONTRIBUER

Voir tous les articles de

10 LES PLUS LUS AU COURS DES 7 DERNIERS JOURS

Voir tous les articles de

CHERCHER

Recherche

SUJETS

NOUVELLES PUBLICATIONS

Inscrivez-vous à notre newsletter !
Recevoir un résumé des articles

directement à votre email!